ACATIUM (ἀκάτιον)

  1. Petit vaisseau, mais bon voilier, appartenant à la classe des vaisseaux nommés actuariae, c'est-à-dire qu'on manoeuvrait aussi bien à la rame qu'à la voile. Il était plus particulièrement employé par les pirates grecs (Thucyd. IV, 67), muni et armé d'un bec (rostrum) : la poupe en était arrondie et courbé en dedans (inflexa ; Plin. H.N. IX, 49), forme très commune dans la marine des anciens, comme on le verra par plusieurs gravures dans le cours de ce livre (Voyez actuarius, aphractus). Il est donc tout à fait probable que les différences caractéristiques de ces vaisseaux consistaient plus dans la nature de leur gréement que dans la forme de la coupe.
  1. Le même mot s'employait aussi en parlant du gréement d'un vaisseau : quelquefois il désignait une voile, quelquefois un mât ; mais quelle voile ou quel mât, on ne le voit nulle part. Xénophon (Hell. VI, 2, 27) parle des acatia comme de voiles, mais par opposition aux voiles plus larges ; Hésychius et Isidore (Orig. XIX, 3, 3), au contraire, prétendent que l'acatium était la plus large voile du vaisseau et s'attachait au grand mât ; tandis que Julius Pollux (I, 91) et Hésychius, dans un autre passage, affirment que ce n'était point du tout une voile, mais un mât, et le plus gros ou le grand mât. Parmi toutes ces opinions contraires, une seule chose est certaine, c'est que l'acatium était spécialement inventé pour naviguer rapidement avec des vents doux. Si l'on peut hasarder une conjecture, toute la difficulté disparaîtrait en admettant que ce mot désignait à la fois et le mât et la voile qui lui est propre ; que c'était un mât gréé à la façon de ceux des pirates, à qui ce nom était spécialement attribué : par exemple, un mât plus haut et plus léger que ceux qu'on employait habituellement, muni aussi de voiles plus petites, probablement d'un hunier au-dessus de la grande voile, qui aurait été plus commode pour la manoeuvre, et meilleur pour naviguer par un beau temps, que le pesant mât ordinaire avec sa vergue gênante. Ainsi Iphicrate, dans le passage de Xénophon auquel nous avons déjà renvoyé, arma ses vaisseaux de la sorte pour être prêt dans toute conjoncture. Il laissa derrière lui les larges voiles ordinaires (τὰ μεγάλα ἰστία), par conséquent les mâts pesants auxquels elles étaient suspendues, et munit ses navires de mâts et de voiles (ἀκατίοις) tels que ceux dont se servaient les pirates pour leurs vaisseaux, parce qu'il obtenait ainsi une marche plus rapide et qu'il fallait moins de bras pour la manoeuvre, en cas qu'il fût forcé d'en venir à un engagement.