4. Il fit servir aussi à son avancement la faveur de Plotine, dont le zèle le fit nommer lieutenant du prince dans la guerre contre les Parthes. Il avait alors pour amis, dans l'ordre des sénateurs, Sosius Pappus et Plétorius Népos, et, dans l'ordre des chevaliers, Tatien, autrefois son tuteur, et Livianus Turbon. L'espérance qu'il avait conçue d'être adopté par Trajan se confirma plus que jamais par la disgrâce de Palma et de Celsus, qui avaient toujours été ses ennemis, et qu'il persécuta ensuite à son tour, quand ils furent devenus suspects d'aspirer au trône. Son second consulat, qu'il obtint par la protection de Plotine, acheva de lui faire regarder son adoption comme certaine. Bien des raisons font penser qu'il profita de ses entrées à la cour pour gagner les affranchis de Trajan, et s'insinuer, par d'indignes complaisances, dans les bonnes grâces de ses mignons.

Le cinquième jour des ides d'août, il reçut en Syrie, où il servait comme lieutenant, ses lettres d'adoption, et il voulut que ce jour-là fût toujours consacré à célébrer l'anniversaire de cette faveur. Le troisième jour des mêmes ides, qui, d'après son ordre, fut aussi fêté désormais comme l'anniversaire de son avènement au trône, on lui apporta la nouvelle de la mort de l'empereur.

Une opinion assez générale veut que Trajan ait eu l'intention formelle, intention approuvée par la plupart de ses amis, de se donner pour successeur, non Adrien, mais Nératius Priscus, et qu'il ait même dit un jour, à celui-ci : «S'il m'arrive malheur, je vous recommande les provinces.» Beaucoup d'écrivains disent aussi qu'à l'exemple d'Alexandre de Macédoine, Trajan voulait mourir sans désigner son successeur ; d'autres, qu'il se proposait d'adresser au sénat un discours par lequel il aurait prié cette assemblée de donner elle-même, après lui, un chef à la république romaine, et de choisir le plus digne parmi ceux dont il lui eût alors envoyé les noms. Il en est enfin qui prétendent que l'adoption d'Adrien fut l'oeuvre de la faction de Plotine, laquelle, aussitôt après la mort de Trajan, lui substitua un imposteur qui parla, d'une voix mourante, au nom de ce prince.

 

© Agnès Vinas

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius