VIRGA (ῥάβδος)

Proprement, branche verte (Varro, R.R. I, 59, 4) ; s'applique par suite à différents objets qui sont faits d'une longue branche droite coupée à l'arbre, comme chez nous une baguette, houssine ou badine. Parmi ces sens particuliers du mot, voici les plus curieux :

  1. Cravache, pour monter à cheval (Mart. IX, 23), ou pour conduire (Juv. III, 317), mince et flexible, sans lanière au bout, comme on le voit dans la figure ci-dessous, empruntée à un vase peint.
  1. Verge ou canne pour châtier les enfants à l'école (Juv. III, 210), ou pour porter à la main en marchant (Ov. Fast. II, 706), mais plus petite, plus légère que le bâton de voyage (baculum), comme on le voit dans la figure ci-contre, d'après une peinture de Pompéi, qui représente Ulysse. Les élégants, en Grèce au moins, la regardaient comme l'accompagnement indispensable de leurs promenades (Athen. XII, 26).
  1. Bâton que le licteur portait à la main droite pour faire ouvrir un passage à travers la foule au magistrat qu'il accompagnait, et frapper aux portes des maisons que celui-ci visitait (Liv. VI, 34 ; cf Mart. VIII, 66). Le specimen est emprunté à un bas-relief funéraire.
  1. Baguette que portaient pour se distinguer les personnages importants, comme par exemple, sur le théâtre, le poète auteur du drame et les principaux acteurs ; dans une bande d'ouvriers, le maître à qui elle appartenait, le contre-maître qui la dirigeait, toujours distingués l'un et l'autre dans les oeuvres d'art par cet insigne ; ou celui qui dresse ou instruit une troupe de gladiateurs, aussi toujours désigné à l'attention par cet emblème. C'est l'un de ces derniers individus que représente la figure ci-dessus, d'après une mosaïque romaine (Serv. ad Virg. Aen. IV, 242).
  1. Baguette magique, attribuée à Mercure (Hor. Od. I, 10, 18 ; Virg. Aen. IV, 242), et à Circé (Virg. Aen. VII, 190), qui s'en sert pour transformer les compagnons d'Ulysse en bêtes, ainsi que le représente la gravure d'après un bas-relief en marbre.
  1. Virgae, au pluriel, les verges de bouleau ou d'orme qui formaient les faisceaux du licteur et servaient à battre les criminels (Plin. H.N. XVI, 30 ; Cic. Verr. II, 5, 62). Voyez fascis, 2.
  1. Au pluriel, les baguettes sur lesquelles est étendue l'étoffe d'un parapluie ou d'une ombrelle (Ov. A. Am. II, 209).

Illustration complémentaire

Un maître corrige un de ses serviteurs maladroits
Mosaïque de la Grande Chasse
IV° s. après JC
Villa Casale, Piazza Armerina (Sicile), 2001

© Agnès Vinas