Livre X - Lettres 62 et 63


PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN

Je crains, seigneur, que les deniers publics que j'ai déjà fait recouvrer par vos ordres, et que l'on recouvre encore actuellement, ne demeurent oisifs. On ne trouve pas d'occasion d'acheter des héritages, et l'on trouve encore moins de personnes qui veuillent devoir à une république, principalement pour lui payer des intérêts à douze pour cent par an, et sur le même pied qu'aux particuliers. Examinez donc, Seigneur, s'il serait à propos de les prêter à un intérêt plus bas, et d'inviter par là des débiteurs solvables à les prendre ; ou si, au cas qu'avec cette facilité même on ne puisse en trouver, il ne faudrait point obliger les décurions à s'en charger chacun pour leur part, sous bonne et suffisante caution. Quelque fâcheux qu'il soit de les contraindre, il le sera toujours moins quand l'intérêt sera plus modique.

TRAJAN A PLINE

Je ne vois non plus que vous, mon très cher Pline, d'autre remède que de baisser les intérêts, pour trouver à placer plus aisément les deniers publics. Vous en réglerez le cours sur le nombre de ceux qui se présenteront pour les demander. Mais il ne convient pas à la justice de mes maximes que l'on force quelqu'un d'emprunter ce qui lui sera peut-être inutile.

© Agnès Vinas

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