ALVEUS

D'alvus, ventre ; ce mot s'applique à des objets divers qui ont pour la forme une ressemblance réelle ou supposée avec cette partie du corps humain.

  1. Long vaisseau de bois peu profond que nous traduirions par les mots d'auge ou d'auget, et qui servait à contenir des liquides ou d'autres objets. Celui que nous figurons ici est tiré d'une peinture de Pompéi, et servait à un charpentier pour y déposer ses outils et ses objets de première nécessité (Plin. H.N. XVI, 22 ; Liv. I, 4).
  1. Petit bateau ou canot, employé sur les rivières et d'une construction tout à fait primitive : il était creusé dans un seul tronc d'arbre (Vell. II, 107).


La figure donnée ici représente un bateau de loch découvert dans le marais qui forme le bord de l'ancienne rivière à la jonction de la Nen, à Horsey, près de Peterborough (Artis. Durobriv. pl. 57) ; si ce bateau n'est pas d'origine romaine, il est certainement d'une très haute antiquité, et comme il ressemble en tout point aux bateaux représentés sur les médailles qui rappellent la fondation de Rome, on peut l'admettre comme modèle de l'alveus.

  1. Coque d'un vaisseau, et, par extension, dans les poètes, le vaisseau lui-même (Sall. Jug. 21 ; Prop. III, 7, 16).
  1. Espèce particulière de plat ou de plateau sur lequel on faisait circuler à table certains fruits, comme les olives (Petr. Sat. 66).
  1. Table employée par les Romains pour un de leurs jeux d'adresse. Comme les dés et les jetons sont mentionnés en parlant du jeu qu'on jouait sur l'alveus (Plin. XXXVII, 6 ; Val. Max. VIII, 8, 2), il en faut conclure que ce jeu était le ludus duodecim scriptorum, dans lequel, comme dans notre trictrac, le coup était déterminé par un jet de dés. Cet alveus ressemblait sans doute à notre table de trictrac, et il était divisé de la même manière que l'abacus (voyez abacus, 2) ; ou s'il y avait une différence réelle dans le sens de ces deux mots, peut-être le dernier terme était-il surtout employé quand la table se composait d'une plaque de marbre, et le premier quand elle avait la forme d'un auget de bois aux bords élevés, ainsi que l'indique la signification primitive de ces deux mots.
  1. Bain d'eau chaude, construit dans le plancher d'une salle de bain, à l'extrémité opposée de celle qui contenait le labrum (Vitruv. V, 10, 4 ; Marquez, Case degli Antichi Romani, § 317) ; au fond se trouvait un degré qui servait de siège pour le baigneur quand il était entré dans l'eau (Auctor, ad Herenn. IV, 10).


La figure ici représentée est une section de l'alveus dans les bains publics de Pompéi. La partie ombrée est le parquet de la chambre, fait de briques, où l'on voit les tuyaux par lesquels l'air chaud circulait, l'un sous le bain lui-même et quatre autres sous le parquet. A est l'alveus ; B le siège sur lequel s'asseyait le baigneur (gradus, Vitruv. l.c.) ; C un parapet bas formant la partie supérieure du bain (pluteus, Vitr. l.c.), d'où deux degrés, à l'extérieur, conduisent au parquet de la chambre. On comprendra le plan général de l'appartement où l'alveus est placé, et sa situation par rapport aux autres parties du même appartement, si l'on se réfère à la première gravure au mot balineae, lettre D, h, i.

  1. Par extension de ce sens, on appelait quelquefois alveus toute espèce de vaisseau pour se baigner (Ovid. Met. VIII, 652).
  1. Ruche (Plin. H.N. VII, 13).

Illustration complémentaire

Reproduction de la barque monoxyle de Saint-Marcel (Saône et Loire)
Archéodrome de Beaune (France), 2002

© Agnès Vinas