Atelier de Pierre Paul Rubens - Romulus tuant Remus - XVIIe s. - National Museum Wales



Double profil de Romulus et Remus
Frise du XVe siècle - Chartreuse de Pavie

Un meurtre fratricide accompli sous l'emprise de la colère peut-il être considéré comme un sacrifice ? Evidemment non si les motivations du meurtrier sont purement psychologiques. Mais la mort de Remus s'inscrit dans un contexte religieux tout à fait particulier : celui de la fondation d'une ville, et le geste qui provoque la mort est une transgression dont la portée est loin d'être simplement individuelle. On pourra profiter de ce dossier pour faire le point sur cette question, qui fera remonter aux origines légendaires non seulement d'une cité mais surtout d'une idée de son pouvoir, de sa vocation et de sa relation avec les dieux.


1. Contextualisation

2. Documents à exploiter


3. Documents complémentaires



Dès l’origine du tracé du pomœrium par Romulus, s’affirme la dualité du monde voulue par les Romains : au cœur du tracé, les civils, à l’extérieur, l’armée. Entre les deux un espace sacré que l’on ne peut ni construire ni habiter et qu’aucune troupe ne peut franchir. La première transgression de cet interdit valut la mort à Rémus en un sacrifice humain fondateur, générateur du premier mythe de l’inviolabilité de l’Urbs. L’espace ainsi délimité est sacer, consacré aux dieux, et Rémus de son côté devient sacer, voué aux dieux infernaux. Paradoxe du double sens de ce mot qui lie sous un même vocable le divin et le sacrilège, la loi religieuse et la sanction, l’homme et le dieu. Maudit sera celui qui transgresse la loi religieuse, exclu de la communauté des citoyens, le devoir de le tuer s’imposera à chacun sans qu’il y ait homicide. C’est en ce sens que le châtiment prend le caractère de sacrifice humain car il réprime une atteinte au sacré, lors même qu’une atteinte de même nature sur tout objet profane, même dans le cas où elle aurait conduit à l’application d’un châtiment similaire, n’aurait revêtu que la forme de la justice profane.

J.Y. Fournis - Le sacrifice humain dans la littérature latine, mythes, légendes, historicité, représentation