La prophétie néfaste sur la naissance de Pâris, si fréquente dans la littérature classique, est l'objet de l'attention de Dictys et Johannes Malalas, qui toutefois en parlent de manière différente. Dictys la fait raconter par Priam à Achille, lorsqu'il va racheter le corps d'Hector ; Jean Malalas paraît suivre la tradition classique, mais il y ajoute quelques notes particulières. Plus tard, seul entre tous les auteurs médiévaux, Joseph d’Exeter en reparlera à propos du départ de Pâris vers la Grèce : l’atmosphère tragique est accrue par les prophéties inutiles d’Hélénus et Cassandre.


Dictys de Crète - Ephemerides belli Troiani, 3,26

Ad ea Priamus, renouato fletu quam miserabili, non sine decreto diuum aduersa hominibus irruere ait : deum quippe auctorem singulis mortalibus boni malique esse : neque cui beatum esse licitum sit, cuiusquam in eum uim inimicitiasque procedere : caeterum se diuersi partus quinquaginta filiorum patrem, beatissimum regum omnium habitum : ad postremum Alexandri natalem diem euitari, ne diis quidem praecinentibus, potuisse. Namque Hecubam foetu eo grauidam, facem per quietem edidisse uisam, cuius ignibus conflagrauisse Idam, ac mox continuante flamma deorum delubra concremari; omnemque demum ad cineres collapsam ciuitatem, intactis inuiolatisque Antenoris et Anchisae domibus. Quae denunciata cum ad perniciem publicam spectare aruspices praecinerent, internecandum editum partum placuisse. Sed Hecubam more femineae miserationis, clam alendum pastoribus in Idam tradidisse : eum iam adultum, cum res palam esset, ne hostem quidem quamuis saeuissimum ut interficeret, pati potuisse : tantae scilicet fuisse eum pulchritudinis atque formae : quem coniugio deinde Oenoni iunctum, cupidinem cepisse uisendi regiones, atque regna procul posita. Eo itinere abductam Helenam, urgente atque instigante quodam numine; cunctorum ciuium animis, sibi etiam laetitiae fuisse, neque cuiquam, quum orbari se filio, alioue consanguineo cerneret, non acceptam tamen, solo omnium aduersante Antenore : qui initio post Alexandri reditum, filium suum Glaucum, quod eius comitatum sequutus erat, abdicandum a penatibus suis decreuerit, uir domi belloque prudentissimus : Caeterum sibi, quoniam ita res ruerent, optatissimum appropinquare naturae finem, omissis iam regni gubernaculis atque cura : tantum sese in Hecubae filiarumque recordatione cruciari, quas post exidium patriae captiuas, incertum cuius domini fastus manerent.

Priam, répandant de nouveau un torrent de larmes, répond à Achille : « Les malheurs n'arrivent aux mortels que par l'ordre des dieux ; à chaque homme est attachée une divinité, cause du bien qu'il éprouve et du mal qu'il ne peut éviter ; nulle violence, nulle haine ne peut nuire à celui dont elle veut le bonheur. Père de cinquante fils, nés de différents mariages, je fus regardé comme le plus fortuné des rois jusqu'au jour funeste qui vit naître Alexandre, jour que je n'ai pu éviter, quoique les dieux m'en eussent prévenu. Hécube était encore enceinte de lui, lorsque, pendant mon sommeil, je vis en songe sortir du sein de mon épouse un flambeau ardent qui mit le feu au mont Ida. Bientôt la flamme se répandant, avait gagné les palais et les temples des dieux ; et la ville de Troie avait été réduite en cendres. Deux maisons seulement échappèrent à la fureur de l'incendie : celles d'Anténor et d'Anchise. Les aruspices, consultés sur ce songe, me prédirent que cet enfant naîtrait pour la ruine de Troie. Je résolus en conséquence de le faire mourir à sa naissance ; mais Hécube, par une tendresse bien excusable dans une mère, le donna secrètement pour l'élever à des pasteurs du mont Ida. Ce prince, devenu grand, offrait un rare assemblage des toutes les perfections du corps ; et quoique le sort funeste qui lui était prédit fût connu de tout le monde, jamais sa mère n'aurait souffert qu'on mît à mort ce féroce ennemi de sa famille. Je lui donnai pour épouse Oenone ; il me parut désirer de voyager : et de parcourir les royaumes les plus éloignés; j'y consentis. Je ne sais quelle divinité ennemie le conduisit et le sollicita; mais, pendant ce voyage, il ravit Hélène et l'amena à Troie avec lui. Les Troyens, moi-même tout le premier, nous la vîmes avec joie ; et quoique, depuis son arrivée, chaque jour fût marqué pour nous par la perte d'un fils, d'un parent ou d'un ami, cependant. nous nous obstinâmes à la garder ; il n'y avait que le seul Anténor qui s'opposât à cet aveuglement général. A l'arrivée d'Hélène, ce prince, aussi habile guerrier que politique consommé, avait chassé de son palais son fils Glaucus, compagnon d'Alexandre dans son expédition. Quant à moi, ajouta ce prince infortuné, dans l'état où sont les choses, je vois arriver la mort avec plaisir; mes mains trop faibles pour tenir les rênes du gouvernement, les ont déjà abandonnées : s'il me reste encore quelque inquiétude, c'est pour Hécube et pour mes filles, qui, après la ruine de ma patrie, deviendront la proie du vainqueur, sans que je puisse savoir à quel maître elles sont destinées ».


Johannes Malalas, Chronique, V 92

Τοῦ Πάριδος γεννηθέντος ὑπὸ τῆς Ἑκάβης, Πρίαμος, ὁ τούτου πατήρ, ἀπελθὼν ἐν τῷ μαντείῳ τοῦ Φοίβου ἐπυνθάνετο περὶ τοῦ τεχθέντος αὐτῷ υἱοῦ. καὶ ἐδόθη αὐτῷ ὁ χρησμὸς οὗτος. Ἐτέχθη σοι υἱὸς Πάρις, παῖς δύσπαρις, τριακοντούτης γενόμενος ὀλέσει τὰ βασίλεια Φρυγῶν. καὶ ταῦτα ἀκούσας ὁ Πρίαμος εὐθέως μετωνόμασεν αὐτὸν Ἀλέξανδρον, καὶ ἔπεμψεν αὐτὸν ἐν ἀγρῷ ὀνόματι Ἀμάνδρᾳ, γαλακτοτροφῆναι παρὰ γεηπόνῳ τινί, ἄχρις οὗ διέλθῃ τὰ τριάκοντα ἔτη, ἅπερ ὁ χρησμὸς εἶπεν, ἐάσας τὸν αὐτὸν Ἀλέξανδρον τὸν καὶ Πάριδα Πρίαμος, ὁ αὐτοῦ πατήρ, ἐν τῷ ἀγρῷ· ποιήσας δὲ τεῖχος ἐν τῷ αὐτῷ ἀγρῷ μέγα ἐκάλεσεν αὐτὸ πόλιν τὸ Πάριον. καὶ ἔμεινεν ἐκεῖ ὁ Πάρις ἀνατρεφόμενος.

Lorsque Hécube enfanta Pâris, son père Priam alla trouver l'oracle de Phoebus pour l'interroger à propos de son enfant. L'oracle lui fit cette réponse : « Tu as procréé Paris, un fils funeste. A trente ans, il détruira l'empire des Phrygiens ». A ces mots, Priam changea immédiatement son nom et l'appela Alexandre. Et il l'envoya dans une campagne nommée Amandra, pour y être élevé par un paysan jusqu'à cet âge de trente ans dont avait parlé l'oracle, et là il le laissa. Et après avoir dans cette campagne élevé un grand mur, il nomma cette ville Parion. Pâris y resta et y fut élevé.


Josephus Iscanus, Daretis Ylias III 151-160

His virtus accensa viris, procul omnis abacta
Religio. Cedit Helenus vittasque minaces
Abicit et lacrimis incusat fata secutis.
Dux cepti legitur pastor Paris, advena quondam
Regni, nunc regis heres ; nec profuit urbi
Fatalem dampnasse facem, cum lederet ardens
Pregnantem sompnus Cisseida ; pullulat alte
Flamma vetus revehuntque fidem presagia plenam.
It fati imperio Danaum rapturus alumpnam Dardanus.


Merci au professeur Francesco Chiappinelli, auteur de l'Impius Aeneas, de nous avoir fourni ces textes.
Vous pouvez naviguer sur le site : Cultura e scuola
Si vous voulez lui écrire, vous pourrez le faire à cette adresse :