Je chante Artémis au fuseau d'or, tumultueuse, vierge vénérable, qui perce les cerfs, qui se réjouit de ses flèches, soeur d'Apollon à l'épée d'or, qui, par les montagnes boisées et les sommets battus des vents, se charme par la chasse, tend son arc tout en or et lance des traits mortels.

Les cimes des hautes montagnes tremblent et la forêt sombre résonne de la clameur des bêtes fauves. Et la terre frémit, et la mer poissonneuse, tandis que la Déesse au coeur ferme, allant de tous côtés, détruit la race des bêtes féroces.

Mais, quand la Chasseresse qui se réjouit de ses flèches s'est ainsi charmée, ayant détendu son arc, joyeuse, elle va dans la grande demeure de son cher frère Phoibos Apollon, vers le riche peuple des Delphiens, afin de former le beau choeur des Muses et des Kharites.

Là, ayant suspendu l'arc flexible et les flèches, vêtue de riches parures, elle commande et mène les choeurs.

Et toutes, faisant entendre leur voix divine, louent Lètô aux beaux talons, parce qu'elle a conçu des enfants qui sont les premiers des Immortels en pensées et en actions.

Salut, enfants de Zéus et de Lètô aux beaux cheveux ! Je me souviendrai de vous et des autres chants.


Traduction de Leconte de Lisle (1868)