ANSA (ἄγκος, ἀγκή)

Ce par quoi on saisit quelque chose. Ce mot s'applique, comme notre mot poignée, à plusieurs objets qui diffèrent essentiellement l'un de l'autre pour la forme et le caractère, quoique tous aient la même destination générale, celle d'une poignée par laquelle on tient les objets. Les plus importants sont ceux qui suivent :

  1. (Λαβή. Τὰ ὦτα) Poignée de tout vaisseau fait pour contenir des liquides, comme coupes, pots, amphores, etc. Ces poignées variaient sans doute dans leur forme, suivant le goût de l'artiste qui les dessinait ; et elles étaient placées indifféremment sur le cou, sur un côté ou sur les deux, ou du haut au bas du vaisseau, de la manière enfin qui convenait le mieux à la beauté de l'ensemble ; car elles formaient toujours une partie intégrante de l'oeuvre pour les artistes anciens, qui ne voulaient pas qu'elles parussent posées après coup comme de simples accessoires.
La figure est tirée d'un pot de bronze trouvé à Pompéi avec une seule poignée d'un caractère fort beau, quoique simple ; mais on trouvera dans le cours de cet ouvrage une grande variété de formes différentes (Cato, RR, 113 ; Virg. Ecl. III, 45 ; Ov. Her. XIV, 252 ; Met. VIII, 653).
  1. Ansa ostii (ἐπισπαστήρ, κορώνη, ῥόπτρον). Poignée d'une porte par laquelle on l'ouvrait ou on la fermait, et qui servait aussi de marteau (Petr. Sat. 96). On représente souvent ces poignées comme de simples anneaux, attachés à un crampon ; dans d'autres cas, ils étaient dessinés et ornés avec plus de soin, comme on le voit par la figure ci-jointe, prise d'un original en bronze, qui appartenait primitivement à la porte d'une maison de Pompéi.
  1. Ansa crepidae (ἀγκύλη). Trou ou oeil dans le quartier du soulier grec appelé crepida, par lequel on passait la courroie et le lacet ; on croisait ensuite l'une ou l'autre sur le coup-de-pied même (Tibull. I, 8, 14).
Il y avait un même nombre de ces trous de chaque côté du soulier ; on peut le conclure de l'histoire bien connue d'Apelles, qui fut repris par un savetier pour avoir omis une des ansae dans un ouvrage qu'il avait exposé à la vue du peuple (Plin. HN, XXXV, 36, 12). On en voit clairement la forme et le caractère dans la gravure, prise du pied d'une statue grecque en marbre.
  1. Ansa staterae. La poignée d'un peson, par laquelle il était suspendu et qui formait son centre d'équilibre, étant fixée à la moitié la plus petite de la tige, près du bout où l'on attachait la balance ou l'objet à peser (Vitruv. X, 3, 4). La gravure est prise d'un peson de bronze trouvé à Pompéi.
  1. Ansa gubernaculi (οἴαξ). La poignée d'un gouvernail (Vitruv. X, 3, 5) ; c'était le bout de la tige du gouvernail (AA dans la gravure), que le timonier tient des deux mains, quand le gouvernail se composait d'une simple rame sans barre (clavus), ainsi que dans la gravure à main droite. Mais dans les grands vaisseaux, l'emploi d'une barre devenant nécessaire, il plaçait une main sur l'ansa (A, gravure à main gauche) et l'autre sur le clavus (B), ce qui lui permettait de mouvoir le timon avec une bien plus grande facilité. La figure à main droite est copiée de la colonne Trajane ; cella à main gauche, d'une peinture de Pompéi.
  1. Ansa ferrea. Crampon de fer par lequel on rattachait les larges blocs de pierre dans d'anciens édifices, quand on ne se servait pas de mortier (Vitruv. II, 8, 4).

Illustration complémentaire

Deux figures allégoriques tirent par la poignée les deux battants d'une porte ouvrant symboliquement sur un sarcophage, vers l'Au-Delà
Musée Pio Clementino du Vatican,
cour du Belvédère, 2001

© Agnès Vinas