Achille et Briséis
H. Roux, Herculanum et Pompéi, tome
III,
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L'Iliade a inspiré ce tableau. Nous ne
croyons pas qu'il y ait lieu de rappeler le touchant
épisode de Briséis ; il est présent
à tous les esprits. Nous le prendrons seulement au
point où il a été mis en scène
par le peintre qui nous a doté de l'oeuvre remarquable
reproduite par cette planche.
Agamemnon, brûlant d'amour et de vengeance, donna ordre
à ses hérauts Eurybate et Talthybius d'aller
trouver Briséis dans la tente d'Achille, et de
l'amener auprès de lui. On les voit ici remplissant
à contre-coeur la pénible mission dont ils
étaient chargés. Ils ont trouvé Achille
assis avec Patrocle près des vaisseaux, et n'ont pas
eu le courage de lui exposer l'objet de leur visite. Mais le
fils de Pélée les a à peine
aperçus, qu'il a pressenti la triste nouvelle qu'ils
sont chargés de lui annoncer, et, imposant silence
à la voix de sa passion, il a autorisé Patrocle
à remettre Briséis entre les mains des
envoyés d'Agamemnon.
Ici commence l'action de ce tableau. Le héros est
assis devant sa tente au milieu de ses fidèles
Myrmidons, à demi vêtu d'un pallium qui tombe
sur ses cuisses et laisse à découvert le haut
de son corps ; il montre aux hérauts, qui semblent
tout confus de remplir un pareil message, Briséis qui
fond en larmes et se résout avec peine à suivre
Patrocle, qui l'attire à lui et l'engage à
renoncer à son cher seigneur et à sa prison
chérie. Infortunée ! comme dit le poète,
si ses pieds marchent en avant, ses yeux se dirigent en
arrière. Elle essuie ses larmes avec le pallium blanc
qui couvre sa tête et tombe à larges plis sur sa
tunique jaune. Le spectacle de sa douleur attendrit tous les
assistants. Un seul paraît insensible à son
désespoir, c'est celui-là même qui en est
cause ; c'est Achille, dont les traits sont empreints d'une
rudesse forcée, dont les gestes indiquent une
assurance et une fermeté sous l'apparence desquelles
il s'efforce de cacher la douleur et la colère qui
bouillent dans son âme avec d'autant plus de violence
qu'il fait plus d'efforts pour les comprimer, et le plus
courageux des héros dompte le plus tendre, le plus
désespéré des amants. Si notre tableau,
d'ailleurs, n'était exécuté avec un soin
particulier, la seule figure d'Achille et l'expression
très heureuse des divers sentiments qui l'animent et
qui se combattent, suffiraient pour lui donner un grand
prix.
Commentaire de M. L. Barré dans l'édition d'Herculanum et Pompéi mentionnée ci-dessus.
Commentaire de cette même fresque dans les Pompeiana de William Gell, et présentation de la Maison du Poète tragique, dans laquelle elle se trouvait, dans la Pompéia d'Ernest Breton (les deux commentaires s'ouvrent dans une autre fenêtre).