Les princes de l'Eglise

Atelier de Hyacinthe Rigaud
Cardinal Armand Gaston Maximilien
de Rohan-Soubise (1710-1712)
Versailles, musée national du château et des Trianons

Le clergé séculier représente plus de la moitié de la clientèle ecclésiastique de Rigaud (12 % de l'effectif total). Celle-ci est presque exclusivement masculine, à l'exception de Marie Elisabeth Barentin, abbesse de Saint-Amand de Rouen, peinte en 1699 et d'Elisabeth Léonore de La Tour d'Auvergne, abbesse « d'Espagne de Torigny », peinte en 1714. Le bas clergé n'apparaît qu'au tout début de la carrière de l'artiste : à partir de 1685, il laisse la place aux princes de l'Eglise et à ses cardinaux : Pierre de Camboust de Coislin (1699), Emmanuel Théodose de La Tour d'Auvergne, doyen du Sacré Collège (1709), Henri de Thiard de Bissy (1715), Melchior de Polignac (1715), Guillaume Dubois (1723) et André Hercule de Fleury (1728).

Hyacinthe Rigaud
Cardinal Melchior de Polignac (1715)
Paris, musée du Louvre

Hyacinthe Rigaud
Cardinal Guillaume Dubois (1723)
Cleveland, Museum of Art

Tous les sièges archiépiscopaux, sauf celui de Besançon, apparaissent dans les livres de comptes, soit à travers le portrait de l'archevêque, soit à travers celui ou ceux de ses suffragants. Le plus souvent, archevêque et évêques d'une même province ecclésiastique défilent dans l'atelier du peintre ; ceci vaut également pour les desservants d'une même paroisse : en 1695, Rigaud exécute le portrait du curé de Saint-Eustache, Léonard de Lamet ; l'année suivante, c'est le vicaire de Saint-Eustache, François Robert Secousse, qu'il peint.

Hyacinthe Rigaud et atelier
François Robert Secousse
vicaire de Saint-Eustache à Paris (1696)
Paris, église Saint-Eustache, presbytère

Hyacinthe Rigaud
Léonard de Lamet
curé de Saint-Eustache à Paris (1695)
Lyon, musée des Beaux-Arts

Certains prélats nouvellement promus suivent l'exemple de leurs prédécesseurs et passent commande comme à Albi, où Hyacinthe Serroni (1676-1687) fait un émule en la personne d'Armand Pierre de La Croix de Castries (1719-1747).

La vie religieuse sous Louis XIV et Louis XV fut le théâtre de la lutte que livra l'Eglise, par l'intermédiaire du bras séculier, contre le Jansénisme. Or il est intéressant de noter qu'à côté d'une clientèle « orthodoxe », de loin majoritaire, quelques prélats proches de la pensée de Port-Royal figurent dans les livres de comptes : parmi eux, citons Pierre de La Broue, évêque de Mirepoix, Jean Soanen, évêque de Senez et Charles Joachim Colbert, évêque de Montpellier, qui furent trois des quatre « appellants » de la constitution Unigenitus du 8 septembre 1713 à un concile général.


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