Livre X - Lettres 30 et 31


PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN

Je vous supplie, seigneur, de m'expliquer vos intentions sur un doute qui m'est venu dans l'esprit. Je ne sais si je dois faire garder les prisons, ou par des soldats, ou, comme on l'a pratiqué jusqu'ici, par des esclaves publics. Je crains qu'elles ne soient pas assez sûrement gardées par des esclaves, et que ce soin n'embarrasse un assez grand nombre de soldats. Cependant j'ai renforcé de quelques soldats la garde ordinaire des esclaves publics ; mais je m'aperçois que cette précaution a ses inconvénients ; qu'elle leur peut être une occasion de se négliger tous, dans l'espérance que les uns auront pouvoir de rejeter sur les autres une faute commune.

TRAJAN A PLINE

Il n'est pas nécessaire d'employer les soldats à la garde des prisons. Tenons-nous en à l'usage toujours observé dans cette province, d'en confier le soin à des esclaves publics. C'est à votre prudence et à votre sévérité à faire en sorte qu'ils s'en acquittent fidèlement : car il est surtout à craindre, comme vous me le mandez, que si on les mêle ensemble, ils ne s'en reposent les uns sur les autres, et n'en deviennent plus négligents. Mais souvenonsnous encore que le moins de soldats qu'on peut éloigner de leurs drapeaux est le mieux.

© Agnès Vinas

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