ARA (θυτήριον, βωμός)

  1. Autel ; c'est-à-dire toute construction élevée au-dessus en terre, en gazon, en pierre, en briques, en marbre sculpté, sur laquelle on plaçait ou on brûlait les offrandes faites aux dieux. Les autels étaient ou circulaires ou carrés, avec une cavité au sommet où on allumait le feu, et un orifice de côté ou au bas, par lequel s'échappaient des libations de vin ou le jus des offrandes consumées.

On voit au sommet la cavité pour le feu et au bas l'orifice pour la décharge des liquides, dans la figure à main droite, prise d'une peinture de Pompéi ; la figure à main gauche est copiée d'un vase d'argile et montre le liquide s'échappant par une ouverture placée plus haut. Ces parties sont essentielles à tous les autels sur lesquels on brûlait des victimes ou on versait des libations ; partout où elles manquent, bien que le marbre ressemble généralement à un autel, ce n'est qu'un cippus, et non une ara. Les archéologues oublient trop souvent cette différence.

  1. Des autels étaient élevés aux places qui suivent. Dans un lucus ou bois sacré, devant la statue de la divinité à laquelle il était dédié (Hom. Il. II, 305) : ainsi dans la figure, tirée de l'arc de triomphe de Trajan, où les arbres représentent le bois sacré qui entoure une statue de Diane devant laquelle est placé l'autel.
  1. Sur les degrés au pied du portique d'entrée ou au-devant d'un temple, comme dans la gravure ci-jointe, qui représente les restes du temple de la Fortune à Pompéi, où l'on voit l'autel au bas des degrés qui conduisent à la porte d'entrée.
  1. Dans les rues d'une ville (Plaut. Aul. IV, 1, 20 ; Most. V, 1, 45), et près des murs d'une maison, devant une peinture ou une image des Lares viales, comme dans la vue ci-jointe d'une rue de Pompéi.
    Le compartiment supérieur du bas-relief, au-dessus de l'autel, contient la figure de deux Lares, exactement semblable à celle que nous avons donnée à ce mot ; et les deux serpents placés au-dessous étaient un signe pour avertir le public «de ne déposer aucune ordure», comme nous l'avons expliqué au mot Anguis.
  1. Enfin, ils étaient placés près de l'impluvium ou sur l'impluvium même des maisons particulières ; c'est sur ces autels que la famille sacrifiait aux Pénates.
    La figure représente une restauration d'une partie de l'atrium, dans la maison des Dioscures, à Pompéi ; on y voit l'impluvium sur le premier plan, avec l'autel sur le bord. On en découvrit des traces en faisant des fouilles.
  1. Ara turicrema. Autel sur lequel on répandait et on brûlait de l'encens (Lucret. II, 353 ; Virg. Aen. IV, 453). La gravure, d'après une ancienne peinture découverte au pied du mont Palatin, montre une femme occupée à répandre de l'encens sur un autel allumé qui, à en juger par ses proportions restreintes, semble n'avoir été fait que pour de telles offrandes ; mais les passages de Lucrèce et de Virgile cités ci-dessus paraissent indiquer que l'épithète turicrema était aussi appliquée en général à toute sorte d'autels, parce qu'on y brûlait toujours de l'encens.
  1. Ara sepulcri ou ara funeris. Bûcher sur lequel on brûlait les morts (Virg. Aen. VI, 177 ; Ov. Trist. III, 13, 21), ainsi appelé parce qu'il consistait en bûches de bois disposées en carré, comme un autel. La figure est prise d'un bas-relief représentant l'histoire de l'Iliade ; on suppose que ce bas-relief date de l'époque de Néron et représente le bûcher allumé our consumer le corps de Patrocle.

Illustration complémentaire

Autel «aux oreilles» de la déesse Cybèle
Glanum (France), 1985

© Charles Cavenel