MAGISTER

  1. Mot appliqué en général à toute personne qui, comme chef, a le commandement et l'autorité sur un certain nombre d'autres hommes ; ainsi, par exemple, magister populi, le dictateur (Cic. de Fin. III, 22) ; magister equitum, l'officier qui, sous les ordres du dictateur, commandait la cavalerie (Liv. III, 27) ; magister morum, le censeur (Cic. ad Fam. III, 13°.
  1. Dans la marine, le magister était un officier dont le grade et les fonctions répondaient à celles de notre maître d'équipage ; ainsi, c'était lui qui dirigeait la navigation du vaisseau, qui donnait des ordres au timonier, aux marins, aux rameurs ; il se tenait assis dans la cabine (thronus) à l'arrière du bâtiment, comme dans la figure ci-jointe, d'après le Virgile du Vatican (Liv. XXXIX, 25 ; XLV, 42).
Dans la marine marchande, le même titre désignait ce que nous appelons le capitaine du navire, celui à qui le bâtiment et l'équipage étaient confiés par les armateurs, qui lui donnaient des instructions auxquelles il devait se conformer (Ulp. Dig. 14, 1, 1). Mais ces distinctions précises ne sont pas toujours observées.
  1. Dans les fonctions civiles, ce titre répond à nos titres de président, directeur, gérant, etc. : ainsi, magister societatis, directeur d'une compagnie (Cic. ad Fam. XIII, 9) ; magister vicorum, administrateur élu par les habitants de chaque vicus pour gouverner les affaires de la commune ou de toutes les communes de l'arrondissement (Suet. Aug. 30 ; Tib. 76) ; enfin, on désigne ainsi le directeur ou le président de toute corporation (Inscript. ap. Grut. 489, 10 ; ap. Marin. Fr. Arv. n.XV).
  1. Dans la vie privée et les réunions de société, on appelait magister celui qui était chargé de présider un festin, une table de buveurs (Apul. Apol. p.556). Le convive qui avait cet honneur était nommé souvent rex convivii, arbiter bibendi, et chez les Grecs, συμποσίαρχος. C'était le sort des dés qui le désignait ; il réglait toute la marche du repas ; il décidait dans quelles proportions il fallait mêler le vin et l'eau, et la quantité que devait boire chaque personne ; il infligeait et faisait payer des amendes à ceux qui violaient les lois du festin ; enfin, toutes ses paroles étaient des ordres (Hor. Od. II, 7, 25 ; Sat. II, 2, 123 ; Xen. Anab. VI, 1, 30°.
  1. Magister ludi ou ludimagister. Maître d'école, celui qui tenait une école où l'on enseignait aux jeunes gens les éléments des lettres (Ascon. in Cic. Div. Verr. 14 ; Cic. N.D. I, 26 ; Mart. IX, 69 ; X, 62). Voyez la gravure au mot ludus.
  1. Sous l'empire, magister était un titre que l'on donnait aux chefs de plusieurs des bureaux des administrations de l'Etat et de la maison impériale. Ainsi, magister epistolarum, premier secrétaire, celui qui répondait aux lettres au nom de l'empereur ; magister libellorum, celui qui recevait les pétitions et y répondait ; magister memoriae, celui qui recevait de la bouche de l'empereur ses décisions, et les communiquait aux parties intéressées ; magister scriniorum, celui qui avait la garde de tous les documents et de tous les papiers appartenant à l'empereur ; magister officiorum, espèce de chambellan attaché à la cour impériale, qui dirigeait les audiences et y assistait, etc (Ammian. Cassiodor. Spartian. Lamprid. Inscript.)
  1. Le titre de magister militum ou armorum fut donné par Constantin à chacun des deux généraux qui commandaient en chef, l'un l'infanterie, l'autre la cavalerie romaine (Ammian.)