4. Il fut élevé dans l'intimité d'Adrien, qui, comme nous l'avons dit plus haut, l'appelait Vérissimus. Ce prince lui accorda même, à six ans, le privilège de se servir des chevaux de l'Etat, et, à huit, l'honneur de faire partie du collège des Saliens. Antonin eut, dès cette époque, un présage de son avènement à l'empire le jour où tous les prêtres de ce collège jetèrent, selon l'usage, des couronnes sur le lit sacré de Mars, ces couronnes allèrent tomber qui d'un côté, qui de l'autre ; et la sienne, comme si une main l'eût dirigée, se posa sur la tête du dieu. Il fut, durant ce sacerdoce, l'ordonnateur des cérémonies Saliennes, le chef de la musique et le maître des initiations. Il consacra plusieurs prêtres et en destitua d'autres, sans le secours de personne ; car il avait appris tous les hymnes d'usage. Il prit la toge virile à l'âge de quinze ans, et aussitôt la fille de L. Céjonius Commode lui fut fiancée, d'après la volonté d'Adrien. Peu de temps après, il fut créé préfet de Rome, pendant les féries latines. Il fit éclater dans ces fonctions, qu'il remplissait pour les magistrats ordinaires, et dans les festins dont l'empereur Adrien l'avait chargé, une grande magnificence. Il céda ensuite à sa soeur tout le patrimoine qui lui venait de son père. Lorsque sa mère l'appela au partage, il répondit que les biens de son aïeul lui suffisaient ; et il ajouta qu'il la laissait entièrement libre de donner à sa soeur ce qu'elle possédait, voulant qu'elle ne fût pas moins riche que son époux. Il avait des moeurs si simples, qu'il fallait quelquefois le forcer d'assister aux chasses du cirque, de se montrer au théâtre et de présider aux spectacles. Il apprit aussi la peinture, et eut pour maître Diognète. Il aimait le pugilat, la lutte, la course, et la chasse aux oiseaux : il était fort habile à la paume et à la chasse. Mais le goût de la philosophie le détourna de tous ces amusements et lui donna beaucoup de gravité, sans lui faire perdre toutefois l'agrément qu'il mettait dans son commerce avec ses amis, et même avec les personnes qu'il connaissait moins. Il était sobre sans ostentation, bon sans faiblesse, et grave sans morosité.

 

© Agnès Vinas

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius