RORARII

Corps de l'armée romaine, qui faisait partie de la levis armatura, ou soldats armés à la légère. On rangeait les rorarii dans la troisième ligne derrière les triarii, entre eux et les accensi (Liv. VIII, 8 ; cf Plaut. Fragm. ap. Varr. L.L. VII, 58). Leur tâche était de se jeter en avant, quand l'occasion s'en présentait, et de faire sur les colonnes de l'ennemi des attaques aussi vives qu'irrégulières, en les accablant de traits qu'ils leur lançaient au milieu des rangs de la première et de la seconde ligne de l'infanterie légionnaire (Liv. VIII, 9). Il est assez probable que ce nom venait de rores, gouttes de pluie, comme le disent les grammairiens (Varro, l.c. ; Festus, s.v. ; Non. s.v.) ; mais il ne ressort pas du tout de là, comme ces auteurs et, à leur exemple, les grammairiens modernes l'ont inféré, que ce nom ait été donné à ces troupes parce qu'elles commençaient l'action par une pluie de traits analogie aux gouttes qui précèdent un orage ; car c'était là l'emploi propre des ferentarii, qui, dans ce but, étaient commodément placés sur les ailes, tandis que le poste d'arrière-garde qu'occupaient les rorarii ne se serait guère prêté à de telles fonctions ; rores, ce sont aussi bien les gouttes de pluie qui tombent pendant qu'avant un orage. Le poste d'ailleurs que leur assigne Tite-Live, juste devant les accensi qui étaient classés les derniers dans l'armée, indique suffisamment qu'ils en étaient distincts, ainsi que les ferentarii, et qu'ils formaient une troupe à part, qui tenait, par le rang et par l'équipement, le milieu entre ces deux corps.

La figure ci-jointe, empruntée à la colonne Trajane, représente un soldat de l'armée impériale combattant, comme nous l'avons indiqué plus haut, entre deux légionnaires pesament armés. Quoiqu'on ne voie pas son arme, son attitude montre assez clairement qu'il est en train de lancer un trait. Des figures semblables se présentent dans deux autres parties de la colonne, avec des boucliers du même genre et équipées de la même manière, nues jusqu'à la ceinture, avec des pantalons courts (femoralia) et des bottines militaires (caligae).

Dans un des cas, elles sont mêlées à un corps de troupes de toutes armes, qui écoute une harangue de l'empereur ; dans l'autre, elles sont sur le champ de bataille, dispersées et combattant entre les rangs de la grosse infanterie, comme celle que nous avons représentée ici. Dans les premiers temps de Rome, ces soldats portaient sans aucun doute une jaquette, en place des pantalons que nous voyons, qui n'étaient pas alors connus, et qui ne commencèrent à être portés que sous les empereurs ; mais c'est là une légère différence qui n'altère en rien le caractère général de la figure : tandis que l'usage du bouclier et des traits, en même temps que la manière dont le reste du corps est exposé, s'accordent parfaitement avec le rang qu'occupaient ces hommes et le rôle qu'ils avaient à jouer, et marque d'ailleurs quelle différence il y avait entre eux, les ferentarii qui n'avaient pas de boucliers et absolument aucune arme défensive, et les accensi, qui n'avaient d'autre arme offensive que celles que pouvait leur fournir la nature, que leurs poings, des bâtons, des pierres.