4 - Le costume roussillonnais à la Belle Epoque (1890-1910)

Avec la disparition de la tournure, la période 1880-1890 a été une période calme pendant laquelle des formes nouvelles et innovantes de silhouettes ont eu le temps d’incuber. Passé 1890, les robes Belle Epoque font une apparition triomphale : les manches gigot sont excessivement larges, et leur ampleur dépasse la ligne des épaules ; des cols officiers emprisonnent l’ensemble du cou. Les robes perdent une grande partie de leur volume, alors que subsistent quelques plis, l’arrière formant une petite traîne. Les corsages se portent sur des corsets extrêmement serrés à la taille.

Ces robes d’un nouveau genre coïncident avec l’avènement de l’Art Nouveau, qui se répand dans tous les arts décoratifs et dans l’architecture. Le commerce de la mode est encore situé dans les artères du centre ville, place Laborie, la Barre et la rue des Marchands. En arasant ses remparts, la ville se donne de nouveaux espaces dédiés à la consommation et au commerce de mode : on verra bientôt surgir les grands magasins, Grand-Bazar, Nouvelles Galeries et les Dames de France (1911) sur les nouveaux boulevards.

 

Catalane avec ses deux enfants

Cette photographie a été prise en extérieur dans une rue de Vingrau, un village des Corbières catalanes. On peut voir la jeune mère porter le traditionnel « mocador de cap » dérivé de l’ancienne capuche, signe indiscutable de l’aspect traditionnel de la société villageoise roussillonnaise qui se répercute sur le costume autant que sur la manière de vivre.

Cliché anonyme

 

Nounou avec un bébé

La jeune catalane avec sa coiffe simple de tulle et son grand tablier en coutil rayé est probablement une nounou qui s’occupe du bébé d’une famille bourgeoise. Le caraco avec ses manches gigot est tout à fait caractéristique de cette période 1900.

Plaque de verre anonyme

Jeune Catalane avec son enfant

Cette jeune Catalane avec sa petite fille confirme la beauté des jeunes femmes du Roussillon. La coiffe de dentelle s’harmonise avec l’ensemble complexe de la robe, qu'agrémentent une sorte de fichu et un nombre important de dentelles et de perles de jais.

Cliché Mas, Perpignan

 

Famille perpignanaise avec nounou

Perpignan reste encore en 1900 une ville de garnison importante, bien que l’armée ait décidé d’abandonner les remparts qui ceinturaient la ville : ces zones vont être loties très rapidement et former les nouveaux boulevards. Ici la famille prend la pause assise sur un banc, peut-être dans la cour de la caserne, avec les deux jeunes enfants et la nounou portant la coiffe.

Cliché anonyme

 

Deux jeunes soeurs et jeune garçon

Les enfants avaient des costumes de petits marins à la fois pour les garçons mais aussi pour les filles. On imagine les voyages imaginaires en bateau miniature sur le bassin du square, immense à leurs yeux d’enfants.

Photographie Canac, Perpignan

 

Famille catalane

Les familles aisées du Roussillon restent attachées à leur culture, comme en témoigne la coiffe catalane de la femme. L’homme porte le costume veston qui unifie la gent masculine dans l’Europe et le monde. La petite fille possède une robe bouffante de couleur claire.

Cliché anonyme sur plaque de verre

 

Petits Perpignanais en institution

Les enfants de Perpignan étaient scolarisés soit à la communale, soit en institution religieuse comme ici avec ces sœurs enseignantes vêtues de leur habit religieux. Chaque enfant a un costume particulier et aucun ne semble porter la blouse d’écolier.

Cliché anonyme

 

L'Orphéon de Prades

Les groupes de musique avaient une origine militaire au XIXe s. dans les villes comme Prades et Perpignan. La création des Orphéons a permis de créer de puissantes compagnies de musiciens civils, recrutés dans les collèges et écoles des environs. Tous portent le costume du groupe avec sa casquette.

Cliché anonyme

 

Repas de baptême

Le terme de familles catalanes prenait un sens élargi lors d’événements comme les baptêmes ou les mariages. Ici, dans la cour d'un hôtel particulier, le repas accueille de nombreux convives, dont certains ne sont invités qu'à « passer » et n’ont pas de place assise. On notera le coin des enfants au début de la table, les deux pièces montées sur la table couverte de vaisselle et de compotiers remplis de sucreries, ainsi que l’omniprésence des bouteilles de vin.

Cliché anonyme

 

Portrait de Joseph Polge et de femme à l'éventail

Ce couple a été photographié en atelier à Amélie-les-bains, ville thermale où vivait une certaine bourgeoisie catalane. Leurs costumes sont parfaitement à la mode Belle Epoque. Costume bourgeois pour l’homme, robe à fines rayures, plumetis et dentelles pour la jeune femme.

Cliché Atelier Declumanc, Amélie-les-Bains

 

Le mariage d'Albert Brousse

Les mariages de la bourgeoisie perpignanaise donnaient lieu obligatoirement à une photographie d’atelier. Ici les mariés posent dans leur costume le plus chic, costume et robe achetés et portés pour l’occasion seulement. La tenue de la mariée est typique de la coupe alors à la mode, manches à épaules bouffantes et relevées, taille très resserrée par un corset, jupe évasée vers le bas.

Cliché anonyme

 

Mariage en campagne

Ce mariage photographié en plein air est certainement un mariage de la haute société villageoise. La mariée au centre possède une robe à la mode non pas blanche, mais sombre. Elle porte, comme quasiment toutes les femmes présentes, la coiffe catalane.

Cliché anonyme

 

Thérèse et Marie Parès en 1903

La mode 1900 est celle de l’Art nouveau, art que les deux sœurs Parès, filles d’un riche négociant de vin de Perpignan, semblent apprécier à en juger par leur habillement : caraco flottant à motifs compliqués, cols d’hommes amidonnés, coiffures hautes et boucle de ceinture de style nouille. Le style « nouille » a donné lieu à la création d’imprimés aux décors curieusement compliqués, proches des productions de la maison londonienne Liberty.

Cliché anonyme

 

Le chœur de chant de St Mathieu en pèlerinage au Coral

En juillet 1897, la paroisse Saint Mathieu de Perpignan organisa le jubiléd’ or de l’abbé Vila. Nous voyons ici le chœur de chant dirigé par Mlle Marie Jalabert, au centre. Toutes les choristes portent des robes à la mode, sans chapeaux ni coiffes. L’ombrelle de l’une d’elles indique la saison.

Cliché anonyme

 

La famille Parès-Velzy à Vichy

Les robes étaient assorties de très grands chapeaux comme ceux que l’on peut voir sur ce cliché des femmes de la famille Parès-Velzy pris à Vichy. Les robes Belle Epoque sont en adéquation avec l’Art nouveau qui donne aux femmes des allures étranges. Le raffinement est à son comble, avec des matières fines et des volants, et les chapeaux n’ont jamais été si volumineux. Ils sont en effet recouverts de plumes d’autruche, d’oiseaux entiers ou de bouquets de fleurs artificielles rappelant le XVIIIe s.

Cliché anonyme

 

Catalanes à la broche / à la croix en grenats

Ces deux jeunes Catalanes, dont l'une porte la coiffe de dentelle, arborent toutes deux des bijoux en grenat de Perpignan : ces deux pièces de prix étaient devenues le symbole identitaire de toute une population de Roussillonnaises de milieux aisés. Seul ce bijou est resté, jusqu’à aujourd’hui, le moyen de signifier sur soi-même son attachement à la catalanité.

Cliché J.Reservé, Alger/cliché J.Ricard, Perpignan

 

Portrait de Catalane à la coiffe

La coupe des robes aux environs de 1900 était très particulière, en adéquation avec le modelage Art Nouveau du corps de la femme : taille très étroite, épaulettes remontantes, manches serrées, et ici port de la coiffe catalane.

Cliché anonyme

Portrait de Catalane au mocador de cap

Vers 1910, les tenues féminines commencent à évoluer vers moins de contraintes. On combat le froid avec l’écharpe en fourrure, portée sur le bras pour le cliché. Le mouchoir de tête très ajusté sur le front forme une élégante architecture pyramidale, donnant beaucoup de grâce au visage.

Cliché anonyme

 

Portrait de groupe

Ces trois personnes ont été prises sur le vif en extérieur. La plus âgée, au milieu, a une mise traditionnelle, avec le châle porté sur les épaules et la coiffe catalane. On remarque le côté populaire de leurs costumes, qui reste élégant mais extrêmement sobre.

Cliché anonyme

 

Les dévotes de St Mathieu en pèlerinage au Coral

Le pèlerinage à Prats-de-Mollo, à l’ermitage du Coral, fut l’occasion pour ces dévotes de la paroisse Saint Mathieu de Perpignan d’aller à la montagne vénérer la sainte Vierge. Coiffes catalanes ou mouchoir de tête sont de rigueur, tout comme l’éventail qui reste un attribut indispensable chez la Catalane.

Cliché anonyme

 

Portrait de groupe devant un ermitage

Cette famille roussillonnaise a été photographiée avec les desservants de la paroisse, probablement devant la chapelle rurale à coté de leur habitation. On peut voir que l’homme de gauche et le garçon portent une blouse. La plupart portent les vigatanas, espadrilles fabriquées spécifiquement dans le Vallespir. Les trois femmes sont, elles, endimanchées, avec des robes soignées et à la mode du moment.

Cliché anonyme

 

Portrait de groupe : maçons édifiant une cave

La fin du XIXe s. fut une période propice à la viticulture et à l’édification de nombreux bâtiments : caves, entrepôts et autres extensions. Ce cliché rare montre un groupe d’ouvriers maçons, posant dans leur mise laborieuse devant l’objectif. On notera les faixes ou ceintures de tissus de certains, et la simplicité des costumes.

Cliché anonyme


© Laurent Fonquernie
Laurent Fonquernie tient à remercier toutes les personnes qui ont bien voulu lui prêter gracieusement ces photographies.