6. Les généraux romains obtinrent, à cette époque, en Sarmatie, des avantages dont Pérennis rapporta toute la gloire à son fils. Cependant ce favori si puissant, accusé auprès de Commode, par des députés de l'armée de Bretagne, d'en avoir ôté le commandement à des sénateurs pour le confier à des chevaliers, se vit tout à coup déclarer ennemi public, et fut abandonné à la fureur des soldats. Cléandre, officier de la chambre de l'empereur, succéda au pouvoir de ce ministre. Commode, après la mort de Pérennis et de son fils, feignant qu'ils avaient agi sans son aveu, révoqua une partie de leurs actes, comme s'il eût pensé à rétablir l'ordre dans l'Etat.

Mais il ne put garder au-delà de trente jours le repentir de ses crimes, et il en commit, par le ministère de Cléandre, de plus atroces encore que par celui de Pérennis. Cléandre avait, comme on l'a dit, remplacé celui-ci, et la préfecture du prétoire avait été donnée à Niger, qui ne conserva, dit-on, ses fonctions que six heures. Les préfets du prétoire étaient changés d'une journée, d'une heure à l'autre ; et Commode se montrait plus cruel que jamais. Martius Quartus ne fut que cinq jours préfet du prétoire. Ceux qui se succédaient dans ce poste y étaient ou maintenus ou tués, selon la volonté de Cléandre. D'un mot, il élevait des affranchis au rang de sénateurs et de patriciens. On vit pour la première fois vingt-cinq consuls dans une même année. Toutes les provinces furent mises à l'encan. Cléandre vendait tout ; il rappelait les exilés, les comblait de dignités, cassait, à son gré, les jugements. Il acquit, grâce à l'imbécillité de Commode, un tel pouvoir, que Byrrus, beau-frère de l'empereur, ayant blâmé hautement et dénoncé à celui-ci ce qui se faisait, il l'accusa d'aspirer au trône, l'en rendit suspect, et le fit périr, avec beaucoup d'autres qui étaient dans ses intérêts. Le préfet Ebutien fut de ce nombre. Cléandre fut mis à sa place, ainsi que deux autres qu'il choisit lui-même. On vit alors, pour la première fois, trois préfets du prétoire, et parmi eux un affranchi qui fut appelé le secrétaire du poignard.

 

© Agnès Vinas

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius