PILUM (κόπανον)

  1. Grand et lourd pilon servant à écraser et à pulvériser des matières dans un mortier profond, pila (Cato, RR. 10 ; Plin. H.N. XVIII, 23). On le tenait des deux mains, et la manière de s'en servir était de le faire tomber verticalement dans le mortier avec force et à coups pressés ; aussi, quand les Latins parlent de cette opération, emploient-ils les mots tundere (Pallad. 4, 41, 2), contundere (Ib. 3); tandis que le pilon ordinaire (pistillum) était manié avec une seule main, et qu'on le faisait tourner tout autour du mortier (mortarium) avec un mouvement qui avait plutôt pour résultat de pétrir et de mêler en une pâte des substances différentes, que de les écraser ; mais la distinction entre ces deux mots n'est pas toujours observée.
  1. (ὑσσός). Le pilum, arme nationale de l'infanterie romaine. C'était une arme très redoutable, servant surtout comme arme de jet, mais employée aussi comme pique pour charger l'ennemi quand l'occasion le demandait, et, quoique plus courte que la lance, armée d'un fer plus fort et plus large. Il semble qu'elle ait varié un peu de longueur aux différentes époques, la moyenne étant environ 1m 905, de l'extrémité du fer à celle du bois. Le bois était de la même longueur que le fer ; le fer, dans les deux tiers de sa longueur, était creux ; le manche y entrait, solidement fixé par des clous, et il restait au bout, comme pointe, environ 0m 22 de métal massif (Liv. IX, 19 ; Flor. II, 7, 9 ; Veg. Mil. II, 15 ; Sil. Ital. XIII, 308 ; Polyb. VI, 23 ; I, 40).

    Il est remarquable qu'il ne soit parvenu jusqu'à nous aucun spécimen authentique de cette arme nationale, que les fouilles n'en aient pas mis au jour, qu'on n'en ait pas de représentation artistique au moyen de laquelle on puisse en faire comprendre la forme par une image. Mais, comme la pointe du pilum était en fer, substance qui, sous terre, s'oxyde et se mange rapidement, quand on trouve des armes de ce genre, elles sont toujours si rongées et si défigurées par la rouille qu'il est impossible d'en reconnaître le caractère et la forme primitive. Puis, les figures qui couvrent les colonnes et les arcs de triomphe, qui remplissent les bas-reliefs où sont figurées des scènes militaires, représentent le plus souvent des officiers, non de simples soldats, et par conséquent ne donnent pas de spécimens du pilum ; ou, si les simples soldats sont mis en évidence, on les voit occupés à des travaux manuels, à abattre du bois, à ramasser du fourrage, à transporter des provisions, à élever des palissades et des ouvrages de campagne, occupations qui toutes rendaient impossible à l'artiste, quand même il l'eût voulu, d'introduire dans la scène des armes offensives. De plus, l'effet désagréable qu'aurait produit une forêt de lignes droites, la difficulté pour le sculpteur de représenter de tels objets avec le marbre ou le bronze, enfin la fragilité de ces détails mis en relief, firent adopter aux anciens sculpteurs l'habitude systématique et raisonnée de ne point exprimer dans leurs oeuvres cette sorte d'accessoires, et de se contenter de faire comprendre l'action, de manière que toute méprise fût impossible, par la vivacité et la vérité des attitudes et des gestes. Ces raisons justifieront l'absence de toute gravure à cet article : ce qui, sans ces explications, aurait pu paraître, en un sujet aussi important, une impardonnable omission. Mais on peut croire que l'instrument tenu à la main par la figure d'homme que représente la dernière gravure ressemblait fort au pilum du soldat romain et en donne une idée approximative : c'est, on peut le remarquer, la même forme carrée au sommet ; c'est, entre le manche et la tète de l'instrument, la même proportion, rapports qui feront comprendre pourquoi le même nom désignait les deux objets.