© Agnès Vinas

Nerva avait été le dernier empereur à être enterré dans le mausolée d'Auguste, et les cendres de Trajan avaient été placées dans la base de sa colonne. Hadrien décide donc de construire pour la dynastie antonine un nouveau mausolée, au-delà du Tibre, dans les jardins de Domitia. Le pont Aelius qui y donne accès depuis le Champ de Mars est inauguré en 134 apr. JC, mais le mausolée proprement dit n'est achevé qu'après la mort d'Hadrien, en 139.

Reconstitution de Canina (1834-1844)

Le monument a été suffisamment décrit dans l'antiquité pour qu'on puisse s'en faire une idée relativement satisfaisante. Son entrée, du côté du pont, était annoncée par quatre piliers de travertin surmontés de paons de bronze doré dont deux ont été conservés et qu'on peut admirer de nos jours de part et d'autre d'une pomme de pin géante, dans le Cortile della Pigna des musées du Vatican.

Le monument était assis sur un podium carré de 89 m de côté et de 15 m de haut, recouvert de plaques de marbre de Paros.

 

Au-dessus, une enceinte circulaire de 64 m de diamètre pour 21 m de hauteur était elle aussi recouverte de marbre et portait, du côté du pont, les épitaphes de tous les personnages dont les cendres étaient conservées à l'intérieur de la chambre funéraire.

Reconstitution de Huelsen (1891)

Rodolfo Lanciani, à la suite de Huelsen, propose la restitution suivante :

  1. Hadrien et Sabine, au dessus de la porte d'entrée
  2. Antonin le Pieux
  3. Faustine l'aînée
  4. M. Aurelius Fulvus
  5. M. Galerius Aurelius Antoninus
  6. Aurelia Fadilla (trois enfants d'Antonin le Pieux)
  7. T. Aurelius Antoninus
  8. T. Aelius Aurelius
  9. Domitia Faustina, trois enfants de Marc-Aurèle
  10. L. Aelius Caesar, fils adoptif d'Hadrien
  11. L. Verus
  12. Commode, fils de Marc-Aurèle

A l'intérieur, une galerie hélicoïdale conduisait à la chambre funéraire centrale, surmontée de deux ou trois pièces superposées. Au-dessus de ces chambres, s'élevait un tumulus de terre couvert de verdure, comme sur le mausolée d'Auguste, et peut-être surmonté d'un quadrige de bronze conduit par Hadrien.

Le mausolée a abrité les centres de la dynastie des Antonins jusqu'à Septime Sévène en 211, mais sa forme et son emplacement ont très vite eu raison de vocation funéraire.

Dès 270 en effet, l'empereur Aurélien l'intègre dans le système de fortifications de la ville, et en 403 il devient un fort protégeant l'accès au pont Aelius depuis la Via Triumphalis. En 537, au cours du siège de Rome par les Goths, il est pris d'assaut, et ses défenseurs ne trouvent pas d'autres projectiles à lancer contre les assaillants que les statues qui en ornaient les niches.

Mais heureusement pour le monument, sa forme compacte l'a préservé des plus grands outrages du temps : surmonté d'un étage de briques au dessus de la partie antique et transformé en forteresse, en prison et en résidence d'été des papes, il a poursuivi sa carrière jusqu'à nos jours sous le nom de Château Saint-Ange, d'après la statue de bois doré de l'archange saint Michel qui le couronne depuis 1453.

Gravure de Lauro (1624)

© Agnès Vinas