PERSONA (πρόσωπον / προσωπεῖον)


  1. Masques que portaient toujours sur la scène, dans les théâtres de la Grèce et de l'Italie antique, les acteurs de toute classe, tragiques, comiques ou pantomimes. La partie du masque qui couvrait la figure était de bois (Prudent. Adv. Symmach. II, 646 ; cf Virg. Georg. II, 387), et à cela s'ajoutait une perruque en rapport avec le caractère du masque, de sorte que non seulement les traits, mais toute la tête de l'acteur, étaient couverts et déguisés (Aul. Gell. V, 7). De plus, chaque âge et chaque condition de la vie, de la jeunesse à la décrépitude, du héros à l'esclave, avait son masque particulier dont le caractère était assez bien connu pour que les spectateurs devinassent, aussitôt qu'un personnage paraissait sur la scène, sa qualité et sa condition. La perruque particulière qui accompagnait chaque masque avait aussi son style, aussi connu que les traits mêmes et l'expression du masque. Les masques que l'on destinait à représenter des personnages historiques, des héros, des demi-dieux, etc, étaient dessinés d'après quelque type consacré, qu'exploitaient et que reproduisaient depuis des siècles, chacun à sa manière, poètes, peintres et sculpteurs ; c'étaient donc souvent de magnifiques représentations de formes idéales. Quant aux masques tragiques ordinaires et à ceux de la comédie, ils étaient très nombreux, et variaient beaucoup dans les détails, comme l'expliquent les deux paragraphes suivants.
  1. Persona tragica. Le masque tragique (Phaedr. I, 7) ; il y en avait au moins vingt-cinq différents, six pour les vieillards, sept pour les jeunes gens, neuf pour les femmes, et trois pour les esclaves ; ils se distinguaient par une conformation de traits particulière, par la couleur du teint, par l'arrangement ainsi que par la couleur des cheveux et de la barbe.

La gravure représente trois de ces différents types, d'après des peintures de Pompéi, deux pour vieillards, et un pour jeune homme : le masque de droite, avec les cheveux en grande superficies, pour la haute tragédie ; celui de gauche, avec les cheveux aussi disposés en superficies, mais plus sobrement et avec plus de naturel, pour la tragédie moyenne ; la tête du jeune homme au milieu, qui a les cheveux disposés d'une manière analogue, mais avec encore plus de sobriété, appartient à la même classe ; tous répondent bien exactement à la description de Pollux (IV, 133, sqq)
  1. Persona comica. Le masque comique, dont on n'énumère pas moins de quarante-trois types différents, distingués, comme ceux mentionnés ci-dessus, par leurs traits, leur teint et leur perruque ; il y en avait neuf pour vieillards, dix pour jeunes gens, sept pour esclaves mâles, trois pour vieilles femmes, et quatorze pour jeunes femmes.
La gravure ci-jointe nous offre deux de ces types, d'après les peintures de Pompéi ; celui de droite est d'un vieillards ; l'autre d'une jeune femme qui, avec la mitra sur la tête, est destinée à représenter une courtisane (meretrix), comme les décrit Pollux (l.c.). D'autres specimens de masques comiques sont donnés aux mots personatus, lorarius, mimus.

  1. Persona muta. Une autre sorte de masque était celui que portait l'acteur muet (persona muta), qui figure parmi les dramatis personae de quelques unes des comédies de Plaute et de Térence, et qui paraît sur la scène pour accompagner un autre personnage, mais ne parle jamais lui-même. C'est ce masque que représente, d'après une peinture de Pompéi, le dessin ci-joint, où la bouche fermée et les lèvres serrées indiquent le silence que doit garder celui qui le porte.
  1. Masque en terre cuite, en marbre, ou en toute autre substance, imitant soit la figure humaine, soit des têtes d'animaux, et ayant généralement un caractère grotesque, servant d'antéfixe dans un édifice ; de bouche façonnée pour les eaux d'une fontaine, ou de gargouille pour verser du haut d'un édifice les eaux pluviales rassemblées par un toit ; c'est de ce dernier masque que la gravure ci-joint nous donne un specimen, d'après un original en terre cuite (Lucret. IV, 297 ; Plin. H.N. XXXV, 43 ; Ulp. Dig. 19, 1, 17).

Illustrations complémentaires

Melpomène, Muse de la tragédie
Mosaïque des Neuf Muses, Musée d'El Djem (Tunisie), 2001

© Agnès Vinas

Tête de lion-gargouille - IIe s. après JC
Temple de Jupiter, Baalbek (Liban), 2000

© Agnès Vinas