MORA (κνώδων, πτέρυξ)

  1. Dent en saillie ou barre transversale des deux côté du fer de lance qui armait les épieux de chasse ; elle était placée au-dessous de la pointe de ce fer, et fixée dans la virole ou dans le trou où venait s'enfoncer et s'adapter le manche de l'arme.
    C'était surtout pour la chasse au sanglier qu'on faisait usage de la mora : elle servait à empêcher la pointe de pénétrer trop avant dans le corps de l'animal, ce qui l'eût amené trop près du chasseur ; car le sanglier se précipitant avec une grande violence sur l'épieu tendu, le manche de l'arme, s'il n'eût été arrêté par un obstacle, eût suivi le fer et se fût enfoncé jusques aux mains de la personne qui le tenait (Grat. Cyneg. 110 ; Xen. Cyn. X, 3 et 16 ; Pollux, V, 22). Le dernier auteur cité établit une distinction entre κνώδων et πτέρυξ, distinction dont rendent compte d'une manière satisfaisante les deux spécimens ci-dessus, représentant tous deux des fers d'épieu d'après d'anciens monuments (Alstorp, de Hast., p. 179). Les deux pointes courbées comme des dents sont les κνώδωντες : les pointes droites qui s'élargissent à leurs extrémités, et qui ont un peu la forme d'ailes, sont les πτέρυγες ; mais, comme ces deux sortes d'appendices servaient au même usage et avaient pour but d'arrêter l'élan de l'animal, les écrivains latins les comprennent sous le même nom général de mora, c'est-à-dire littéralement, un délai, un obstacle.
  1. La barre transversale servant à protéger la partie de l'épée que tient la main et empêchant la lame de pénétrer plus avant : c'est ce que nous appelons la garde de l'épée. Le spécimen donné ici est emprunté au sarcophage d'Alexandre Sévère, à Rome (Sil. Ital. I, 515).
  1. Planche mince fixée dans un sens horizontal au bas d'attelles entre lesquelles est serrée une jambe cassée, afin de supporter le pied et de maintenir l'appareil en place (Cels. VIII, 10, 5).

Illustration complémentaire

Mosaïque représentant un bestiaire
Musée du Vatican (Rome), 2001

© Agnès Vinas