Le Greco, Laocoon (vers 1610) |
Le tableau du Laocoon correspond à la dernière période de la vie du Gréco et constitue une exception, dans la mesure où il représente un sujet mythologique unique dans l'oeuvre de ce peintre catholique.
Au premier plan, Laocoon, couché à terre, est en train d'agoniser à côté de l'un de ses fils, qui semble déjà mort. Le deuxième fils est mordu par un serpent et pousse un cri vers le ciel. A l'arrière-plan la ville de Tolède, souvent représentée par le peintre, est associée à celle de Troie : un cheval semble se diriger vers elle. Le ciel menaçant et les figures blafardes et déformées des personnages créent une violente impression pathétique.
La clef de ce tableau énigmatique réside probablement dans l'identité des deux (trois ?) personnages qui se trouvent à droite. Des critiques ont émis deux hypothèses :
- Pour certains, il s'agirait d'Adam et Eve, pour d'autres de Pâris et Hélène, les deux héros responsables de la guerre de Troie.
- Dans les deux cas, l'allégorie représentée est celle du châtiment de la dépravation : une des versions de la légende de Laocoon explique qu'il a été puni pour avoir enfreint l'obligation de chasteté à laquelle il était tenu en tant que prêtre d'Apollon. Que le tableau soit purement mythologique ou qu'il relève de la moralisation chrétienne d'une légende antique, il représente donc, dans le contexte de la Contre-Réforme, la nécessité pour l'Eglise d'expulser le péché de la cité de Dieu.