La poena cullei - Gravure colorisée du XIXe siècle - Origine inconnue



PARRICIDIUM. A l'origine, d'après l'étymologie la plus probable, le mot parricidium [parricida(s)] signifiait tout meurtre commis volontairement et par dol. C'est le sens qu'il a dans les plus anciens textes juridiques. Mais à la fin de la République il ne signifie plus que le meurtre des proches parents sans doute par suite de la restriction de la peine de mort à cette catégorie de crimes ; pour les autres meurtres il est remplacé par le terme générique homicidium et par les termes spéciaux qui désignent par exemple les sicarii, les venefici.

Il se peut qu'à l'époque primitive le chàtiment du parricidium ait été laissé à la famille ; nous n'avons aucun texte à ce sujet ; à l'époque historique c'est un crime poursuivi d'office par les magistrats, même sans l'intervention des parents de la victime ; les magistrats compétents ont été : probablement, d'abord le roi ; puis les deux quaestores parricidii, dont la création peut étre placée au début de la République, en même temps que les consuls et la provocatio ad populum [JUDICIA PUBLICA ; QUAESTOR] ; ils sont en tout cas plus anciens que la loi des Douze Tables.

Leur compétence s'étendait à tous les crimes capitaux susceptibles d'être portés par appel devant les comices, sauf au crime de perduellio. Nous ne savons pas exactement quand la poursuite du meurtre en général passa aux quaestiones perpetuae ; ce fut en tout cas avant Sylla. On a conjecturé qu'une loi inconnue avait encore réservé aux comices le meurtre des proches, appelé plus spécialement parricidium, et toujours puni de la peine de mort ; mais il dut passer aussi aux quaestiones un peu avant Sylla. La loi de Sylla, la lex Cornelia de sicariis et veneficiis, fixa la législation en matière de meurtre et distingua nettement six catégories principales ; pour les cinq premières nous renvoyons aux articles spéciaux assassinat et brigandage, crimen inter sicarios [HOMICIDIUM], empoisonnement [VENEFIiCIUM], condamnations à mort injustement, prononcées [HOMICIDIUM]], incendie [INCENDIUM], maléfices et magie [DEVOTIO], La sixième catégorie fut le meurtre des proches, réglementé de nouveau en 76 par une loi de Pompée qui remplaça la peine de mort, encore appliquée en ce cas, par la peine habituelle de la lex Cornelia, aquae et ignis interdictio. Mais la peine de mort fut rétablie par Auguste et conservée par les empereurs suivants, au moins pour le meurtre des ascendants, frères, soeurs, patrons et patronnes, sous la forme évidemment très ancienne qui consistait à enfermer le coupable préalablement battu de verges, coiffé d'un bonnet en peau de loup, avec des brodequins de bois aux pieds, dans un sac de cuir, avec plusieurs animaux, un chien, un coq, des serpents, plus tard un singe, et à le jeter dans la mer ou dans une rivière, ou, si l'état des lieux ne le permettait pas, à l'envoyer au bûcher ou aux bêtes. La loi de Pompée considérait comme proches : les ascendants sans distinction de degré, les descendants, les frères et les sœurs, les oncles et les tantes, les cousins germains et les cousines germaines, le mari et l'épouse, le fiancé et la fiancée, les père et mère des époux et des fiancés, les époux et épouses, les fiancés et les fiancées des enfants, les beaux-pères (seconds maris) et les belles-mères (marâtres), les beaux-fils et les belles-filles (enfants d'un autre lit), le patron et la patronne. Le jugement du parricidium comportait les mêmes règles que l'homicidium en général, par exemple l'application de la peine à l'esclave comme à l'homme libre, l'assimilation de la tentative à l'exécution, du proche, instigateur, complice même simplement moral, à l'auteur principal.


Charles Lecrivain