FASCIS (φάκελος / φάκελλος)

  1. Exactement, paquet de choses, mais plus particulièrement de bois (Hirt. B.G. VIII, 15 ; Tac. Ann. XIII, 35), assemblées et liées en forme de fagot ou de fascine, pour être plus faciles à porter, comme dans la gravure ci-jointe, d'après une peinture sépulcrale de l'ère chrétienne. Ce mot est opposé à sarcina, qui s'applique à des choses qu'on arrange en tas et qu'on enveloppe.
  1. Au pluriel, fasces (αἱ ῥάβδοι). Faisceaux portés par les licteurs devant certains magistrats romains : on s'en servait pour battre les malfaiteurs avant l'exécution. Ils se composaient de baguettes de bouleau (Plin. H.N. XVI, 30) ou d'orme (Plaut. Asin. III, 2, 29), assemblées et liées tout autour avec des courroies en forme de fascine. Sous les rois et dans les premières années de la république, on plaçait aussi au milieu des baguettes une hache (securis) ; mais, après le consulat de Publicola, aucun magistrat, excepté le dictateur (Liv. II, 18) n'eut le droit d'avoir les faisceaux avec hache dans la ville de Rome (Cic. De Rep. II, 31 ; Val. Max. IV, 1, 1) : en effet, ils ne furent plus donnés qu'aux consuls à la tête de leurs armées (Liv. XXIV, 9), et aux questeurs dans leurs provinces (Cic. Planc. 41). La gravure donne un specimen des fasces avec la hache, d'après un bas-relief du palais Mattei à Rome.
  1. Fastes praeferre et submittere. Le licteur marchait devant le magistrat au service duquel il était attaché, avec une baguette (virga) dans sa main droite, et les fasces sur l'épaule gauche, comme le montre la figure ci-jointe, prise d'un bas-relief du musée de Vérone. C'est ce qu'on exprime par la phrase fastes praeferre ; mais, si un magistrat d'un rang inférieur en rencontrait un d'un rang supérieur, le licteur ôtait les faisceaux de dessus son épaule et les abaissait, comme marque de respect, jusqu'à ce que le magistrat eût passé, de même qu'en Angleterre les soldats reposent leurs armes devant les grands personnages. C'est ce qui est exprimé dans la phrase fasces submittere.
  1. Fasces laureati. Quand un général avait remporté une victoire, on ornait de feuilles de lauriers les faisceaux qui étaient portés devant lui (laureati, Cic. Div. I, 28 ; ad Att. VIII, 3) ; les empereurs ajoutaient aussi un ornement pareil à leurs propres faisceaux en l'honneur de ceux de leurs officiers qui avaient obtenu un brillant succès (Tac. Ann. XIII, 3). Dans ces occasions, on plaçait une branche de laurier en haut des baguettes, comme le montre la figure à main gauche de la gravure ci-jointe, qui représente les faisceaux portés par un licteur devant l'empereur Vespasien, d'après un bas-relief ; ou l'on fixait sur ces mêmes baguettes une couronne de lauriers, comme dans la figure à main droite, prise d'une monnaie consulaire.
  1. Fasces versi. Dans un deuil ou aux funérailles des chefs, les faisceaux étaient renversés (versi, Tac. Ann. III, 2), c'est-à-dire portés avec la hache en bas, comme nos soldats portent leurs fusils en pareille occasion ; et quelquefois, comme aux funérailles de Drusus, les baguettes étaient brisées (fracti fasces, Pedo Albin. El. I, 177).

Illustration complémentaire

Faisceaux
Façade extérieure du théâtre de Marcellus, Rome, 2001

© Agnès Vinas