Parmi les ermites du Roussillon, un nom est parvenu jusqu'à nous, celui d'Honorat Ciuró. Il le doit à son dietari, ou Livre de raison, qui nous a été conservé et dont plusieurs écrivains catalans se sont déjà inspirés. L'abbé Torreilles le premier lui a consacré un article dans le bulletin de la S.A.S.L., puis Josep Sebastià Pons a écrit sur l'ermite de Sant Martí de la Roca de Camelas des pages pleines de sympathie. Et tout récemment, Pierre Capdet, dans L'Eté de la Saint Martin (L'olivier, Perpignan, 2003), a intégré le personnage dans une fiction romanesque qui recrée la vie mouvementée des populations de l'Aspre au milieu du XVIIe siècle entre France et Espagne. |
Mossen Ciuró est cependant tout le contraire d'un solitaire : il garde des liens constants avec les habitants des alentours, exerce le ministère de prêtre à la demande, et remplace parfois le curé de Camelas. Bien que revenu à Thuir en 1655, car il est aussi organiste de l'église Saint Pierre, il n'abandonne jamais son ermitage de Sant Martí. Il y court, dès qu'il a du temps libre, poursuivre ses travaux de restauration et de plantation, parfois toute la semaine, avant de revenir à Thuir le dimanche. Il meurt à Camelas le 13 septembre 1674, après avoir demandé que ses biens soient vendus aux enchères au bénéfice exclusif de son cher ermitage.
Puisse son livre de raison, récit de sa longue expérience spirituelle, mais aussi témoignage de la langue catalane parlée en Roussillon au XVIIe siècle, être enfin édité et mis à la disposition du public...