CISTA (κίστη)

  1. Panier profond et cylindrique, avec un couvercle ; il était fait d'osier (Plin. H.N. XV, 18, 2 ; XVI, 77), et employé à différents usages, suivant que sa forme et sa nature le permettaient.
Le specimen ici donné est pris d'un bas-relief romain ; mais des paniers d'une forme et d'un caractère analogues sont fréquemment représentés dans les sculptures et dans les peintures. Quand on parle de cistae quadratae (Columell. XII, 54, 2), la simple addition de cette épithète indique une forme inaccoutumée ; et le caractère constant des gravures, représentant toutes des objets différents qui portaient le nom commun de cista, suffit pour faire connaître la figure qui se présentait à l'esprit des anciens comme répondant à ce nom.
  1. Cassette pour l'argent (Hor. Ep. I, 17, 54 ; Cic. Verr. II, 3, 85) ; elle était certainement de dimension plus petite que le coffre-fort dont nous avons donné une gravure au mot arca. Le specimen ci-joint est pris d'un modèle en terre cuite qui avait au haut une fente pour glisser l'argent, comme ceux dont se servent les mendiants italiens, et comme les tirelires de nos enfants.
  1. Panier pour les livres (Juv. III, 206), de même forme et de même nature que la capsa, mais fait en osier au lieu d'être en bois, et comme elle employé aussi à d'autres usages, par exemple pour garder les vêtements (Poeta vet. ap. Quint. VIII, 8, 19). Voyez les figures au mot capsa.
  1. Panier employé aux comices et dans les cours de justice : les votants et les juges y jetaient les tablettes (tabellae) qui contenaient leurs votes ou leurs sentences (Auctor. ad Herenn. I, 12 ; Plin. H.N. XXXIII, 2, § 7 ; Manutius, de Comit. Rom. XV, p. 572 ; Wunder, Codex Erfudtens. p. 158 sqq). La gravure est prise d'une monnaie de la famille Cassia, et représente un votant laissant tomber dans la cista la tablette qui absout (marquée A pour Absolvo).
  1. Corbeille mystique, panier ou boîte couverte, dans laquelle les ustensiles sacrés et les autres objets appartenant au culte de Cérès et de Bacchus étaient contenus : on les cachait ainsi aux yeux des profanes pendant qu'on les portait dans une procession solennelle aux fêtes de ces divinités ; car toutes les cérémonies par lesquelles on les honorait étaient enveloppées d'un mystère profond (Catull. 64, 260 ; Tibull. I, 7, 48 ; Ovid. Ars Am. II, 609). Il n'y a pas de doute que la cista employée dans l'origine à cet effet ne fût une simple corbeille d'osier, pareille à celle que nous avons donnée au commencement de cet article ; car elle est ainsi représentée sur les monnaies et des bas-reliefs nombreux, où il est facile de reconnaître l'osier ; mais plus tard on la fit de matières plus précieuses et avec un travail plus élégant, comme le prouvent deux modèles en bronze conservés maintenant à Rome, l'un qui fut trouvé près de l'ancienne Labicum, l'autre à Préneste.
C'est ce dernier qui est représenté dans la gravure ci-jointe. Il a trois pieds ; on voit, aux côtés, les poignées par lesquelles on le portait ; le couvercle est surmonté de deux figures, une bacchante et un faune, et le dehors est recouvert d'un dessin représentant la réception des Argonautes à l'arsenal de Cyzique.

A l'intérieur, on trouva les objets suivants : une autre petite boîte, une figure de chevreau, une de panthère, une patera, une ligula, un instrument affilé et pointu comme le stylus, et un morceau de métal de forme triangulaire, la pyramide (πυραμίς), citée par Clément d'Alexandrie comme un des objets contenus d'habitude dans ces boîtes. L'autre corbeille, trouvée à labicum, a la même forme, présente la même matière et le même travail ; seulement elle a trois figures sur le couvercle ; Bacchus au centre, drapé dans une robe couverte d'étoiles pour indiquer qu'il était le Bacchus nocturne (Nyctelius Pater, Ovid. A. Am. I, 567), la nuit étant le moment où on célébrait les orgies (Serv. ad Aen. IV, 303 ; cf Liv. XXXIX, 8 et sqq), et de chaque côté un faune revêtu de la nebris. L'intérieur contenait une patera, sur laquelle la lutte entre Pollux et Amycus, roi de Bébrycie, avec Diane entre eux, était représentée en figures contournées, dont les noms étaient inscrits au-dessus dans une forme latine très ancienne, POLUCES, AMUCES et LOSNA, nom antique pour Diana. Sous les pieds des figures, sur le couvercle, il y a une inscription ressemblant, pour l'orthographe et la langue, à celle de la colonne de Duilius, et attestant que le vase fut offert par une femme et fait par un artiste romain du nom de Novius Plautius :

DINDIA MACOLNIA FILEA DEDIT
NOVIOS PLAUTIOS MED ROMAI FECID