CAPITULUM (ἐπίκρανον, κιονόκρανον)

Chapiteau d'une colonne. Dans l'enfance de l'art de bâtir, ce n'était qu'un simple abacus, ou tablette carrée de bois ; il était placé sur un tronc de bois ou colonne primitive, et formait un large lit sur lequel reposait l'architrave. Parti de cette grossière origine, le chapiteau devint dans la suite l'ornement principal d'une colonne et un des traits caractéristiques par lesquels on distinguait les différents ordres d'architecture ; il était, comme eux, à proprement parler, divisé en trois genres, le dorique, l'ionique et le corinthien, qui, avec les modifications introduites par les Romains, formèrent cinq variétés en usage dans l'antiquité. Nous ne parlons ni du toscan ni du composite. En effet, le toscan, dont il ne reste aucun specimen, n'est qu'une forme du dorique, et le composite est un mélange de l'ionique et du corinthien, puisqu'il a le feuillage du dernier surmonté des volutes du premier ; chapiteau bâtard introduit sous l'empire, quand au génie de l'invention succéda le goût du nouveau et du brillant, il fut employé pour la première fois dans les arcs de triomphe à Rome et on en voit encore un specimen dans l'arc de Titus.

  1. Capitulum doricum. GREC. Le chapiteau dorique grec, qui est le plus simple de tous, n'était divisé qu'en trois parties principales : au sommet, le large abacus carré, qui conserva toujours dans cet ordre son caractère primitif ; l'echinus ou quart de rond, immédiatement au-dessous ; et les annuli ou annelets, juste au-dessus du fût. Le specimen ci-joint représente un chapiteau dorique du Parthénon.
  1. ROMAIN. Le chapiteau dorique des Romains est plus compliqué et plus varié dans ses parties. Au simple abacus ils substituèrent un cymatium à moulures et un filet ; à l'echinus, un ove, souvent sculpté, comme dans le specimen ci-joint ; aux annelets, un astragale (astragalus) ou un chapelet et un filet. Le specimen est tiré d'un temple romain près d'Albano.
  1. Capitulum ionicum. GREC. Le chapiteau ionique grec a deux traits importants et principaux : l'abacus, qui est plus petit et plus bas que dans l'ordre dorique, mais toujours carré dans sa forme, quoique orné de moulures sur les faces extérieures ; et les volutes (voluta) ou moulures en spirale de chaque côté sur le devant ; elles sont souvent reliées par un rebord ou pli qui pend entre elles comme dans notre specimen, et tombent beaucoup plus bas que l'echinus sculpté qui les sépare. Ce specimen est pris d'un temple grec près de l'Ilyssus.
  1. ROMAIN. Le chapiteau ionique romain ne diffère pas, dans ses parties essentielles, des chapiteaux grecs, mais il est souvent surchargé de sculptures ; les volutes sont en général plus petites, et le pli gracieux quii pend entre elles n'y est jamais introduit. Toutefois ce pli n'est pas un trait qui caractérise toujours l'ordre ionique grec ; on ne le trouve pas dans le temple de Bacchus à Téos ni dans d'autres édifices encore existants. Le specimen ci-joint est pris du temple de la Fortune virile à Rome.
  1. Capitulum corinthium. Le chapiteau corinthien est le plus riche de tous les ordres parfaits, et les specimens qui en restent maintenant en Grèce et en Italie ne diffèrent en aucun point essentiel. Il se compose d'un abacus, non pas carré, comme celui des chapiteaux dorique et ionique, mais creusé sur les côtés, sans aucun angle, et d'une rosette (flos) ou autre ornement semblable placé au milieu. Sous l'abacus, sont de petites volutes (helices, Vitruv. IV, 1, 12), s'inclinant en avant comme des tiges, dont deux se rencontrent sous chaque angle de l'abacus, et deux au centre de chaque face du chapiteau, où elles se touchent quelquefois et quelquefois sont entrelacées. Le tout est entouré de deux rangées circulaires de feuilles (folia), chaque feuille de la rangée supérieure prenant naissance entre et derrière celles de la rangée inférieure, de telle sorte qu'une feuille de la rangée supérieure tombe au centre de chacune des quatre faces du chapiteau.

Dans les meilleurs modèles, ces feuilles sont sculptées pour imiter l'acanthe ou l'olivier ; on voit des feuilles d'olivier dans la gravure ci-jointe, prise du portique du Panthéon à Rome.

  1. Petite tête circulaire, fixée au haut des tablettes dont se servaient les enfants romains dans leurs écoles (Varro, R.R. III, 5, 10). Elle avait un oeil au centre ; on y passait une courroie et un cordon qui servait à suspendre la tablette au bras, quand on la portait (Hor. Sat. I, 6, 74), ou à la pendre à une cheville, quand on la déposait, comme dans le specimen ci-joint pris d'une peinture de Pomépi.
  1. Dans les machines de guerre, telles que la ballista et la catapulta, le capitulum semble avoir été une barre transversale percée de trous par lesquels passaient les cordes qui, bien tendues, lançaient le trait (Vitruv. I, 1, 18 ; id. X, 10, 2 ; id. X, 12, 2). Comme on n'a pu s'assurer de la disposition de ces machines, toute tentative pour déterminer leurs parties composantes n'aboutirait qu'à des conjectures qui ne sauraient satisfaire.