2. A quinze ans il retourna dans sa patrie, et il entra de suite au service. Mais sa passion pour la chasse lui attira quelques reproches, et le fit même rappeler par Trajan, qui en prit soin comme de son fils, et qui le fit recevoir, peu de temps après, au nombre des décemvirs chargés de juger les procès. On le créa ensuite tribun de la seconde légion adjutrice ; et, vers la fin du règne de Domitien, il fut envoyé dans la base Mésie, où l'on prétend qu'un astrologue lui confirma, sur son futur avénement à l'empire, la prédiction de son grand oncle paternel Elius Adrien, très versé dans la science des observations célestes. Lorsque Nerva eut adopté Trajan, Adrien, qu'on envoya porter au vieil empereur les félicitations de l'armée, fut transféré dans la haute Germanie, d'où il partit presque aussitôt, pour annoncer, le premier, à Trajan la mort de Nerva.

Servien, son beau-frère, qui avait indisposé Trajan contre lui, en l'instruisant de ses dépenses et de ses dettes, chercha à le retenir longtemps en route, et imagina, pour retarder sa marche, de faire briser sa voiture. Adrien fit le reste du chemin à pied, et devança même le courrier qu'avait dépêché Servien. Il jouit quelque temps de la faveur de Trajan. Mais les instituteurs des mignons de ce prince, lesquels avaient sur lui beaucoup de pouvoir, parvinrent, à l'instigation de Gallus, à exciter sa jalousie contre ce nouveau favori.

C'est alors qu'Adrien, inquiet sur les sentiments de l'empereur à son égard, consulta les sorts Virgiliens ; il reçut cette réponse :

«Quel est ce vieillard qui paraît dans le lointain, avec la couronne d'olivier et les objets sacrés du culte ? Je le reconnais à sa chevelure et à sa barbe blanche ; c'est un roi, c'est le premier qui fondera sur des lois la naissante grandeur de Rome : de sa petite ville de Cures et de l'humble champ de ses pères, il sera appelé au gouvernement d'un puissant empire.»

D'autres prétendent que sa destinée lui fut révélée par les livres Sibyllins. Ce qui est certain, c'est qu'il conçut l'espoir de devenir empereur d'après une réponse qui lui fut donnée dans le temple de Jupiter Vainqueur, et dont le philosophe platonicien Apollonius de Syrie a fait mention dans ses livres.

Enfin les bons offices de Sura le firent rentrer en grâce auprès de Trajan, qui, à la sollicitation de son épouse Plotine (car Marius Maximus dit que ce prince y était faiblement disposé), consentit qu'il épousât sa nièce, fille de sa soeur.

 

© Agnès Vinas

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius