La restauration de Sant Nazari de Barbadell
un exemple de sauvegarde du patrimoine

L'église de Sant-Nazari de Barbadell est ce qui reste d'un village qui devait se situer près du Boulès, en amont de Bouleternère, et qui appartenait au prieuré de Serrabone.

Ses origines remontent à l'époque pré-romane (IXe siècle). Elle a été construite suivant la tradition wisigothique, qui se caractérise par l'utilisation de l'arc outrepassé (que nous retrouvons dans son arc triomphal), les fenêtres à simple ébrasement, l'abside de plan carré et voûtée, et la présence dans les murs de quelques assises disposées en épi. C'est un témoin précieux et rare, qui a traversé plus de dix siècles d'histoire. La nef, primitivement charpentée en bois, a été surélevée au XIe siècle, et couverte d'une voûte plein cintre soutenue au moyen d'arcs formerets qui renforcent les murs et supportent une couverture en dalles de schiste rectangulaires.

Cependant, il y a quelques années, l'église était ensevelie dans un amas de ruines, et il fallait être un initié pour reconnaître les vestiges pré-romans et romans qui subsistaient. Depuis le début du XXe siècle, le lieu avait été divisé en plusieurs propriétaires et transformé en une exploitation agricole qui avait complètement défiguré l'édifice.

La création en 1997 de l'association (loi 1901) «Els amics de Sant-Nazari de Barbadell» permit l'acquisition de l'ensemble, par un don des trois propriétaires : la restauration commença aussitôt.

L'état de l'édifice avant travaux

Les membres de l'association décidèrent de consacrer un dimanche par mois au travail sur place. Il fallut d'abord débroussailler, car le lierre et les figuiers avaient envahi la toiture. Le plancher intermédiaire et les constructions parasites furent démolis. Ensuite il fallut s'attaquer aux multiples refouillements qui avaient été pratiqués au monument d'origine, et qui auraient fini par le ruiner définitivement.

Les bénévoles se transformèrent en maçons, employant la chaux et le sable tiré du Boulès pour faire le mortier qui liait les schistes et les cailloux roulés. Ils rebouchèrent les ouvertures pratiquées dans les murs, reconstruisirent les arcs formerets à l'intérieur. Après la démolition des constructions qui surmontaient l'abside et le dégagement du clocheton, ils rejointoyèrent ses maçonneries.

Le clocheton a été dégagé

Le travail le plus délicat fut la réalisation de la couverture en schiste, avec l'aide d'un artisan spécialisé. Actuellement, les façades sont en train d'être rejointoyées au mortier de chaux et au sable du Boulès. Les enduits de l'intérieur suivront... l'année prochaine.

Des groupes de visiteurs qui s'intéressent à l'art pré-roman et roman viennent souvent rendre visite à ce site qui revit, grâce surtout au bénévolat.

© Francis Noell

La couverture de lloses a été posée