5. Depuis ce moment, Commode ne se montra que rarement en public, et ne permit à personne de l'entretenir de quoi que ce fût, avant que Pérennis eût pris connaissance de l'affaire. Celui-ci, qui connaissait parfaitement son caractère, en profita pour augmenter son pouvoir. Il engagea Commode à se livrer aux plaisirs, et à lui laisser le fardeau des affaires ; arrangement auquel le prince souscrivit avec empressement. Ne songeant plus qu'à vivre suivant cette loi, il rassembla dans son palais trois cents concubines, choisies, pour leur beauté, parmi les dames romaines et les prostituées, ainsi que trois cents jeunes débauchés, choisis également dans la noblesse et dans le peuple, et que l'élégance de leurs formes désignait à ses ignobles plaisirs : les mêmes festins pour tous, pour tous les mêmes bains. Il s'habillait parfois en victimaire, et immolait des victimes. Parfois aussi il escrimait dans l'arène, avec de simples fleurets ou même avec des épées bien affilées, contre ces gladiateurs qui combattent sous la loge impériale.

Cependant Perennis s'arrogea tout le pouvoir ; il fit périr ceux qu'il voulut ; il dépouilla beaucoup de citoyens ; il bouleversa toutes les lois ; il s'appropria un butin immense. De son côté, Commode tua Lucilla, sa soeur, après l'avoir déshonorée. Il viola aussi, dit-on, ses autres soeurs, se fit livrer la cousine germaine de son père, et fit prendre à une de ses concubines le nom de sa mère et de sa femme. L'ayant surprise en adultère, il la chassa, puis l'exila, et enfin la fit mourir.

Il obligeait ses concubines mêmes à se livrer, sous ses yeux, aux plaisirs de l'amour. Avide de toutes les infamies, il soutenait, à son tour, les assauts des jeunes gens ; et il n'y avait pas une partie de son corps, y compris la bouche, qu'il ne souillât dans son commerce avec les deux sexes.

Claudius périt, vers ce temps-là, sous le fer de prétendus voleurs : il était le père de Pompéien, qui était, un jour, entré chez Commode un poignard à la main. Beaucoup d'autres sénateurs furent mis à mort sans avoir été jugés, ainsi que des femmes connues pour leur fortune. Dans les provinces, quelques particuliers dont Pérennis enviait les richesses en furent dépouillés, ou périrent pour des crimes supposés. A ceux qu'on ne pouvait accuser d'aucun crime réel, on en faisait un de vivre encore après avoir voulu instituer Commode leur héritier.

 

© Agnès Vinas

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius