REMEX (ἐρέτης, κωπηλάτης)

Rameur sur un bateau, une galère ou un navire. Sur les bâtiments de guerre, les rameurs (remiges) formaient une classe distincte des matelots (nautae), qui s'occupaient des voiles et de la direction du navire, ainsi que des soldats de marine (classiarii), qui étaient chargés de la défense du vaisseau ; l'équipage du vaisseau se composait de ces trois classes d'hommes réunies (Cic. Verr. II, 5, 33 ; II, 4, 34 ; Caes. B.C. III, 24).

Dans les bateaux et les petites embarcations, les anciens se servaient de leurs rames de presque toutes les manières encore en usage : quelquefois un seul rameur maniait une couple d'avirons (voy. la gravure au mot biremis, 1) ; quand le bateau était très large, ou dans de plus grandes embarcations, chaque rameur ne maniait qu'une rame, soit assis et tirant la rame à lui, comme nous le faisons, soit debout et l'écartant de son corps, ainsi que cela se pratique encore de nos jours le plus ordinairement dans la Méditerranée (voy. la gravure au mot actuariolum).

Dans de grands navires allant sur mer et n'ayant qu'un rang de rames, tels que les naves longae, liburnicae, et d'autres appartenant à la classe des moneres, qui étaient munis d'avirons pesants et très longs, il est presque certain que plusieurs hommes tiraient sur le même aviron, étant assis sur un même banc, comme cela avait lieu sur les galères des Vénitiens, des Génois et des Français de Marseille, du quinzième an dix-septième siècle, méthode ainsi décrite dans les Mémoires de Jean Marteilhe, protestant français, condamné aux galères en 1701 : «Les rameurs sont assis sur des bancs (les transtra des Romains), six hommes à chaque aviron ; un de leurs pieds porte sur un tabouret bas ou marchepied, l'autre est levé et appuyé contre le banc qui est devant eux ; ils penchent le corps en avant (le remis incumbunt de Virgile ; cf. Polyb. I, 21, 5), et avancent les bras par-dessus le dos de ceux qui sont devant eux, et dont l'attitude est alors la même. Ayant ainsi porté l'aviron en avant, ils se soulèvent avec l'extrémité de la rame qu'ils tiennent dans leurs mains (remis pariter insurgunt, Virg.), et en plongent l'autre dans la mer ; cela fait, ils se rejettent sur leurs bancs, qui plient sous le poids».

Dans des bâtiments munis de plus d'un rang de rames (ordo), comme la biremis, la triremis, etc., la méthode de ramer était différente. Les rameurs y étaient assis sur les sièges séparés (sedilia), et non sur des bancs placés en travers (transtra), et chaque aviron était manié par un seul homme, celui dont le point d'appui était plus élevé au-dessus de l'eau se trouvant nécessairement le plus long, et le travail de l'homme qui le manoeuvrait le plus pénible. Mais quand on construisait des navires de très grandes dimensions, tels, par exemple, que l'hexeris, l'hepteris, la decemremis, etc., quoiqu'ils ne pussent pas avoir, comme nous l'avons expliqué à l'article ordo, plus de cinq rames échelonnées l'une au-dessus de l'autre de la ligne de flottaison au plat-bord, il est clair cependant qu'il devait y avoir une certaine proportion entre la longueur et la largeur du vaisseau, d'une part, et de l'autre, la longueur et le poids de la rame ; et, dans de tels cas, il n'est que raisonnable d'inférer que les deux manières de ramer que nous venons d'indiquer étaient employées concurremment, les avirons les plus courts étant maniés chacun par un homme seul, les avirons supérieurs, plus longs et plus lourds, par autant de rameurs que leurs dimensions pouvaient l'exiger. Ainsi, quand les auteurs anciens disent que l'équipage des rames est incomplet, cela n'implique pas qu'aucun des avirons reste sans rameur (ce qui serait difficile à comprendre), mais que quelques-uns n'avaient pas le nombre de mains et la quantité de force qui leur eussent été nécessaires.


Illustration complémentaire

Rameurs de la flotte de Trajan
Moulage de la colonne de Trajan
Musée de la Civilisation romaine, EUR (Rome)

© Agnès Vinas, 1984