Pour remonter à la αἰτία (cause) de la guerre de Troie, les auteurs classiques et médiévaux parlent souvent de la première destruction de la ville, au temps de Laomédon et Hésione. Les Argonautes, et particulièrement Héraclès, avaient de quoi se plaindre du souverain, qui les avait obligés à partir de Troie et qui souvent promettait sans tenir sa parole. L'ire d'Héraclès s'ajoute à celle de Poséidon et Apollon, et les ὕβρεις de Laomédon coûteront cher à lui-même et à sa patrie. Dictys et son épigone Johannes Malalas commencent à parler de Troie à partir d'Hélène, peut-être pour cacher les fautes des Grecs ; au contraire, Darès et avec lui Benoît de Sainte Maure et Guido delle Colonne se rattachent à Servius et à Hygin et en amplifient, comme d'habitude, la dimension pathétique, à partir de l'enlèvement de Médée. Suivant les traces de Darès, on trouve naturellement aussi Joseph of Exeter, avec son moralisme et son interprétation tout à fait médiévale du mythe ancien.


Servius, ad Aen. I 619

atque equidem Teucrum memini Sidona venire

Historia hoc habet, Herculem cum Colchos iret perdito Hyla, qui aquatum profectus, ut fabula loquitur, a nymphis adamatus et raptus est, ut veritas habet, lapsus in fontem altissimum necatus est, post peragratam Mysiam navibus Troiam venisse. A cuius portu cum eum Laomedon arceret, occisus est, et eius filia Hesiona belli iure sublata comiti Telamoni tradita est, qui primus ascenderat murum, unde Teucer natus est ; nam Aiacem ex alia constat esse procreatum.

Servius, ad Aen. III 3

et omnis humo fumat Neptunia Troia,

Sane fabula talis est. Laomedon, rex Troianorum, sollicitus pro opibus suis petit ab Apolline et Neptuno, ut Ilium cingerent muris mercede promissa. Quo impetrato quae diis promiserat denegavit. Sed Neptunus iratus cetos, id est beluam marinam inmisit : quod malum Troiani passi sunt nece filiarum, quas belua comedebat, donec apertiore responso Hesiona Laomedontis filia monstro exponeretur, quam Hercules Troia eversa liberavit et amico suo Telamoni dedit uxorem. Sane Laomedonte occiso Priamo Phrygiae donavit imperium.

Servius, ad Aen. VIII 157

nam memini Hesionae visentem regna sororis
Laomedontiaden Priamum Salamina petentem
protinus Arcadiae gelidos invisere finis.

Hesionae visentem regna sororis commemorationi necessitudinis reddit commemorationem hospitii. Sane fabula de Hesione et nota est et aliquot locis exposita. Quis enim nescit a Laomedonte mercedem Neptuno et Apollini ob muros Troiae fabricatos negatam ; cumque incursu maris civitas vexaretur, coactum Laomedontem filiam Hesionam ceto obicere ; eamque ab Hercule liberatam, eversa Troia et occiso Laomedonte propter negatum praemium, Telamoni suo comiti in matrimonium datam... ut diximus supra Hercules eversa Troia Hesionam, Laomedontis filiam, Telamoni suo comiti dedit, ex qua natus est Teucer.

Servius, ad Aen. VIII 291

ut bello egregias idem disiecerit urbes,
Troiamque Oechaliamque,

Ut supra diximus, Troiam Hercules evertit propter negatos sibi a Laomedonte equos divino semine procreatos et Hesionae nuptias, quam a ceto liberaverat, necato patre eius Laomedonte.

Servius, ad Aen. X 91

quae causa fuit consurgere in arma
Europamque Asiamque et foedera solvere furto ?

Hercules cum expugnato Ilio filiam Laomedontis Hesionam, Priami sororem, Telamoni dedisset, profecti sunt legati cum Priamo et eam minime repetere potuerunt, illis dicentibus se eam habere iure bellorum. Unde commotus Priamus misit Paridem cum exercitu, ut aliquid tale abduceret, aut uxorem regis, aut filiam. Qui expugnata Sparta Helenam rapuit. Hinc ergo Vergilius utrumque tangit, et istam historiam quam modo diximus, et propter iudicium Paridis : quamvis fabula sit illa res et a poetis composita.


Darès le Phrygien, De excidio Troiae

[2] Iason ut ad Phrygiam uenit, nauem admouit ad portum Simoenta. Deinde omnes exierunt de naui ad terram. Laomedonti regi Troianorum nuntiatum est, mirandam nauim in portum Simoenta intrasse, et in ea iuuenes de Graecia aduectos esse. Ubi audiuit Laomedon rex commotus est, et considerauit commune periculum, si consuescerent Graeci ad sua littora nauibus aduentare. Mittit itaque ad portum qui dicant, ut Graeci de finibus eius discedant : et si non dicto obedissent, tum sese armis eiecturum de finibus. Iason et qui cum eo uenerant, grauiter tulerunt crudelitatem Laomedontis, sic se ab eo tractari, quum nulla ab illis iniuria facta esset : simul et timebant multitudinem Barbarorum, si contra imperium conarentur permanere, ne opprimerentur : quum ipsi non essent parati ad proeliandum, nauim conscenderunt, a terra recesserunt, Colchos profecti sunt, pellem abstulerunt, domum reuersi sunt.

Dès que Jason fut arrivé près des côtes de la Phrygie, il fit entrer son vaisseau dans un port à l'embouchure du Simoïs, et débarqua avec tous ses compagnons. Laomédon, roi des Troyens, apprit bientôt qu'un vaisseau d'une grandeur extraordinaire, qui portait un grand nombre de jeunes guerriers grecs, était entré dans le port du Simoïs. Vivement ému de cette nouvelle, il se représenta le danger auquel ses états seraient exposés si les Grecs s'accoutumaient jamais à débarquer sur les rivages troyens, et sans délai il leur envoya l'ordre de s'éloigner, avec menace de les y contraindre par les armes. Jason et ses compagnons furent d'autant plus indignés de cette brutalité de Laomédon, qu'ils ne s'étaient rien permis d'injurieux à son égard mais comme ils craignaient de ne pouvoir résister à la multitude des barbares, s'ils méprisaient l'ordre qu'ils avaient reçu, et que d'ailleurs ils ne s'étaient pas préparés au combat, ils remontèrent sur leur vaisseau et s'éloignèrent. Arrivés à Colchos, ils en enlevèrent la toison d'or, et retournèrent aussitôt dans leur pays.

[3] Hercules grauiter tulit a rege Laomedonte contumeliose sese tractatum, et eos qui una profecti erant Colchos, cum Iasone, Spartamque ad Castorem et Pollucem uenit. Agit cum his, ut secum suas iniurias defendant, ne Laomedon impune ferat, quod illos a terra et portu prohibuisset. Multos adiutores dicit futuros, si se accommodassent. Castor et Pollux omnia promiserunt se facturos esse, quae Hercules uellet. Ab his Salaminam profectus, ad Telamonem uenit : rogat eum ut secum ad Troiam eat, et suas iniurias secum defendat. Telamon promisit omnibus se paratum, quae Hercules uellet. Inde apud Phthiam profectus est ad Peleum, rogatque eum ut secum eat ad Troiam : pollicitusque est ei Peleus se iturum. Inde Pylum ad Nestorem profectus est, rogat eum Nestor quid uenerit. Hercules dicit, quod dolore commotus sit, uelle se exercitum in Phrygiam ducere. Nestor Herculem conlaudauit, operamque suam pollicitus est. Hercules ubi omnium uoluntates intellexit, naues XII. parat, milites eligit. Ubi tempus datum est proficiscendi, literas ad eos quos rogauerat misit, qui cum suis hominibus quum uenissent, profecti sunt in Phrygiam : et ad Sigaeum noctu accesserunt. Inde Hercules, Telamon, et Peleus exercitum e nauibus eduxerunt: qui uero praesidio essent, Castorem, Pollucem, et Nestorem reliquerunt. Laomedon cum equestri copia ad mare uenit, et coepit proeliari. Hercules ad Troiam ierat, et imprudentes qui erant in oppido oppugnare coepit. Quod ubi Laomedonti regi nuntiatum est, oppidum ab hostibus oppugnari, Ilium ilico reuertitur : et in itinere obuius Graecis factus, ab Hercule occiditur. Telamon primus oppidum Ilium intrauit : cui Hercules uirtutis causa Hesionam Laomedontis regis filiam dono dedit. Laomedontis filii qui cum eo erant occiduntur.Priamus in Phrygia erat, ubi eum Laomedon eius pater exercitui praefecerat. Hercules et qui cum eo uenerant praedam magnam fecerunt, et ad naues deportauerunt. Inde domum proficisci decreuerunt. Telamon Hesionam secum conuexit.

Hercule ressentit vivement l'affront que lui et les compagnons de Jason avaient reçu de Laomédon : dans le dessein d'en tirer vengeance, il se rendit à Sparte auprès de Castor et Pollux, et les engagea à ne pas laisser impuni l'outrage que ce prince leur avait fait, en les forçant de s'éloigner de ses rivages et du port où ils étaient entrés ; il ajouta que les Argonautes recevraient bientôt de nombreux secours s'ils épousaient leur querelle. Castor et Pollux lui promirent de faire tout ce qu'il désirait. Après les avoir quittés, il se rendit à Salamine, auprès de Télamon, et le pria de se joindre à lui pour aller à Troie venger ses propres injures : Télamon lui fit la même réponse que Castor et Pollux. Pélée, qu'il alla voir à Phtie, et à qui il fit la même demande, lui fit la même promesse. De Phtie, il s'embarqua pour Pylos où régnait Nestor. Ce prince lui demanda le motif de son voyage. Hercule répondit qu'indigné d'un affront que le roi de Phrygie lui avait fait, il avait pris la résolution de conduire une armée en Phrygie. Nestor applaudit à son dessein, et lui promit ses services. Quand Hercule se fut ainsi assuré de la bonne volonté de ces princes, il équipa douze vaisseaux, sur lesquels il fit embarquer des troupes d'élite ; et lorsque le temps lui parut favorable pour se mettre en mer, il écrivit à ces mêmes princes pour les faire souvenir de leurs promesses. Dès qu'ils se furent rassemblés auprès de lui avec leurs soldats, tous ensemble ils firent voile vers la Phrygie ; et après une heureuse navigation, ils arrivèrent de nuit au promontoire de Sigée. Sans perdre un instant, Hercule, Télamon et Pélée firent débarquer les troupes, et laissèrent un détachement pour garder la flotte sous les ordres de Castor, Pollux et Nestor. Laomédon accourut vers la mer à la tête d'un corps de cavalerie, et engagea le combat. Hercule s'était avancé jusque sous les murs de Troie, dont les habitants n'avaient fait aucun préparatif de défense. A cette nouvelle, Laomédon revient aussitôt sur ses pas, rencontre les Grecs commandés par Hercule, et reçoit la mort de la main de ce héros. Télamon entra le premier dans la ville d'Ilion : pour le récompenser de sa valeur, Hercule lui donna Hésione, fille du roi Laomédon. Les fils de ce prince éprouvèrent son triste sort, excepté Priam qui, dans cette circonstance, se trouvait en Phrygie où son père l'avait envoyé à la tête d'une armée. Lorsque Hercule et ses compagnons eurent pillé la ville de Troie, ils transportèrent tout leur butin sur les vaisseaux et mirent à la voile pour retourner en Grèce. Télamon emmena Hésione.

[4] Hoc ubi Priamo nunciatum est, patrem occisum, ciues direptos, praedam auectam, Hesionam sororem dono datam, grauiter tulit tam contumeliose Phrygiam tranctatam esse a Graiis... Deinde postquam Ilium stabilitum uidit, tempus expectauit. Ut uisum est ei patris iniurias ulcisci, Antenorem uocari iubet, dicit ei uelle se, eum legatum in Graeciam mittere : quum graues sibi iniurias ab his qui cum exercitu uenerant, factas in Laomedontis patris nece, et in abductione Hesionae pertulisset, omnia tamen aequo animo passurum, si Hesiona ei redderetur.

Lorsque Priam eut appris que son père avait été tué, ses concitoyens dépouillés ; que les Grecs avaient transporté leur butin sur leurs vaisseaux, et que sa soeur avait été donnée à un de leurs chefs, il ne put supporter l'indigne traitement qu'avait éprouvé son pays... Après avoir fait d'Ilion une forte place, il laissa écouler un certain espace de temps. Dès qu'il eut pris la résolution de tirer vengeance des attentats commis par les Grecs. contre son père, il fit venir Anténor, et lui dit que son dessein était de l'envoyer en Grèce en qualité d'ambassadeur, pour dire aux Grecs qu'il leur pardonnerait d'être entrés dans ses états avec une armée, d'avoir tué son père Laomédon, et d'avoir enlevé sa soeur Hésione, s'ils lui rendaient cette princesse.


Josephus Iscanus, Daretis Ylias, I , passim

Cursu tandem producta sereno
Labitur in portus Frigios ratis, improba pubes
Emicat et vetita certant tellure potiri.
Fama nocens subitum Segea in regna tumultum
120 Spargit et insidias populo regique minatur,
Dardana si coeant peregrine ad litora classes.
Plebs excita furit nec abest, qui Laomedontem
Intentet Danais, ultro ni litore cedant.
O superis invisa manus! Sic pignora celi
125 Crescentesque deos in sirtes cogis ?
An unam extimeas gens tanta ratem ? Sed, ceca, quid horres ?
Huc hospes, non hostis adest, cui monstra potenti
Debentur frangenda manu. Reverere Tonantem
Vel saltem cognosce hominem ! Si pendimus equum,
130 Si rerum iustis metimur partibus usum,
Omne homini commune solum. Sed iura perosus
Publica sacrilegis naturam barbarus ausis
Contrahit et proprios Frigiam phariseat in usus.
O Asie pollentis opes, o Pergama nulli
135 Tranquillo cessura deo ! Nil dura sororum
Licia, nil superi peccant, gens incola fatum
Ipsa facit, celo Frigius parcente meretur
Exilium, gladios, incendia. Pellitur Argo
Armatumque Iovem mediis exorat in undis.
140 At Danai flagrant animis poscentibus arma,
Quo rapit ira sequi gladioque ultore pudendam
Excusare fugam. Contra prudentia, turbe
Rara comes, raro Frigiam cum milite pendit.
Excipit ancipites docti tuba Nestoris aures
145 Suspensosque regit irataque pectora mulcet :
"O qui magnanimo domuistis remige fluctus,
Qui freta, qui ventos primi libastis et astra
Iratum didicistis iter non nota secuti :
Discite dura pati ! Sola est, que conterit hostem
150 Virtutesque regit, patientia; sola triumphis
Militat innocuis et honeste consulit ire
Est tempus quando, locus est ubi. Ledimur omnes,
Ledimur inmeriti patimurque indigna priores,
Ut causa meliore frui superisque secundis
155 Marte dato liceat. Non hec iniuria nobis,
Sed Danais facta est. Veniet, qui probra suorum
Ense pio redimat`. Sic fatur et accipit omnes
Delinita Thetis gremiumque exponit ituris. [...]

Non ignava gravi peperere oblivia menti
Delicie, non in sompnos elanguit ira
Amphitrioniade. Troiam bis terque resumens
270 Se vultu reserat animumque hiis asperat egrum :
"Ergo Iovem meritus cunali Marte parentem
Celestes docui mecum vagire dracones
Prevenique minas ? Pudet heu, vir, victor, adultus
Barbaricis cessi non viso milite, iussus.
275 Ergo minis frangendus eram? Proh fata pudenda !
Proh crimen superum! Fato Iunonior omni
Nescio quis fame meritum scidit. Arma tenebam
Nec deerant hostes. I nunc et prisca revolvens
privignum mirare tuum, Iovis inclita coniunx !
280 Vicisti, fateor, fugi: victoria summa
Alciden fugisse fuit. Rursusne severum
Dignere artificem nostris Euristea penis ?
Si Lernam edomui, si Cerberus ore trifauci
In scopulos, Dodona, tuos achonita refudit,
285 Si gravis Antheus gratam suspensus harenam
Dedidicit mirante Rea, si cetera mundi
Monstra triumphali potui consumere dextra,
In Frigios - dicamne viros ?- humanaque bella
Depotuisse pudet. Sed cur dare acta revolvo ?
290 Degeneri gravius accedit gloria facto.
Quin potius, seris gladius quid conferat ausis,
monstrorum domitor, reminiscere ! Pergama penas
Pendant et meritis periuros perde ruinis,
Sic Phebo liquidoque Iovi ducture triumphum,
295 Sic tibi, sic Danais ! Docilesque instare Pelasgos;
Non fugisse sciant, qui, cum potuere minari,
Et potuere pati' !'Tacitis sic questibus iram
Exacuens summos animum procudit in ausus.
Haut secus exilium grate dequestus harene
300 Armenti princeps lunatum robur in ornos
Asperat obiectas et se premensus in hostem
Ocia dura gerit et prelia pulcra figurat
Fronte furens pulsasque pudet non frangere silvas.
Inde thoro meliore redit veteremque repulsam
305 Excusans victor regnat lauroque superbit.

Apparatus Herculis ad bellum
Vix primos belli motus libraverat heros,
Et iam Fama loquax rapiens ex aure potentum
Quod serat in vulgus, pavidas quod spargat in urbes,
Prelia mota canit. Illamne nocentis Averni
310 Progeniem celine rear, que murmura rerum
Occulta extenebrat redditque latentia luci?
Immo quis e supera contendat pace creatam
Turbatricem hominum, que sancta silentia regum
In mundi perfert aures et plebis in ora
315 Dissipat archanum cure furata silentis !
Haut mora, non iussi lituis, non ere vocati.
Conspirant ad bella viri; sed et arma tumultu
Plebs rapit et vibrans, quos non bene noverat, enses
Ingenue irasci discit multumque minatur,
320 sed factura parum. Terit hic in frena iugales
Non longum mansurus eques; rapta ille superbit
Casside, at impatiens captos decrescere visus;
Hii suras riguisse stupent; hii pondere victi
In clipeos nutant; pars barbara regna lacessit
325 Litigiis audax et citra prelia fortis,
Obiecto secura freto. Gemit anxia matrum
Turba nec infaustis solatia mesta querelis
Ire negant lacrime, lacrimis certatur et omnem
Excessisse putat flendi parcissima luctum.
330 Hec inter medios enses timet, illa Caribdim
Incurrit ; pietas numquam secura quiescit.
Mens o prona virum ! Non hec suspiria virtus
Infracta admittit, non dant complexibus artus,
Oscula non iterant, ne vel sic bella morentur,
335 Vix memores dixisse ,vale'. Mulcetur alumnus
Fatorum Alcides et spe meliore superbis
Assidet inceptis. Fremitu navalia fervent,
Egeosque sinus ter quino remige frangit
Lecta cohors totidemque movet per cerula pinus.
At Nothus incumbens humeris puppique sequaci
Ducit inoffensam Simoentis in hostia classem.[...]

Bellum Herculis et Troianorum
Puppibus emigrat primus Thelamone secundo
Larisse pollentis honos, cui cerula nupsit
Nereis amplexus non aspernata minores
345 Mortalemque thorum, quo principe gloria spirat
Mirmidonum, quem tota suis obnoxia fatis
Dorica castra canunt. Danais hic debet Achillem,
Aiacem Thelamon, equale in Pergama fulmen.
Dividit ergo acies equi libraminis instar
350 Alcides: pars in Frigios armata penates
Iam dictos sortita duces, pars cura relicte
Classis disponit cum Nestore parsque secuta
Amphitrioniaden sociis partitur utrisque
Excubias hinc inde suas. Sic agmine trino
355 Consulitur bello. Patriumque armaverat
Orbem principis edictum Frigii, ruit omnis in arma
Barbaries; flammisque rates consumere fisus
Et Danaos sparsurus aquis ad litora Martem
Dux migrare iubet, paretur et ocius omnes
360 fluctibua insiliunt. Solite nil tale timere
Nereides visa arma stupent horrentque tumultum.
Hii telis instant, alii face : pectora telum,
Fax puppes iniecta petit; cunabula Mavors
Cypridis infestat armis et Lemnius igne.
365 Tunc primum beJlis rubuit mare ; sanguinis illas
Murex hausit opes, quas nondum oblitus in annos
Presentes meminit regumque evpendit in usum.
Scylleos nova preda canes ad funera mesti
Gurgitis invitat, coeunt latrantibus undis
370 Monstra sinus Siculi, dehinc hausto nectare diro
In freta sparguntur similem venantia potum.
At fremitu accepto Nereus excussus ab antris
Mutatis horrescit aquis fontique relapsus
Nascentem explorat Urnam visoque meatu,
375 quem genitrix Natura dedit, securior exit :
"Immo agite, immisso bellum consumite ponto,
Dii si qui undarum, rapteque Atlante repulso
Evolvantur aque ! Fatis iniuria prima
Excusanda fuit, an et hos impune furores
380 Ferro iuvat? Misero complutus sanguine pontus
Spumat et ìncensum fumat mare. Scilla Caribdim
Excitat et nostris pinguescunt monstra ruinis.
Si neutros superesse ratum, si iudice causa
Elicitis penas, Frigios periuria mergent,
385 Exemplum, sceleris Danaos. Que iam mora, segnes?
Pronius in facinus tardis ultoribus itur`.
Ardua iam trepidis murorum septa catervis
Yliace cinxere manus. Stat Dardana pubes
Pro iugulis armata suis; nec enim invida regni
390 Ambitio ludit pugnas, sed et ira mineque
Et non extorti per vulnera cruda furores
Bella cient hinc inde odiis flammata superbis.
Primis in adversos librata cuspide muros
Torquet equum Peleus fractaque accenditur hasta.
395 "Hac`, ait, hospiciis aditus et inhospita tecta
Pulsanti reseranda manu. Nos urbe fruamur,
Portu alii`. Dixit cunctique instare Pelasgi,
Ceu belli tunc causa recens nec tempore longo
Ira minor. Minus accendant in prelia mentes
400 lussa, tube, prornissa, preces. Asperrima cernas
Bella geri. Non precipites telluris hiatus,
Non undas timuere viri, sibi quisque videri
Dux aliis milesque sibi. Pars cratibus instat
Continuas molita vias vallemque profundam
405 Molibus iniectis vincunt, pars aspera clivi
Impaciens hesisse subit. Iam copia muri,
Iam silices laxare licet, sed desuper urgent
Dardanide incussasque trabes et saxea volvunt
Fragmina, pars iaculis audax, pars aspera flammis
410 Flagrantes invergit aquas. Septum arbore Dimmus
Affectabat iter fixoque in menia vultu
Heserat; hunc latices decalvavere profusi
Fulmineique imbres, nudum spoliatur utroque
Crine caput penetratque fluens in viscera vulnus.
415 At testudineo Thelamon defensus amictu
Occultum furatur iter silicumque tenorem
Ere domat iamque in preceps pendente ruina
Cedit et effracta tandem prior urbe potitur.
Interea flammis populari vela parantem
420 Percellit vox dira ducem : Cui, strenue ductor
Dardanidum, cui bella geris? Civesne perosus
Monstripari pacem pelagi sancire laboras
An pavidis proíugisque instas et, ne qua superstes
Sit fuga, consumis classes? Propioribus ausis
425 Intendere manus hostes, huc lumina flecte
Atque urbem miserare tuam !` Vix credulus heret
Laomedon cernitque tamen. iam Pergama rumpi,
Stare hostes, nutare Friges. Rapit ocius agmen
Attonitum bellique rudis non colligit alas,
430 Sed sparsis properat signis. Quem prepete gaudens
Excipit occursu Tirynthius, "Hiisque, ait,olim,
Cum premerent portus optataque litora fessi,
Exilem telluris opem tenuemque negasti,
Seve, moram spreta pacis cum fronde Minerva.
435 Sume vices : rediit hostis, qui venerat hospes`.
Sic fatur strictoque ducem transverberat ense
Thoracisquo moras clipeique umbramina raptim
Dissipat atque animam tot defensoribus usam
Elicit et Stigios iubet irrupisse penates.
440 Fit fuga Dardanidum mactato principe. At hostis
Civiles predatur opes, pars cedibus iras
Innumeris explere sitit. Vox regia tandem
Castigat rapidos Danao grassante tumultus :
"Parcite, victores Danai, compescíte dextras !
445 Labe pari peccat, pariter crudelis uterque,
Qui cunctis parcit et nulli Nobilis ire est
Citra iram punire reos. Iam copia regni,
Urbs cecidit, cessit hostis; cesoque tiranno
Ut miseris .faciles,Graiorum exempla secuti,
450 Esse Friges discant, damus ultro rura colono,
Castra viris, pontum nautis et civibus urbem.
At pereat, dira si quis de stirpe superstes,
Hanc quoniam delere iuvat'. Sic fatur et ecce
Amphitus, Ysiphilus, Volcontus et inclita vultu
455 Hesione sevis vincti post terga cathenis
Traduntur ducibus. Hii dira in funera rapti,
Hec, Thelamon, tibi preda datur, quod Pergama victor,
Quod prior effractam. facilem das hostibus urbem.
Ilicet Argolici preda Hesioneque potiti
460 lncumbunt pelago laurumque, insige triumphi,
Puppibus exponunt penetrantque ad sidera plausu.

Reditus Priarmi ab orientali Frigia
Hiis aberat Priamus aliam servatus in iram
Fatorum casusque alios. Cui Marte secundo
Eoos populata Friges victoria leta.
465 Faverat et reduci comites plausere triumphi.
Dura hominum Lachesis ! Sors perfida ! Luditur anceps
Imperium : Priamus natales ampliat agros,
Troia ruit; sceptroque novus dum queritur orbis,
Sceptri nutat honos; faustos in regna meatus
470 Fata dabant, reduci sed dira, set aspera donis
Invidit Fortuna suis, que, cum ardua donet,
Gustatos graviore favos ulciscitur ira.
Iamque, urbis trepido conspectum pectore ductor
Hauserat, occurrit luctus visumque salutat
475 E muris manuum plausus lacrimabilis. Horror
Aggreditur turbatque ducem totamque pererrat
Infelix planctus aciem. Stant undìque cives
Solanturque suam Priamo spirante ruinam.
Ille autem, licet interno compluta dolore
480 Corda gemant, vultu lacrimas castigat adultas,
Ut saltem speret ducis ad solatia vultus.
Nam summe miser est, cui nec sperare relictum est.


Dictys de Crète, Ephemerides belli Troiani, IV, 22

[Antenor Graecos de pace consulit] « Semper, ait, principes Troiae poenam ob male consulta diuinitus cousequi ». Dein subiungit « Laomedontis aduersum Herculem famosa periuria, insecutamque eius regni euersionem : qua tempestate Priamus paruulus admodum, atque expers omnium, quae gesta erant, petitu Hesionae, regno impositus est... Caeterum se eadem stirpe qua Priamum, Graecis coniunctum, animo semper ab eo discerni. Hesionam quippe Danai filiam, Electram genuisse, ex qua ortus Dardanus Olizonae Phinei iunctus Erichthonium dederit : eius Tros, dein ex eo Ilus, Ganymedes, Cleomestra et Assaracus, atque ex eo Capys Anchisae pater : Ilum dein Tithonum et Laomedontem genuisse : ex Laomedonte Hicetaonem, Clytium, Lampum, Thymoetem, Bucolionem, atque Priamum genitos ».

Anténor prit la parole et dit : Que les princes Troyens s'étaient toujours ressentis des effets de la colère des dieux, parce qu'ils l'avaient mérité par leur conduite odieuse. Il ajouta que d'abord le parjure de Laomédon envers Hercule avait été suivi de la prise de Troie ; qu'à la demande d'Hésione, Priam encore enfant, et qui par conséquent n'était nullement complice du crime de Laomédon, avait été établi roi de la contrée par Hercule... Que quoiqu'issu de la même famille que Priam, il s'était pourtant toujours regardé comme allié aux Grecs, et avait toujours différé de sentiment avec ce prince injuste ; que d'Hésione, fille de Danaüs était sortie Electre, qui avait donné le jour à Dardanus ; que celui-ci, de son mariage avec Olizone, fille de Phinée, avait eu Erichtonius, père de Tros, dont les enfants furent Ilus, Ganymède, Cléomnestre et Assaracus ; que de ce dernier était sorti Capys, père d'Anchise ; que d'Ilus étaient nés Tithon, Laomédon, et de Laomédon, Hicétaon, Clytius, Lampas, Tymétès, Bucolion et Priam.


Benoît de Sainte Maure, Roman de Troie en prose

2 bis. [Le non et qui fu celi qui la cité fonda. ]
En si beau leuc et si delitable et en la marche de tant noble pais la planta li rois Tros et l'apella Troye par son nom. Cist Tros fu de la lignie Sem, le fil Noé. Et tant ala puis d'oir en oir que Laomedon en fu roi, qui fu perez Priant, au tens dou quel Troye fu destruite finalment. Si avés entendu coment Troye fu en noble païs et en bone marche por assembler illeques genz de toutepars dou siècle par mer et par terre.

9. Coment Jason ariva en la terre Laomedon.
Quant vint au novel tens, la nef fut toute apareillie et garnie de viande et de cen qui covenoit, et fu apelee Argo por le non d'Argus qui faite l'avoit. Jason se recuelli dedens et Hercullès, et aveuc eauz toute leur compaignie ; et tant siglerent par jor et par nuit que il vindrent au port de Troye, dont Laomedon estoit roi et sires,~ et maintenant descendirent a la terre, com ceaus qui desiranz en estoient. Et quant il furent au port descendu, que auques estoit près de la ville, et ilueques se refrechissoient, coin ceaus que grant volenté en avoient, la novelle vint au roi Laomedon, et tantost l'en li fist a savoir, que Grizois estoient arivez en sa terre sans congié. Et il fu de grant sens, si redouta moût le péril que avenir li poeit, se cil de Grèce apreïssent a venir en son païs, si lor envoia un message, a qui il encharja la parolle. Cil vint au port ou il trova les Grizois, si lor dist son message en tel manière. « Beauz seignor, fist il a Jason et a ses compaignons, li rei vos mande et prie que vos li voidiés sa terre, quar vos i estes entrés sans son congié, ne il ne set por quoi. Aies vos ent, quar, s'après son defens vos i estes trovés, vous ne ferois pas que cortois ; car, sans faille, il redoute moût vostre soudaine venue ».

11. Que Jason respondi al message. (= v.961-1215)
Jason oï la défense et le mandement dou roi, si en ot grant honte, et au message respondi : « Est cen que nous deùssons estre heriourés et servis comme estrange gens, si comme nous eûssons fait a lui, se il fust en nostre païs venus, et il nos a congeé si orguillousement. Or vos en aies et dites li que nous ferons ce que il nos commande ; mais seùr soit il que nos n'oblierons pas ceste honte ». Tout autretel respondi Hercullès et tant plus : « Vai et di a ton saignor que, ançois que un an passe, nos enterons en sa terre sans son congié en tel manière que moût li grèvera, et si ne le pora amender ».

12. Que le message lor respondi.
Li message leur respondi : « Biauz seignorz, laide chose est de manacier, mais toutes voies vous ai ge dit mon message, si poés demorer se il vos pleist ; mais je vos lou que vos vos en aies ». Atant se parti, et cil demourerent moût courouciés ; et se il en eussent le poër, il l'amendassent volentiers. Mais toutefois s'en revindrent a lor nef et se partirent de la terre, et moût regretoient la honte que Laomedon lor avoit faite. Et tant alerent qu'il ariverent a Colcos... Et si ne parlerons plus de li, ançois dirons de Jason et Hercullès et de leur compaignie, qui se vindrent en Grèce an grant joie et moût furent bien recuillis de leur amis. Et li rei Pelleùs meïsmes les conjoï moût et ne moustra pas que il fust coureciés de la venue de son neveu, quelque voloir que il eûst.

24. Come il furent au parlement.
Quant la chose fu reposée, cil firent assembler tous les princes dou pais et distrent le grant outrage que cil de Troie lor avoient fait et quoment il les avoient honteusement congeés de leur terre. De ce furent trestuits moût dolent et iriés, et jurèrent que il vengeroient cest mesfait, coment que la chose doie aler. Meïsment Hercullès en fist grant parolle et moustra a ses amis le grant outrage des Troyens ; et s'en ala a Parte, ou il trova Castor et Polus ; et après s'en ala a Salemine, ou il trova Thalemon, et a Peleùs meïsmes en dit il assés; et tant sarmona et dist a ces princes que trèstous les a esmeûs contre les Troïens. Et proposèrent de commencier la guerre si tost come leus et tens en fust, si ont appareillies trente nés moût bien garnies de toutes choses.

25. Com il ariverent a Troie.
Quant vint le novel tens, Hercullès, qui tous les avoit semons, manda par tous les pais as princes et as barons, qui moût tost furent venus toz appareilliez. Et se mistrent en mer, et tant avient qu'il vindrent a la terre que il desirroient. Et quant il virent le pais de loing, si baissierent lor voilles et demourerent tout le jor. Et quant le jor s'en fu aies et il fist bien oscur, si se traient vers le port et ancrèrent lor nés et enchastelerent bien et enbataillerent, si comme il avoient mestier, et les trèstrent moût près de terre, por ce que se aventure lor donast le peior de la bataille, que les nés lor fussent fermeté et chastel.

26. Que Peleùs parla.
Après ce que la lune fu levée, li baron et li haut home issirent tout hors des nés sus le sablon por tenir lor parlement. Pelleûs parolle avant et dit : « Oiez, fait il, beauz saignors, il n'a gens au monde qui tant aient faits d'armes com nos avons et qui tantes victoires aient eues ; et tant avons conquis et tant fait que par tout le mont acroist nostre renomee. Or est il voirs que nos somes en cest pais entrés por vengier nostre honte que ceste gent nos ont fait, si doit chascun penser que la chose vieigne a tel chief que nos aions la victoire. Et por ce vos veul je moustrer trois choses qui bien sont a esgarder. L'une si est de prenre venjance dou tort et de la honte qu'il nos firent, quant il nos congeerent si laidement hors de lor pais. L'autre si est dou damagier la terre en tel manière que jamès ne vos puissent riens mesfaire ; et je sui certain que de ce avons nos grant pooir, se faire le volons. La tierce est que je vos faiz a savoir qu'en tout le siècle n'a si riche ville d'or et d'argent et de dras de soie et d'autre richece, si que tous tens nos et nos hoirs en serons riches et manant, et toute Grèce en avra ode miez jusqu'à mil ans. Or n'i a que demourer, quar la nuit s'en vait. Armons nos et devisons et partons nos gens et nos batailles par tel sens et par tel manière que l'onor en soit nostre et li domages de nos anemis. Et qui veut autre dire, si soit entendus ».

27. Si come Hercules parla.
Hercules parla et dist que bon conseil avoit doné le rei : « Faisons armer nos gens et une partie s'en voise vers Troie et l'autre demoure a la navie. Thalamon ou toute sa gent et la nostre chevacherons avant, et vous s venrés après, et nous nos enbucherons plus près des murs : les autres, quidemouront ici, se partiront en trois eschielles. En l'une sera le rei Nestor, en la seconde Polus et en la tierce Castor son frère. Et je croi que, quant les Troyens les verront, il istront hors atout lor esfort por combatre a ceuz, et la cité remaindra toute voide, et vos maintendrés la bataille contre eaus. Et nos istrons hors de nostre enbuchement et sans nul contredit enterrons en la ville. Quant nos avrons les portes saisies et garnies de nos chevaliers, si lor vendrons par derieres et les enclorons en tel guise que, se il voississent a la ville retorner, il les convendra passer par nos mains. Et ensi les avrons trestous mors et pris, et ce est li miaux que je i voie ».

28. Si com il s'armèrent tous.
Moût fu cest conseil loés de tous, et maintenant s'armèrent trestuit et devisèrent lor gens. Si chevacha tout avant Hercules et Thalamon, et bien orent en lor compaignie deus mile chevaliers ; et Pelleûs après, atout trois mile chevaliers trestous montés, lor enseignes beissies. Et avant que li jors fu venus, s'embucherent au vergier delés la ville, qui moût estoit espés, si com il sunt entour le novel tens : et por ce ne les porent cil de la ville aparçoivre. Et quant le soleil commencha a espandre ses rois par mi la terre, li païsant de la contrée virent ces gens et la navie, et les enseignes venteler contre le vent, si devés savoir que moût furent esfroiés. Li cri lieve par le païs et le resson grant et orrible, et s'en vont fuiant is par bois et par montaignes et par repostailles et par boissons. En la cité meïsme commencha li cris, quar li plus hardi n'estoient mie bien asseùr.

29. Si com li rois Laomedon soit la venue des Grejois.
Li rois Laomedon, quant il oï dire que li Grigois estoient retornés por son païs destruire, maintenant s'arma a tant de gent comme il pot et s'en issi hors de la ville contre ses henemis; et tantost comme il les chosirent, les alerent ferir, et il les rechurent bien et hardiement. Et quant il orent lor lances brisées, si mistrent main as espees. La poïssiés veoir froissier heaumes et esquarteller escus et chevaliers cheoir mors de lor chevaux et destriers aler sans leur meistres par mi le sablon. Nestor et sa compaignie les encontrerent premièrement, que grant pièce mentindrent l'estor avant que Castor i fust venus li et Polus ; mais des que ces deus virent le grant besoing, si commencierent vigourousement a requerre lor anemis.

30. Coment Grezois guerpirent la place.
De ceaus de Troie devés savoir que moût se force chascuns de bien faire et estrangement domagirent lor enemis, et onques de celé place ou il s'asemblerent ne guerpirent plein pié tout le jor, et adès creissoit lor gens. Si veïssiés descendre enseignes par mi valees et par mi montaignes, dont li Grizois furent moût esbahis, que il resortirent plus d'une grant abalestree vers la mer. Et se ne fust le conroi Polus, desconfit fussent. Meis quant il vindrent, si veïssiés le jeu renoveler et gens ocirre a grant dolour.

32. Come le roi conforta sers gens.
Quant le rei l'entent, si fu moût dolent et espoëntés, jasoit ce que il n'en fist semblant, ains dist a ceoiz que estoient entor lui : « Ore est l'eure venue, beau seignors, que nostre vertu ier esprouvee. Nos ne devons penser d'aler vivre en autre terre, quar nostre vie seroit honteuse : miex nos vaut a morir en défendant nostre pais honourablement. Et se fortune nos consent et nos soit si debonaire que nous ceste vil gent peûssons destruire et délivrer nostre pais, plus grant gloire ne porïons nos avoir. Or i para que nos ferons ».

33. [Coment Hercules ocist li roi Laomedon].
Adonc se fiert entre ses annemis dolens et couroucié et fiert et abat quant qu'il ataint ; mais tout ce ne vaut rien, quar il voit venir par deriere lui Hercules et sa gent ociant et abatant quant que il ateignoit, comme cil qui estoit tous freis et li Troïens las et traveilliés. Si seoit Hercules sus un merveillous cheval, le bran d'acier en sa main, dont il feisoit droites merveilles ; quar mainte fois avenoit que il copoit tout le cheval oultre, et faisoit d'un chevalier dous moitiés, si que il ne trovoit nul qui a cop l'osast atendre. Si a tant aie qu'il encontra Laomedon et li done tel cop que il li fist la teste voler devant tous les siens. Et quant les Troïens virent lor seignor ocis, chascun fu desconfit et se mistrent a la voie. Mais li Grizois lor vindrent a l'encontre et les ocient a lor volenté.

34. Si come Grijois entrèrent en la cité de Troie.
Quant la bataille fu finee, si entrèrent en la cité sans contredit, quar il ne troverent que femes et enfans, et le cri et le plour estoit moût dolereus. Les femes coroent esperdues et ploranz, lor enfans entre lor bras, parmi les rues et par les places et fuioient a garant par les mostiers. La peùssiez veoir maintes dames et puceles qui ne savoient que devenir, et onques si grant dolour ne si cruel domage ne tel honte, come il tous en faisoient, ne vos poroit nus hons retraire. Si demourerent bien un mois après, et maint bel trésor d'or et d'argent et de vaisselement et de drap de soie i troverent, si que il furent tous encombrés du porter. Et puis ardirent et abatirent toute la ville, que onques n'i demora maison entière ; des femes firent lor volenté, si en menèrent en lor pais Exiona, la fille dou rei. Hercules la dona a Thalamon, por ce que il entra le premir en la ville, et il ne le deigna onques espouser a feme.

35. Si come il retornerent en Grèce.
Quant il orent toute la ville destruite et tout le pais essillié, si s'en retornerent en Grèce a moût grant joie, si sacrefïerent a leur dieus et firent grant feste, quar assés avoient de quoi, que jamais povre ne seront de la richesse qu'i troverent a Troie.


La première destruction de Troie par les Argonautes est aussi évoquée dans l'Istorietta troiana. Les Argonautes partent pour Colchos et font étape à Troie, mais Laomédon refuse de les héberger. Jason et Hercule, après la conquête de la Toison, reviennent à Troie pour se venger et la détruisent. L'Istorietta suit fidèlement le récit de Darès et Benoît de Sainte Maure.

Anonyme - Istorietta troiana

Molti sono che dicono che Giason fue il primo uomo che entrò innalto mare. E siccome elli ella compangnia sua furono innalto mare, silli prese una forte tenpesta che molto gli menò per diverse contrade. Ma poi che il mare fue appaciato, silli portò fortuna al porto di Troia, della quale città era chiamato il re Laomedon ed era molto innanzi di tenpo. Il quale avea uno fìlgliuolo che era chiamato Priamus, che era coronato d'uno grande rengno per la forza Laomedon, ed era in quello reame in quel tenpo che Giason arivò colla sua conpangnia al porto di Troia a guerreggiare uno forte castello, il quale egli avea preso e ritornava a Troia con bella compangnia. Poi che Giason essua compangnia furono arivati, si uscirono della nave nobilemente vestiti e parati e prendeano aria ed agio siccome gente affannata del tormento del mare. E in tale maniera diportandosi, uno grande prenze della città di Troia con sua compangnia andava affalcone e vidde gli Greci alla marina che detta avemo in sue la riva. E in quel tenpo erano li Greci di tanta nominanza chettutte le contrade intorno di loro aveano soggiogate, onde molto erano temuti. Quando quel sengniore di Troia gli vidde, incontanente si tornò in di Troia avea lor fatta ; della qual cosa tutti li baroni furono fortemente irati e promisero loro aiuto eccompangnia e dissero d'andare colloro per vendicare ciò. E sanza dimoro assenblaro quanto poterono di giente co maravilglioso navilio eccon grande forza d'arme e giunsero al porto di Troia, e quando si faciea die isciesero in terra e montaro accavallo e andaron verso la città. E Ercules disse loro : « Sengniori, noi dovemo sapere chelgli Troiani sono cavallerosa giente e dotta, per che io lodo chella metade di nostra giente e io colloro insieme ci ripongniamo nascosamente anzi che quelli della cittade se n'aveggiano. Ettu, Giason, coll'altra metade, ad alte grida, a spiegate bandiere andrai verso la terra ; e quando gli Troiani usciranno fuori e voi lasciatevi cacciare tanto chennoi entriamo tralloro ella cittade, ennoi poi correremo verso quella, della qual cosa se troveremo le porte aperte sì entrerremo dentro e penseremo d'abbattere irrigolglio de' nemici : esselle porte fieno chiuse sittorneremo e percoteremo loro addosso ». Eccosì s'ordinò e fece. Quando gli cittadini sentirono e videro la giente armata presso della terra, si 'l fecero assentire al re Laomedon e irre fece armare sua giente, ed egli medesimo s'armò. Vero è che irre Priamo nonnera ancora tornato dell'oste ove ito era colla milgliore e maggiore parte della cavalleria di Troia. Ma quando il re Laomedon fue armato con quella gente che nella città era, fece per suo folle ardimento e orgoglioso cuore aprire le porte della cittade e percossero a' Greci e quegli gli ricevettono vigorosamente con grande occisione d'una e d'altra parte. E incontanente che tutti li Troiani furon tutti della città usciti, anzi chelle porte fossero richiuse, Ercules ella sua compangnia, chennascossi erano, entraro nella terra e uccisero sanza pietà quanta giente vi trovaro. Ma irre Laomedon si combattea di fuori con Giason vigorosamente, non sappiendo il grande danno che Ercules faceva dentro nella cittade. Allora uno cavaliere della cittade venne infine arre Laomedon, ed era ferito d'una lancia per lo corpo e d'una spada nella testa e d'una saetta per lo fianco, il cui asbergo era tutto dirotto e smagl[i]ato, lo scudo squatrato e 'l cavallo istraccato e lento, e disse forte come egli poteo : « A[h]i, re Laomedon, in mala ora uscisti oggi fuori della cittade ! Mai non si ristora il danno che oggi ài ricevuto: li Greci sono dentro alla cittade, chettagliano, uccidono e dironpono, ennon risparmiano né piccolo né grande, vecchio né femina ». Ecciò diciendo cadde morto appiè de[r]re Laomedon. Ecciò veggiendo il re, lo cuore gli afflammò d'ira, di maltalento e di dolore e fecie le bandiere volgiere verso la cittade. Macciò non montò guari, che Ercules gli venne allo 'ncontro e diegli sì grande colpo della spada, che dallo 'nbusto gli partì la testa. Quando il sengnore fue morto, piccolo ritengno ebbe sua giente, che quasi tutti fuoro morti. Or fu laccittà presa, tagliata la giente, le pulcielle rapite, gli garzoni presi, effue presa la figliuola derre Laomedon, la quale domandò uno giovane di Grecia in guiderdone di ciò ch'elli fue lo primo chennella cittade entrò. Ella gli fue volentieri data, della quale poi naqque Aiax, che si fue uno valente cavaliere e poi fece grande danno, avengna chennol dovesse fare, però che nepote era derre Priamo. In tal maniera fue la prima volta distrutta la città di Troia.

Quando la città fue distrutta, come detto avemo, tutti ritornaro in Grecia. E quando Priamo, filgliuolo derre Laomedon, fue ritornato dell'oste, vidde come Troia era distrutta e il padre morto essua suora rapita. Giunto a Troia fecie maravilglioso duolo ; poi pensò e prese consilglio di rifare la cittade piùe bella e più forte assai che dinanzi.


Guido delle Colonne, Historia destructionis Troiae , l. II passim

... Subsequenter describit ystoria quod, Iasone et Hercule cum suis in portu quiescentibus Simeonte, de eis ad Laumedontem, Troyanum regem, fama peruenit quod gens quedam Troyanis incognita, scilicet gens Grecorum, nouo remige Frigias partes intrauit exploratura forte archana regni Troyani uel potius Troye prouinciam uastatura. Erat autem diebus illis Troya non tante magnitudinis qualis fuit postmodum de nouo firmata, et in ea regnabat tunc rex predictus Laumedon nomine, qui, sumpto dampnoso consilio (quod utinam non fuisset !), legatum suum in comitiua multorum ad Iasonem destinauit. Quo ad Iasonem ueniente legationem suam explicat in hec uerba: « Rex Laumedon, huius regni dominus, de aduentu uestro ualde miratur quare terram suam intrauistis ab eo licentia non obtenta, cuius est intencio sub tranquilla pace eam tenere. Hoc instantissime mandat uobis ut incontinenti debeatis terram eius exire ita quod adueniente die sequenti sciat vos ab omnibus terre sue finibus recessisse. Quod si mandatorum suorum uos sentiat contemptores, pro certo noueritis ipsum iubere suis in offensionem vestram irruere in depopulationem rerum et uestrarum dispendium personarum ».

Postquam uero Iason totam seriem legationis audiuit, in ira et dolore cordis exacerbatus intrinsecus, antequam ad legationis dicta uerba mutua retorqueret, conuersus ad suos sic loqutus est eis : « Laumedon rex, huius regni dominus, mirabilis dedecoris iniuriam nobis infert cum absque alicuius offensionis causa nos eici a sua terra mandauit. Itaque si eum regia nobilitas animasset, nos mandare debuit honorari. Nam si casus similis illum in Greciam adduxisset, sciuisset sibi illatum a Grecis non dedecus sed honorem. Sed ex quo magis sibi dedecus quam honor applausit, nos etiam applaudamus et illi ut ab eius regni finibus recedamus, cum posset contingere et leue sit quod eius enorme consilium sit carissimo pretio redempturus ».

Deinde continuatis uerbis conuersus ad nuncium dixit : « Amice, legacionis tue uerba diligenter audiuimus et dona que per regem tuum nobis more nobilium sunt transmissa recepimus sicut decet. Deos nostros in Dei ueritate testamur non ex proposito terram tui regis intrasse ut offensam ingereremus in aliquem more predonio uiolentiam illaturi, sed cum ad remotiores partes conferre nos superius intendamus, necessitas in hunc locum diuertere nos coegit. Dic ergo regi tuo nos de sua terra recedere, scituro pro certo quod etsi non per nos, poterit forte per alios, qui presentem iniuriam nobis illatam audierint, condecentem gratiam obtinere ». Hercules uero uerbis Iasonis non contentus regis nuncio refudit hec uerba : « Amice, quisquis es, regi tuo secure referas quod ad plus die crastino de terre sue statione penitus discedemus, sed sequentis tercii anni dies non erit exitura, dic illi, qua nos uidebit, si uiuet, in terram suam, uelit nolit, ancoras iniecisse et de danda nobis tunc recedendi licentia non erit sibi plena libertas, cum talis litis ad presens inchoauerit questionem quod priusquam de ea possit spe-rare uictoriam, ignominiosi dedecoris pendere deprimetur ». Cui regis nuncius respondendo sic dixit : « Turpe satis est nobili et precipue strenuo minarum sagittas emittere nec michi qui sum missus est commissum a rege ut erga uos litigiosis uerbis insistam. Dixi uobis que michi commissa fuerunt ; si sapienter agere placet uobis, do consilium bonum ut ab hac terra recedere non sit graue priusquam possitis incurrere grauiora, cum leue non sit personas perdere que se possunt consilio salubri tueri ». Et post, a Grecis petita licentia, suum remeauit ad regem. Iason uero et Hercules, nulla mora protracta, Phylotete uocato, iubent ancoras a mari subtrahi et omnia colligere que in terram adduxerant causa quietis. Sciebant enim, si uoluissent in Frigios insultare, non esse eis in congressu pares, in uiribus nec in potentia fortiores. Arghon ascendunt et, eleuatis velis, diis ducibus, Frigia deserunt litora...

Liber quartus, passim

Hercules autem qui ipsius negocii, ut dictum est, totum onus assumpsit, cupiens ipsius negocii fidelis esse minister et solicitus executor, uersus Spartem impiger iter accellerat, non quiescens. Erat enim Spartem quedam prouincia de pertinentiis Romanie regnum effecta. Et duo reges fratres regnabant in illa, quorum unus Castor et alius Pollux denominacionibus propriis uocabantur. Hos fratres dogmatizauerunt poete fuisse filios Jouis, susceptos sibi ex Dampne, speciosissima mulierum, a qua etiam Helenam finxerunt conceptam, sororem uidelicet regum ipsorum. In cuius Helene conceptione testati sunt fabulose poete Iouem in oui similitudine concubuisse cum predicta Dampne. Vnde quidam : « Iupiter, inquit, ouo quia Tyndaris exit ab ouo, vocans Tyndarim ipsam Helenam a quodam loco dicto Tyndare ». Hunc locum dicunt quidam esse in Sicilia ex parte septentrionalis plage, in facie Eolicarum insularum, non longe multum a ciuitate Messana. In quem locum dicti poete dixerunt Theseum predictam Helenam asportasse, a patria sua raptam dum adhuc flore uiresceret puellari. Vnde Ouidius in epistola Canace sic improperauit Paridi :

Tyndaris infestis et cetera.

Et subsequenter adiecit :

A iuuene et cupido credatur reddita uirgo? et cetera.

Ad hos igitur fratres reges Castorem et Pollucem accessit Hercules, deuote rogans illos et monens ut in potenti brachio in Troyani regis dampna secum potenter accedere non postponant. Qui reges in multa affectione uerborum et in uoluntate non ficta ipsi Herculi predicta unanimiter annuerunt. Eodem igitur Hercule ab eisdem regibus fratribus iocunda obtenta licentia accelerat Saleminam. Erat enim Salemina quedam prouincia, regnum effecta de continentiis ipsius Grecie seu partibus Romanie, in qua regnabat tunc rex Thelamon, vir utique multe strenuitatis et animositatis in bello. Ad quem dum peruenit Hercules, cum multa iocunditate fuit receptus ab eo. Hercules igitur ipsum uerbis amonet precatiuis ut secum et cum aliis regibus Grecie qui secum apud Troyam accedere promiserunt ad regis excidium Laumedontis uenire dignetur. Thelamon autem rex uerbis annuens Herculis cum eo et aliis ducibus Troyam etiam in instanti uenire promisit. Et ab eo Hercule discedente reuersus peruenit ad Pelleum, quem monet precibus et ortatur vt quoscumque poterit de maioribus regni sui moneat Troyam accedere cum iam dictis regibus et seipso. A quo Hercules satis ilariter impetrato auxilio mox discessit ab ipso et apud Pilon cum festinancia declinauit. Erat et Pilon quedam prouincia de ipsius continentiis Grecie, in qua tunc dux Nestor dominium potenter agebat. Cui dum Hercules explicasset sui causam aduentus, annuit Nestor cum eo se uidelicet gratanter iturum in multa suorum militum comitiua. Erat igitur dux Nestor ipsi Herculi longe intime amicitie dulci caritate coniunctus et ideo graciosius et facilius anuit uerbis eius. A quo Hercule discedente iterum peruenit ad Pelleum, qui cum uiginti nauibus onustis militibus iam accinserat se ad iter, predictis regibus tunc conuenientibus cum eodem in portu Thesalie ut deinde simul apud Troyam se, diis fauentibus, salubri nauigatione conferrent.

Tempus erat quod sol maturans sub o(b)liquo zodiaci circulo cursum suum sub signo iam intrauerat arietis, in quo noctium spatio equato diebus celebratur equinoctium primi ueris, tunc cum incipit tempus blandiri mortalibus in aeris serenitate intentis, tunc cum dissolutis niuibus molliter flantes zephiri crispant aquas, tunc cum fontes in ampullulas tenues scaturizant, tunc cum ad summitates arborum et ramorum humiditates ex terre gremio exhalantes extolluntur in eis, quare insultant semina, crescunt segetes, uirent prata uariorum colorum floribus illustrata, tunc cum induuntur renouatis frondibus arbores circumquaque, tunc cum ornatur terra graminibus, cantant volucres et in dulcis armonie modulamine citarizant. Tunc quasi medium mensis Aprilis efluxerat, cum mare, ceruicosa fluctuatione laxata, iam undas equauerat factum equor. Tunc predicti reges Iason et Hercules cum eorum nauibus portum intrant, scindunt maria uelis extensis in affla[c]tibus zephyrorum, et tamdiu continuatis diebus et noctibus nauigant donec ad optatas [h]oras Troyani regni perueniunt. Portum intrant dictum propria appellatione Sigeum. Cum igitur ad portum applicuere predictum, iam sol uergebat ad uesperas, uicinas noctis tenebras suadendo. Tenacibus ergo anchoris in profundum maris iniectis, quiescunt naues, ex eis fortiter religate, et de futuris processibus quo possunt salubriori consilio disponunt nauigantes in illis. Diffusis igitur noctis umbraculis in orbe terrarum in primo conticinio noctis illius, luna luce modica surrexit ab ortu, que supra terre faciem suis cursibus eleuata adulterino lumine noctis medio fingit diem. Hinc est quod ab eius lucis lumine animati Greci commoda ordinacione descendunt in terram, quod ualde facile fuit illis, cum Troyana reperissent litora sine custodia, non expectante rege Troye hostium aliquorum insultus. Educunt itaque de nauibus equos suos, arma deponunt in terram, tentoria figunt et eleuant, vigilias statuunt et excubias necessarias circumquaque.

Priusquam igitur sol in faciem terre effunderet uerum diem, rex Pelleus reges alios, Iasonem et Herculem necnon et alios maiores exercitus, ad tentorium suum uenire mandauit. Quibus uenientibus et in eorum sessionibus collocatis, rex Pelleus eos hiis uerbis alloquitur indicto manu silentio et ore dictato : « O viri nimia strenuitate conspicui, terrarum orbis nouit uirtutis uestre potencias per plurima mundi loca iam agnitas ab experto. Nusquam auditum extitit aut relatum ut in quoscunque inieceritis vires uestras de victoria non reportassetis triumphum. Iniuste enim Laumedontis regis iniurie iustam nobis parauere causam intrandi terminos terre sue. Sed ex quo placuit diis nos in hanc descendisse terram in excidium dicti regis, expedit nobis circa tria principaliter apponere nostras curas. Primum est ut in defensionem nostrarum personarum ab hostìbus nostris simus omnimode curiosi vt saluationem ex eis omnimodam consequamur. Secundum est quod in offensionem ipsorum hostium nostrorum et destructionem eorundem uiriliter insurgamus. Tercium est ut uiribus totis nitamur de hostibus nostris ad uictoriam peruenire. Ex qua illa duo extrema felicia procedent pro nobis, diis fauentibus, manifeste satisfactionis, uidelicet, plenitudinem nos consequi de comissis et innumerabilium diuitiarum utilitates, que, deuictis ipsis hostibus, nos expectant. Notum est enim omnibus vrbem Troye innumerabilibus habundare diuitiis, quam si nobis per uictorie palmam poterimus, fortuna fa-uente, subicere, capaces non reputo naues nostras ad tantam copiam et onus earum. Superest ergo ut de cetero singula metiamur per que possimus ad obtinenda uota nostra celeriter et salubriter per-uenire (quod dii pii fauorabiliter annuant et iuuando concedant !) »

Postquam igitur rex Pelleus uerbis suis finem fecit, primus inter alios dicendi uices anticipans aliorum Hercules sic ad regis dicta respondit : « Laudande rex, laudanda sunt dicta que per uos in nostra communi audiencia sunt prolata. Et si laudabile est circa presens negocium nostrum laudabilia adinuenire consilia, laudabilius tamen est adinuenta effectui cum instancia delegare. Saluo igitur consilio saniori pro salute nostra et nostrorum hostium obtinenda uictoria, michi uidetur acceptum ut incontinenti, antequam dies ueniat, qui sua luce nostrum aduentum accuset, de omnibus nostris et tota gente nostra fiat distribucio in duas partes equales. In una igitur parte de partibus ipsis sit rex Thelamon cum tota gente sua, item et uos ipse, domine rex, cum tota uestra, item Iason et ego cum nostris complicibus nobis iunctis ut statim nos sub noctis silentio conferamus circa urbis Troye uicina, latibula, uiridaria, et uineas adiacentes. Ibique nobis furtiue latentibus expectabimus diei lucem, quo, ad regem Laumedontem de adventu nostro delata notitia, cum milicia sua ad naues nostras disponet irruere, ignarus nos circa sue urbis muros esse latentes. Eo igitur ad naues cum suis milicibus accedente, ut potentis defensionis sibi a nobis repagula opponantur, de alia medietate gentis nostre tres acies ordinentur. Quarum prime presit dux Nestor in comitiua suorum, secunde rex Castor, et tertie rex Pollux, qui contra regem Laumedontem in hoc loco litoris ubi nunc sumus uiriliter se opponant. Nos autem qui erimus in furtiuis latibulis, ut iam dixi, aggrediemur urbem et sic, Laumedonte rege cum sua milicia in medio nostrorum exposito, facilius penam luet. Nam ad optata uotorum nostrorum pertingere per salubriorem uiam non credo uelocius fieri posse ».

Placuit igitur consilium Herculis astantibus vniuersis, et quod Laumedon adceleriter executioni mandetur uniuersaliter omnes probant. Mox rex Thelamon, rex Pelleus, Iason, et Hercules in comitiua suorum equos ascendunt et armorum suffulti presidio bellicoso sub noctis taciturnitate circa muros urbis Troye per loca latentia tacitis insidiis se reponunt, reliquis aliis in litore remanentibus, qui contra uenientem regem Laumedontem obice uirtuoso ad arma consurgant.Solis igitur radiis terram illustrantibus, mane facto aurora surgente, que noctis tenebras a facie terre deleuit, de Grecorum aduentu tumultuosis relatibus Laumedontis regis aures implentur. Quam ob rem uniuersos suos milites ortatur arma capescere et alios ciues suos qui iuuentutis in flore bellicosis armis intendere non pauescunt. Ordinatis igitur per regem ipsum cuneis armatorum, venit et diuidit multos in ordinatione belli manipulos. Sicque non aduertens hostium cecas et urbi uicinas insidias cum omni expeditione suorum festinat ad litus. Greci uero qui in litore morabantur, uidentes armatorum exercitus multo impetu confluentes in ipsos, parantur ad prelium animosi, nulla stupefactione confusi. Quare dux Nestor primus cum suis se offerens in conflictum bellum aggreditur. Et prelio commisso asperrimo inter utrosque, certatim irruit unus in alium et odioso impetu alter in alterum aggreditur intermixtim. Ex lancearum fractura fragor fit maximus. Perforantur scuta et cassides auelluntur ; sonat in aere multus ensium ex crebra collisione tinnitus; sternuntur milites, alii uulnerati, alii interempti. Cedes fit maxima ultro citroque. Rubricatur tellus multo distincta cruore. Sed preualescit tandem multitudo Troiana, dum solus dux Nestor cum sola turma sua dispendia certaminis sustineret. At rex Castor, ille uir strenuus, mox cum multitudine armatorum bellum ingreditur, viriliter Troyanos aggreditur. In cuius congressu bellum instauratur. Clamor fit maximus ; Troyani ruunt, substinere recentium impetum non valentes. Sed Laumedon rex more rugientis leonis festinus occurrit, qui de sue strenuitate persone multa committens hos sternit, hos uulnerat, hos trucidat, et in Grecorum offensionem pro defensione suorum totus anhelat. Troiani vero in Grecorum excidium irruentes pro-digaliter, eorum vite prodigi, Grecos letiferis uulneribus insequuntur, multos ex eis morti explicant, et dum alios dissolute conantur occidere nonnulli eorum nece occidunt festinata. Tunc rex Pollux, dum belli metitur ambigua, dum a longe prospicit aduersus suos Grecos preualere Troyanos, furibundus cum suorum acie bellum intrat, in Troyanos acriter irruit, et multos interimit et uulne-ratos prosternit ab equis. Rex nero Laumedon, parum a bello secedens, quia uidit suos dissolute bellantes et quod ex suis in bello multi defecerant, timuit maioris dispendii sui casum et ideo minis et precibus vniuersos suos fecit paululum retroire et omnes quasi coadunatos redegit in unum. Interea uero dux Nestor in Laumedontem regem fixit intuitum et percepit esse illum regem et principem Troianorum. Omni ergo alia cura postposita, contra ipsum regem dirigit equum suum et ueloci cursu aduersus eundem regem se impetuosum iniecit. At rex Laumedon illum ex quo in seipsum irruere presensit, factus intrepidus statim aduersus Nestorem equi sui declinauit habenas, et ambobus calcaribus urgentibus equos suos ambo conueniunt concurrentes. Laumedon autem rex lancee quam gerebat in manu in Nestorem astam fregit, cuius aste ictu fuisset Nestor indubitanter letifere uulneratus nisi fidelium armorum tuitio illum conseruasset illesum. Sed non sic Laumedontem regem Nestor petiit asta sua. Nam ipsam in regem ipsum uiriliter impellendo scutum eius binas disiunxit in partes. Cuius impulsu rex acriter uulneratum equum deserit et prostratus peruenit in terram. Rex igitur Laumedon nec stupefactus casu nec uulnere timidus statim seipsum erexit a terra et euaginato ense pedes Nestorem audacia petiit animosa. Sed quidam adolescens miles nomine Cedar, qui eodem anno factus extiterat nouus miles, ut uidit Laumedontem regem suum peditem in tanto discrimine preliantem, tamquam de suo domino subditus fidelis erubuit et ideo uersus Nestorem equum suum coegit in cursum. Quem dum lancea petiit animosus, ipsum percussit in pectore ac eum uiriliter impellendo prostrauit ab equo coram pedibus regis sui. Rex uero vt uidit illum coram se prostratum in terra, in multo uigoris impetu illum impetit, ense nudo crebris ictibus cassidem eius impugnat. Cassidis frangit circulum et totum nasale disrumpit et in eius faciem graue vulnus infixit. Profecto succubuisset Nestor Laumedontis dextera interemptus dum debilitatus uulneribus et fluentis incessanter emissione cruoris sui esset impotens ad tutelam, sed Grecorum in eius subsidium concurrentium multitudo regem impetit Laumedontem. Et quamuis tunc multi ex Grecis ceciderint interfecti, tamen, ipsis renitentibus, Nestor, equorum euulsus a pedibus et Laumedontis subtractus manibus, equum ascendit... Et tunc emisso per eum cuiusdam cornu sonitu, quasi septem milia militum erga regem ipsum ad cornu sonitum accesserunt. Et facto impetu uersus Grecos uiriliter ipsos expugnant, sternunt, sauciant, et eos perimunt in ore gladii seuientis sic quod turpiter vertuntur in fugam. Quos Troyani usque ad extrema litora eorum nauium insequuntur.

Tunc cessisset Laumedontis regis uictorie finis et belli sed quidam ex Troyanis, nomine Dotes, letaliter uulneratus, uix seipsum regens, ab urbe Troye peruenit ad regem. Cui in uerbis flebilibus et singultibus anxiosis exponit excidium urbis sue, asserens vrbem suam Troie a suis hostibus interceptam. Quod Laumedon rex audiens anxiosa suspiria pectoris eduxit ab ymis et eiusdem cornu sonitu ad se prouocans gentem suam, dimissis Grecis in litore iam deuictis, gressus suos accelerat uersus vrbem. Nondum igitur rex Laumedon multum perrexerat in armatorum comitiua suorum et respiciens a longe uidit magnam partem hostium suorum egressam ab urbe et aduersus eum in armatis cuneis festinare. Item aspiciendo post se uidit Grecos quos in litore quasi iam deuicerat animositate resumpta accelerare set cum maxima festinantia aduersus ipsum. Quid faciat inter hec stupefactus ignorat, cum in medio suorum hostium circumquaque se cernat inclusum. Quid ultra ? Committitur bellum asperrimum inter utrosque, inter quos feruet et estuat prelium inequale, nam Greci in multo magis numero Troyanos excedunt. Sternuntur Troyani et ex crebris ictibus ensium perimuntur. Nec mora, ille vir strenuus tam fortis tam audax Hercules superuenit, qui forti sedens in equo, letiferis uulneribus coartans disrumpit acies et cuneos, disgregat aduersantes, et in eius potentia hostes, dum ipsum neqeunt tollerare nec uiribus preualere, iter sibi per turmas aperiunt, cum circumquaque ante eum cadant et deficiant interfecti. Demum uersus Laumedontem regem, quem indubitanter ipse presentit, impetu se dirigit furioso. Quem agressum violenter intercipit et interceptum interficit et ab eius corpore capite truncato in medio suorum rabie uiolenta proiecit. Quod postquam inspexere Troyani, deflent se sui regis regimine destitutos, quos ad se recipiendum in vrbem eorum spes nulla reducit nec alibi posse diffugere causa presidii aliqua spes expectat. Ruunt ergo Troyanorum hinc inde cadauera et deuicti Troyani campum deserunt, ad fuge subsidium anhelantes. Et eorum, si qui sunt, quos tueri potuit longe fuge subsidium, potuerunt forsan manus Grecorum effugere, cum ceteri letifero bello succumbant et per ictus ensium fit letifero finis bello.

Greci uero uictores desideratam vrbem uictricibus armis intrant, -quam solis mulieribus, paruulis, et senibus semiplenam inueniunt pre timore mortis confugientibus ad templa deorum. Sed multe ex Troia. eis mulieres miserabiliter stupefacte hinc inde diffugiunt, earum paruulos tremulis deferentes in ulnis. Trepideque puelle errantes hinc inde aditum earum saluationis ignorant, relictis earum domibus, innumerabilibus gazis plenis, quas omnes uictores Greci preoccupant, spoliant, et predantur, maxima etiam per eos habilitate captata, cum per unius continui mensis spatium Greci uacauerunt ad predam ipsarum. Demum uero urbis ipsius altis depositis men[n]iis per eosdem, summa palacia diruunt et indiferenter tradunt sublimia hedificia precipitem in ruinam, funditus cuncta subuertunt, et vniuersis templis vrbis ipsius more predonio spoliatis, quoscumque in eis confugientes inueniunt senes et paruulos indifferenter crudelissime morti tradunt, et templorum hedificiis traditis in ruinam, puellas pubescentes et formosas quas adinueniunt mulierese captiuas educunt et deducunt ad naues eorum, adducentes eas perpetue seruituti.

In Laumedontis igitur regis palatium irruentes, antequam funditus fuisset euersum, in ipso limine captionis inuenerunt Exionam, puellam mirabilis pulcritudinis, filiam dicti regisque inuenta uel nata utinam non fuisset ! Quam Hercules in uictorie premium regi tradidit Thelamoni pro eo quod idem rex Thelamon in vrbem ipsam primus victor intrauit. Sed O mirabilis ingratitudo uictoris, si tibi palma uictorie sociauit Exionam ! Hanc tibi sociare debuit nobilis gratitudo ut tam nobilissimam virginem tante pulcritudinis, forma decoram, tam nobilissimis moribus informatam, maritalis tede tibi copula sociasses, non ut ignominiose libidinis uoluptate eam improbe deturpasses, vt eam, que tibi uix cedere poterat coniugio sociata, indignam tibi meretricali contubernio statuisti. Ex hac enim Exiona processit estuantis tota materia rabiei, de qua postmodum maxima scandala processerunt, longis nutrita temporibus, et de qua dampna postmodum irreparabilia sunt secuta. Euersa igitur funditus vrbe Troie, ut proxime dictum est, Greci cum omnibus bonis ablatis ab ipsa naues eorum ascendunt, Troyano recedunt a litore, et committentes se pel[l]ago uelis extensis felici remige salui et uictores in Greciam sunt reuersi. Exultat ergo Grecia nimio tota pre gaudio in Grecorum ipsorum uictoria et in tantorum acquisitione bonorum, pro quibus omnibus grates, uictimas, et grata pacifica diis reddunt. De Troyanorum igitur spoliis Grecia plena tota fit diues. Quibus etiam ditatis victoribus, qui tunc illo fuerunt in tempore successores eorum per multa tempora postmodum successiue abinde fuerunt indeficientibus diuitiis opulenti.


Merci au professeur Francesco Chiappinelli, auteur de l'Impius Aeneas, de nous avoir fourni ces textes.
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