SUPPARUM

  1. Voile qui n'avait qu'une écoute (pes, Isidor. Orig. XIX, 3, 4), de manière qu'elle devait ressembler à la voile latine maintenant si commune dans la Méditerranée, ou avoir la forme d'un triangle renversé, à la base en haut et attachée à la vergue, comme on le voit dans la figure ci-après, empruntée à une peinture de Pompéi. On employait surtout cette voile quand on avait besoin d'aller très vite, ou qu'il y avait très peu de vent (Isidor. l.c. ; Lucan. V, 428) ; et comme, dans ce cas, c'est la partie supérieure de la voile qui reçoit le peu qu'il y a d'air, ainsi que le fait remarquer Sénèque à ce propos (Ep. 77), il semble très probable que cette voile, dont la partie large se trouve en haut, est bien celle dont nous parlons. De plus, on hissait le supparum comme hunier au-dessus du velum ou grande voile (Stat. Silv. III, 2, 27 : summis adnectite suppara velis ; cf Lucan. l.c. ; Senec. Herc. Oet. 698).

    Ce n'est pourtant pas ainsi qu'on le voit employé dans la peinture d'où est tirée la figure ci-dessous ; mais ce fait, qui à première vue semble contredire ce que nous avons avancé, et réduire à néant la conjecture par nous hasardée touchant le caractère et le nom de la voile d'une forme toute particulière que nous avons mise sous les yeux des lecteurs, ne présentera aucune difficulté à ceux qui sont au courant des principes de composition uniformément suivis par tous les artistes des écoles grecque et romaine, les sculpteurs comme les peintres. Leur seul objet étant de donner un intérêt prédominant à la figure humaine, et non, comme les artistes modernes, d'exécuter une copie fidèle des localités qui avaient été le théâtre des scènes qu'ils représentaient, et des accessoires qui s'y rattachaient, ils avaient l'habitude de négliger l'exactitude de la représentation dans les fonds, en un mot dans les détails accessoires, dans toutes les parties subordonnées de la composition ; ils se contenaient de marquer le temps, le lieu, les circonstances de l'action par quelques signes conventionnels qui exprimaient les idées qu'ils voulaient communiquer et qui devaient être facilement compris de la majorité des spectateurs.

C'est ainsi que la peinture d'où est tirée notre gravure représente l'abandon d'Ariane, dont la personne forme le principal objet du premier plan ; elle vient de découvrir la fuite de son amant, et elle est étendue à terre, dans une agonie de douleur. Le navire vient de prendre le large, et l'artiste a ingénieusement imaginé d'indiquer la précipitation avec laquelle s'échappe le héros infidèle, en donnant à son navire deux des voiles dont se servaient les marins quand ils voulaient marcher le plus vite possible.

  1. Bannière étendue sur une traverse (Festus, s.v.) fixée à un montant vertical, comme le vexillum et le labarum (Tertull. Apol. 16), dont ce mot n'est, dans ce sens, qu'un nom plus récent.
  1. Dans le costume des femmes, un vêtement faisant partie de l'indutus (Afran. ap. Non.), en toile et qui se portait par-dessus la subucula (Varro, L.L. V, 131) ; il avait des manches courtes et un peu raides qui couvraient le bras de l'épaule à la jointure du coude (Lucan. II, 363) : Suppara nudatos cingunt angusta lacertos). Aucun texte n'en détermine la longueur ; mais les autres objets que désigne ce mot conduisent naturellement à se représenter un vêtement court, garnissant le haut de la personne comme le hunier la partie supérieure du mât, comme la bannière le sommet de son support. C'est ce qu'on voit dans la figure ci-jointe, d'après un bas-relief trouvé à Herculanum.

Illustration complémentaire

Supparum et enseignes entourent Marc-Aurèle (tête de Constantin)
recevant la soumission d'un chef barbare (détail)
Arc de Constantin, face Nord, 2001
Bas-relief emprunté à un arc de Marc-Aurèle (fin II°s. apr.JC)

© Agnès Vinas