17. Il donna au peuple un congiaire de sept cent vingt-cinq deniers par tête. Il fut d'ailleurs très peu libéral avec les autres citoyens, parce que son luxe avait épuisé le trésor. Aux jeux ordinaires du cirque il en ajouta beaucoup d'autres, moins par des motifs religieux que pour satisfaire ses caprices et enrichir les chefs des factions.

Encouragés par cette conduite, son préfet Quintus Elius Létus et sa concubine Martia formèrent, quoique trop tard, une conjuration pour le tuer. Ils lui donnèrent d'abord du poison ; mais comme il n'opérait pas assez vite, ils le firent étrangler par un athlète avec lequel il avait coutume de s'exercer.

Ce prince était d'une taille ordinaire, et il avait cet air hébété qui est particulier aux ivrognes. Sa conversation était sans agrément. Il teignait toujours sa chevelure, et la parsemait de poudre d'or ; il se brûlait la barbe et les cheveux, de peur des barbiers.

Le peuple et le sénat demandèrent que son corps fût traîné avec un croc, et jeté dans le Tibre : mais Pertinax ordonna, dans la suite, qu'on le déposât dans le tombeau d'Adrien. Il ne reste de lui aucun monument, que les bains construits par Cléandre. Son nom fut effacé par le sénat des édifices où on l'avait inscrit, et qui n'étaient pas son ouvrage. Il n'acheva aucun des travaux commencés par son père. Il équipa une flotte africaine, qui devait surtout servir dans le cas où les blés d'Alexandrie seraient venus à manquer. Il fit prendre à Carthage le nom ridicule d'Alexandrie romaine de Commode, et à cette flotte celui de Commodienne Herculéenne. Il ajouta au colosse quelques ornements, qui en furent tous arrachés dans la suite. Il fit enlever à cette immense statue la tête de Néron, pour y substituer la sienne, et il y fit graver les inscriptions d'usage, sans oublier ses noms de gladiateur et de débauché.

Toutefois l'empereur Sévère, qui était tel de nom et d'effet, décida, sans doute en haine du sénat, que Commode serait mis au rang des dieux ; et il lui donna le flamine que celui-ci avait lui-même choisi de son vivant, sous le nom d'Herculéen Commodien. Ce prince laissa trois soeurs. Sévère voulut qu'on célébrât les anniversaires de sa naissance.

 

© Agnès Vinas

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius