Livre X - Lettre 66


PLINE A L'EMPEREUR TRAJAN

Comme je convoquais des juges pour tenir ma séance, Flavius Archippus a demandé d'en être dispensé en qualité de philosophe. Il s'est trouvé des gens qui ont représenté que non seulement il fallait l'exempter de juger, mais même le retrancher tout à fait du nombre des juges, et le renvoyer au supplice auquel il s'était dérobé, en se sauvant de prison. On rapportait la sentence de Vélius Paulus, qui le condamne aux mines comme faussaire. Archippus ne représentait aucun acte qui l'eût rétabli ; mais il prétendait y suppléer, et par une requête qu'il avait présentée à Domitien, et par des lettres honorables que ce prince avait écrites en sa faveur, et par une délibération des habitants de Pruse. Il joignait à tout cela des lettres que vous lui aviez écrites, un édit de votre auguste père, et une de ses lettres, par laquelle il confirmait toutes les grâces que Domitien avait accordées. Ainsi, quoiqu'on lui imputât de tels crimes, je n'ai pas cru devoir rien résoudre, sans avoir su vos intentions sur une affaire qui me paraît digne d'être décidée par vous-même. Je renferme dans ce paquet tout ce qui a été dit de part et d'autre.

Lettre de Domitien à Térence Maxime
Flavius Archippus, philosophe, a obtenu de moi qu'on lui achetât, aux environs de Pruse, une terre de six cent mille sesterces, dont il pût nourrir sa famille. Je vous ordonne de lui faire payer cette somme, et de la porter en dépense dans le compte de mes libéralités.

Lettre du même à Lucius Appius Maximus
Je vous recommande Archippus, philosophe, homme de bien, et dont les moeurs ne démentent point la profession. Accordez-lui une entière protection dans tout ce qu'il pourra désirer honnêtement de vous.

Edit de Nerva
La douceur de notre empire, messieurs, ordonne d'elle-même certaines choses, et ce n'est pas par cet endroit que me devaient regarder comme un bon prince ceux à qui il doit suffire de me connaître. Il n'y a pas un de mes citoyens qui ne se puisse répondre que j'ai préféré le repos public à mon repos particulier, pour être en état de répandre à pleines mains de nouvelles grâces, et de maintenir celles qui ont été déjà faites. Cependant, pour ne pas suspendre le cours de la joie publique, ou par la crainte de ceux qui les ont obtenues, ou par la mémoire de celui qui les a données, j'ai cru aussi nécessaire qu'avantageux de prévenir. tous ces doutes par une explication publique de ma volonté. Je ne veux pas que personne pense que, s'il a obtenu quelque privilège, ou public ou particulier, de mes prédécesseurs, je ne l'annulle qu'afin qu'en le rétablissant, ou le confirmant, celui qui l'aura ne le tienne que de moi. Il ne faudra point renouveler des remercîments pour des grâces faites ; et à l'égard de celles qui n'ont point encore été accordées, ceux à qui elles sont nécessaires souffriront bien qu'elles soient dispensées par nous, que la fortune de l'empire a regardé d'un meilleur oeil : mais qu'ils se souviennent de ne rien demander de ce qu'ils ont obtenu.

Lettre du même à Tullius Justus
La résolution que j'ai prise de ne toucher à rien de ce qui a été fait par mes prédécesseurs veut que l'on défère aussi aux lettres de Domitien.


© Agnès Vinas

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