PAVIMENTUM (ἔδαφος, δάπεδον)

  1. Proprement, plancher formé de petits morceaux de briques, de tuiles, de pierre et de coquilles jetées sur un lit de ciment, mélange auquel on donnait de la solidité en le battant avec une demoiselle (pavicula), d'où ce nom de pavimentum (Plin. H.N. XXXVI, 61 ; Cato, R.R. 18). Mais, dans la suite, on étendit ce nom à toute espèce de pavages, même ceux du travail le plus délicat, et formés des matériaux les plus précieux, comme les pavés que nous décrirons dans les paragraphes suivants (Hor. Od. II, 14, 27 ; Suet. Aug. 7 2). On le donna même à des parquets (Vitruv. VII, 1, 2).
  1. Pavimentum sectile. Pavé formé de marbres de différentes couleurs, coupés en morceaux de formes et de dimensions régulières et s'adaptant les uns aux autres, de sorte que, lorsque tout était mis en place, on avait un dessin, des figures, comme le montre le spécimen que nous donnons. C'est une portion du pavé antique qui subsiste encore à Rome dans l'église de Santa-Croce in Gerusalemme. Les pièces triangulaires A et B sont l'une de marbre serpentin, l'autre de palombino, les hexagonales C, de pavonazetto, et les carrés D, de porphyre rouge (Vitruv. VII, 1, 4; Suet, Jul. 46).
  1. Pavimentum tessellatum ou tesseris structura. Pavé appartenant aussi à la classe des sectilia, composé de même de marbres de différentes couleurs, mais dont toutes les parties composantes étaient des tablettes carrées, sans qu'aucune autre forme y fût admise, comme dans la gravure ci-après, qui reproduit une partie d'un pavé encore subsistant dans les Thermes de Caracalla, à Rome (Vitruv. 1.c. ; Suet. 1.c.). On employait de même des tablettes carrées (tessella, tessera) pour faire d'autres sortes de pavés mosaïques ; mais alors elles étaient beaucoup plus petites et plus régulièrement taillées.
  1. Pavimentum vermiculatum. Pavé en mosaïque, qui représentait, comme une peinture, avec leurs formes et leurs couleurs, des objets animés et inanimés. Il était composé de petits morceaux de marbre de différentes couleurs, enfoncés par leur extrémité inférieure dans un lit de très fort ciment. On arrivait ainsi à des effets qui pouvaient le disputer à ceux qu'obtient la peinture. Toutefois les petites tablettes n'étaient pas placées en rangées parallèles, et n'étaient pas parfaitement carrées, comme dans le dernier pavé cité (le tessellatum) ; mais elles suivaient le mouvement des contours et des couleurs de l'objet représenté, ce qui, vu de quelque distance, offrait un coup d'oeil ressemblant fort à celui que produit l'enlacement d'un grand nombre de vers roulés les uns autour des autres (vermes), d'où le nom d'opus vermiculatum. La gravure, prise sur un fragment d'ancien pavimentum vermiculatum, donnera une idée de cette ressemblance, quoique bien moins frappante que dans l'original, à cause de l'absence de couleur, et des petites dimensions de notre dessin (Plin. H.N. XXXV, 1 ; Lucil. ap. Cic. de Or. III, 43).
  1. Pavimentum scalpturatum. Plancher ou pavé où l'on produit les figures et le dessin au moyen d'une gravure (scalptura), et peut-être de l'incrustation ; en tous cas, comme le nom l'indique, le procédé est différent, et ce genre de pavé est tout à fait distinct de tous ceux que nous venons de décrire (Plin. H.N. XXXVI, 61). Le fragment de pavé de marbre que l'on conserve aujourd'hui à Rome dans le Capitole, et qui formait jadis le plancher du temple de Romulus et de Rémus, offrait aux regards, gravée en creux, une carte complète de la cité (voyez un spécimen, au mot ichnographia) ; c'est là sans aucun doute un exemple du pavimentum scalpturatum aussi simple et aussi peu chargé d'ornements qu'on pouvait l'exécuter. Mais il nous est aisé de comprendre que les Romains ont dû pousser bien plus loin cette branche de l'ornementation, et qu'ils ont pu la conduire d'après des principes semblables à ceux qui ont été suivis au Dôme de Sienne. Là on est arrivé à obtenir sur le pavé l'effet que produit un carton soigneusement travaillé ; des morceaux de marbre gris ont été mêlés aux blancs là où il y avait des demi-teintes à rendre, puis sur le blanc et sur le noir on a fait des hachures au ciseau, et aux endroits où il fallait marquer les ombres, on les a remplies d'un mastic noir, de sorte que l'ouvrage approche de la perfection d'un bon dessin aux deux crayons. On comprendra aisément cet effet d'après le specimen ci-joint, qui donne, quoique sur une très petite échelle, une exacte copie de l'un des groupes dessinés par Beccafumi au seizième siècle.
  1. Pavimentum testaceum. Plancher fait de tessons de poterie, testae (Pallad. I, 19, 1 ; 40, 2). Même sens que le n° 1.

Illustration complémentaire

Inscription HAVE (Salut !) sur le seuil d'une porte
Ostie, 1977

© Charles Cavenel