Livre X - Lettres 119 et 120


PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN

Les athlètes, seigneur, prétendent que le prix que vous avez établi pour les vainqueurs, dans les combats isélastiques, leur est dû dès le jour qu'ils ont reçu leur couronne ; qu'il importe peu quel jour ils font leur entrée solennelle dans leur patrie ; qu'il ne faut regarder que de quel jour ils ont vaincu, et de quel jour par conséquent ils ont pu la faire. Au contraire, je suis de l'avis de ceux qui président à ces combats, et je crois (non pourtant sans douter bien fort) qu'il ne faut compter que du temps qu'ils ont fait leur entrée. Ces athlètes demandent encore leur rétribution pour le combat que vous avez depuis rendu isélastique, quoiqu'il ne le fût pas encore au temps qu'ils ont emporté. la victoire. Ils disent, pour raison, que de même qu'on ne leur donne rien pour ces combats, qui ont cessé d'être isélastiques depuis qu'ils ont vaincu, aussi est-il juste de leur donner pour ceux qui le sont devenus. Je me trouve encore fort embarrassé sur cela, et je doute fort que l'on doive faire remonter les prix avant leur établissement, et les donner à ceux à qui ils n'avaient point été proposés, quand ils ont vaincu. Je vous supplie donc, Seigneur, de résoudre mes doutes, ou plutôt de vouloir bien interpréter vos grâces.

TRAJAN A PLINE

La récompense assignée au vainqueur, dans les combats isélastiques, ne me paraît due que du jour qu'il a fait son entrée dans sa ville. Les rétributions pour les combats, qui, avant que je les eusse rendus isélastiques, ne l'étaient point, ne peuvent remonter au temps où elles n'étaient point établies. Et les changements survenus, soit dans les combats qui ont commencé à être isélastiques, soit dans ceux qui ont cessé de l'être, ne décident rien en faveur des athlètes ; car, quoique la nature de ces combats change, on ne leur fait point rendre ce qu'ils ont une fois reçu.

© Agnès Vinas

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