CASTELLUM

  1. Diminutif de castrum. Petite place fortifiée ou forteresse dans laquelle on plaçait un corps de troupes, soit en rase campagne pour y protéger la population agricole contre les excursions de l'ennemi, soit sur les frontières pour protéger un Etat, ou dans toute autre position qui commandait la voie principale et les lignes de communication (Sisenn. ap. Non. s. Festinatim, p.514 ; Cic. Fam. XI, 4 ; id. Phil. V, 4). La gravure représente un de ces postes fortifiés avec sa garnison, d'après le Virgile du Vatican.
  1. Petite ville fortifiée, appelée ainsi parce que plusieurs forts, qui dans l'origine ne devaient être que des postes militaires, devinrent bientôt des villes et des villages par l'empressement de la population voisine à y accourir et à élever ses cabanes alentour, pour se donner un appui ; précisément de même que les châteaux des barons aux époques féodales furent le noyau de plusieurs des villes de l'Europe moderne (Curt. V, 3).
  1. Réservoir d'un aqueduc. On plaçait des réservoirs de cette espèce à l'endroit où les aqueducs sortaient des villes ou sur tous les points où une provision d'eau était nécessaire pour les besoins de la localité ; des conduits introduits dans les réservoirs distribuaient l'eau dans les divers quartiers d'une ville (Vitruv. VIII, 6, 1 ; Plin. H.N. XXXVI, 24, § 9 ; Frontin, Aq. 35). Ordinairement ces réservoirs étaient de simples tours en brique ou en terre, contenant une citerne profonde ; mais, à l'endroit où l'aqueduc touchait aux murs de la ville, on visait dans le dessin du castellum autant au beau qu'à l'utile : on lui donnait une grande façade architecturale d'un ou de plusieurs étages, décorée de colonnes et de statues, et du trop-plein de l'eau on faisait une belle fontaine qui se répandait par plusieurs ouvertures dans un vaste bassin (Vitruv. l.c.).

On peut en juger par la gravure ci-jointe, qui est une restauration du castellum appartenant à l'aqueduc de Jules César qui subsiste encore à Rome, près de l'église de Saint-Eusèbe, quoique dans un état de délabrement ; mais les détails que nous donnons ici sont tirés d'une vieille gravure du monument, faite au seizième siècle, à une époque où les principaux ornements étaient encore à leur place primitive, et où l'ensemble était beaucoup mieux conservé que maintenant.
  1. Castellum privatum. Réservoir bâti aux frais d'un certain nombre de particuliers vivant dans le même quartier et ayant obtenu une concession d'eau du conduit public, qui était réunie en un même corps et distribuée à chacun d'eux par des conduits particuliers (Frontin, 106 ; comparez 27).
  1. Castellum domesticum. Citerne que chacun construisait sur sa propriété particulière pour recevoir l'eau qui lui était concédée du réservoir public (Frontin).
  1. Citerne ou réservoir dans lequel l'eau élevée par une roue hydraulique était versée des augets et des caisses (modioli) où elle était réunie (Vitruv. X, 4, 3). Voyez rota aquaria.

Illustrations complémentaires

Castellum romain en Germanie
Colonne de Marc-Aurèle, 176 à 193 apr.JC
Piazza Colonna, Rome, 2001

© Agnès Vinas

Ensemble de citernes constituant le castellum de la Malga, Carthage (Tunisie), 2001

© Agnès Vinas