7. Il était si jaloux de l'estime publique, qu'étant encore enfant, il défendit à ses intendants de rien faire avec arrogance, et qu'il rendit aux parents de quelques testateurs les héritages que ceux-ci lui avaient laissés. Enfin, pendant les vingt-trois années qu'il vécut dans la maison de son père adoptif, il s'y fit aimer tous les jours davantage : durant tout ce temps-là il ne s'absenta que deux fois, et chaque fois une nuit seulement. Aussi Antonin le Pieux, voyant sa fin approcher, fit venir ses amis et les préfets, le nomma devant eux son successeur à l'empire, et le leur recommanda ; puis, ayant donné pour mot d'ordre au tribun : Egalité d'âme, il fit porter dans la chambre à coucher de Marc-Aurèle la statue d'or de la Fortune, qui, selon l'usage, était toujours dans l'appartement de l'empereur.

Marc-Aurèle remit à Mummius Quadratus, fils de sa soeur, laquelle venait de mourir, une partie des biens de sa mère. Contraint par le sénat de prendre, après la mort d'Antonin le Pieux, les rênes du gouvernement, il se donna son frère pour collègue, le nomma Lucius Aurélius Vérus Commode, lui conféra le titre de César et celui d'Auguste, et, à partir de ce moment, ils gouvernèrent ensemble la république. On vit alors pour la première fois l'empire entre les mains de deux Augustes. Peu de temps après, il reçut le nom d'Antonin ; et comme s'il eût été le père de L. Commode, il l'appela aussi Vérus, nom auquel il ajouta celui d'Antonin. Il lui fiança même sa fille Lucilla, et, à l'occasion de cette alliance, ils firent admettre au partage des distributions de blé les fils et les filles des nouveaux citoyens. Après avoir réglé dans le sénat tout ce qu'exigeaient les circonstances, les empereurs se rendirent ensemble au camp prétorien ; et ils promirent, pour leur avénement au trône, vingt mille sesterces à chaque soldat, et des sommes proportionnément plus fortes aux officiers.

Ils déposèrent, avec un appareil somptueux, le corps du défunt empereur dans le tombeau d'Adrien. Un deuil public fut alors ordonné, et l'on procéda solennellement aux funérailles. Les deux princes prononcèrent, du haut de la tribune, l'éloge de leur père ; ils choisirent parmi ses alliés un flamine, et, parmi ses meilleurs amis, des prêtres, qui furent appelés Auréliens.

 

© Agnès Vinas

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius