CAPITOLIUM

  1. Le Capitole ; une des sept collines de Rome, appelée dans l'origine Mons Saturnius, nom qui fut changé dans la suite en celui de Mons Tarpeius, par allusion à la jeune Tarpeia, tuée, disait-on, et ensevelie en cet endroit par les Sabins ; et enfin, pendant la période légendaire dont on a fait le règne de Tarquin le Superbe, devenu Mons Capitolinus ou Capitolium, parce qu'on croyait qu'une tête humaine (caput) y avait été trouvée tandis qu'on creusait les fondations pour le temple de Jupiter (Varro, L.L. V, 41, 42 ; Liv. I, 55). La colline était partagée en deux sommets séparés par un plateau : le sommet septentrional, le plus haut des deux, et sur lequel s'élève maintenant l'église d'Ara Coeli, convertie en forteresse, fut appelé arx ou citadelle ; le sommet méridional et plus bas, maintenant Monte Caprino, était occupé par le fameux temple du Capitole (Niebuhr, Hist. Rom. t.I, p.502 de la trad. anglaise).
  1. Le temple du Capitole ; construit par le dernier Tarquin sur le sommet méridional du mont Capitolin, en l'honneur des trois divinités principales de Rome, Jupiter, Junon et Minerve. Il comprenait trois sanctuaires distincts (cellae), parallèles l'un à l'autre et se terminant en un seul fronton. Le sanctuaire du milieu était consacré à Jupiter ; celui qui était à main gauche de la statue, c'est-à-dire à gauche du spectateur quand il faisait face à l'édifice, à Minerve, et l'autre à Junon. Le plan était un parallélogramme, de longueur et de largeur presque égales. Une triple rangée de colonnes supportait le fronton, et une double rangée formait une colonnade sur chacun des côtés. Le derrière du temple, qui n'était point tourné vers la ville, n'avait point de colonnade (Denys d'Halicarn. IV, 61).

    Le plan ci-contre est conforme à la description faite par Denys et destiné à donner une idée claire de la disposition intérieure de ce remarquable édifice, qui était construit sur un plan très différent de celui qu'adoptèrent ordinairement pour leurs édifices religieux les Grecs et les Romains. Il est vrai que le monument décrit par Denys était le temple existant de son temps, qui fut bâti par Sylla et dédié par Catullus ; mais l'histoire nous apprend que, par un sentiment de vénération religieuse, on respecta toujours le plan original (Tac. Hist. IV, 53).

    Quant à l'aspect extérieur de ce temple fameux, il ne reste maintenant que quelques blocs de larges pierres, qui formaient la substruction, et qui ne donnent qu'une idée bien imparfaite de sa splendeur première. Les représentations du Capitole qu'on trouve sur les monnaies, les médailles et les bas-reliefs, sont trop restreintes et trop imparfaites dans les détails pour qu'on puisse se faire une juste idée du caractère et de l'aspect de ce monument. La première construction fut certainement de l'ordre étrusque décrit par Vitruve ; car les architectes qui le bâtirent furent appelés d'Etrurie (Liv. I, 56). Quand le Capitole fut rebâti pour la première fois par Sylla, le seul changement qu'on fit fut de mettre à la place de l'ordre étrusque l'ordre corinthien, car les colonnes furent apportées du temple de Jupiter Olympien à Athènes (Plin. H.N. XXXVI, 5) : elles étaient de l'ordre corinthien, Vitruve le dit expressément (Prooem. VII, 7), et quelques unes subsistent encore comme un témoignage irrécusable.

Le même plan et le même ordre d'architecture furent encore conservés sous Vespasien (Tac. Hist. IV, 53) ; et aussi dans la quatrière reconstruction, due à Domitien, comme on le voit par la gravure ci-jointe, prise d'un bas-relief appartenant à l'arc de triomphe de Marc-Aurèle, où cet empereur est représenté faisant un sacrifice devant le temple du Capitole. Quoique la perspective réelle n'y soit pas fidèlement observée, on remarquera que les principaux traits caractéristiques sont suffisamment indiqués ; les colonnes d'ordre corinthien, et les trois sanctuaires séparés sous un même fronton, qu'on reconnaît à l'apparition inaccoutumée de trois portes d'entrée. Ceux qui vivent avec les oeuvres de l'antiquité savent fort bien que les anciens artistes, tant grecs que romains, adoptaient, comme une pratique constante de leur école, une certaine manière conventionnelle d'indiquer plutôt que de représenter les accessoires et les lieux où se passait une action ; ils ne tenaient pas à l'usage, maintenant en vigueur, de donner un dessin ou un tableau parfait du lieu et de la scène.

  1. Capitolium vetus. Le vieux Capitole, petit temple sur le mont Quirinal, dédié à Jupiter, à Junon et à Minerve, et dont on attribuait la construction à Numa. Le nom de vetus ne lui fut donné qu'après l'érection d'un temple beaucoup plus fameux sur la colline du Capitole. On adopta alors ce nom pour distinguer les deux édifices. Cette distinction est nettement marquée dans le vers suivant de Martial : Inde novum, veterem prospicis inde Jovem (Mart. Ep. VII, 73 ; id. V, 22 ; Varro, L.L. V, 158 ; Val. Max. IV, 4, 11).

Illustrations complémentaires

Vue d'ensemble du Capitole de Rome
Maquette de Gismondi, Musée de la Civilisation Romaine, EUR (Rome), 2001

© Agnès Vinas

Capitole de Rome
Détail d'un bas-relief représentant Marc-Aurèle
en train d'offrir un sacrifice devant ce temple.
Musées du Capitole, Palais des Conservateurs, 2001

© Agnès Vinas