SCEPTRUM (σκῆπτρον)

  1. A parler rigoureusement, c'est un mot grec, en place duquel les Romains employaient très souvent un autre mot dérivé de la même racine, scipio, quoique tous les deux aient un sens à peu près identique.
Le sceptre primitif était un long bâton, semblable au bois d'une lance (Justin. XLIII, 3), fait d'un jeune arbre coupé à la racine (Virg. Aen. XII, 206), qui, dans une haute antiquité, servait à s'appuyer en marchant, tandis que sa longeur imposante donnait un air d'importance à la personne qui le portait, comme le montre bien la gravure ci-jointe, qui, d'après un bas-relief de travail grec, représente Agamemnon avec un des bâtons dont nous venons de parler.
  1. Sceptre, emblème de l'autorité royale (Cic. Sext. 57) ; attribué par conséquent à Jupiter (Suet. Aug. 94), à Junon, aux rois, aux acteurs qui les représentaient sur la scène (Plin. H.N. XXXVII, 6). Ce n'était, dans sa forme primitive, qu'un long bâton, comme le précédent, qui fut ensuite converti en insigne de dignité par l'addition d'un ornement en forme de croix qui le terminait à son extrémité supérieure, comme on le voit dans la figure ci-jointe, qui représente Latinus d'après le Virgile du Vatican.

  1. Sceptrum eburneum. Sceptre d'ivoire, particulièrement le sceptre royal qu'introduisirent à Rome les rois de la dynastie étrusque, et que s'approprièrent postérieurement les consuls de la république (Serv. ad Virg. Aen. XI, 238). Il était bien plus court que le sceptre grec primitif, comme le montre la figure ci-jointe, d'après une pierre gravée qui représente Porsenna assis sur son tribunal et jugeant Mucius Scevola ; c'est ce que l'on désigne d'ordinaire par le mot latin scipio, plutôt que par le mot tout grec de sceptrum (Liv. V, 41 ; Val. Max. IV, 4, 5).
  1. Sceptrum Augusti (Suet. Gal. 1). Le sceptre impérial et triomphal, qui n'était pas identique avec le sceptre royal et consulaire, mais que décorait à son sommet (Juv. X, 43) une figure d'aigle, et que portaient, pendant la période républicaine, les généraux victorieux, dans la cérémonie de leur triomphe, et sous l'empire les empereurs, toutes les fois qu'ils étaient en grand costume, comme le montre la gravure, qui représente l'empereur Antonin, d'après la base de la colonne élevée en son honneur.

Illustration complémentaire

Antonin le Pieux tient le sceptrum Augusti
Bas-relief de l'Apothéose
Piédestal de la colonne Antonine, après 161 apr.JC
Cortile della Pinacotheca, Musée du Vatican (Rome), 2001

© Agnès Vinas