CARCER (κάρκαρον)

  1. Geôle ou prison.Les prisons romaines étaient divisées en trois étages dont chacun avait une destination spéciale. Le premier (carcer inferior, γοργύρη) était un sombre cachot souterrain, où l'on ne pénétrait que par une petite ouverture pratiquée dans le plancher de la cellule supérieure et qui ne servait pas comme de lieu de détention, mais d'exécution. On y jetait les condamnés à mort pour y subir leur sentence. L'étage du milieu (carcer interior) était bâti immédiatement au-dessus du cachot des condamnés et de niveau avec le sol ; il n'avait, comme le précédent, qu'une ouverture dans le plafond et servait de lieu de détention ; on y enfermait ceux qui étaient condamnés aux fers (custodia arcta) jusqu'à l'expiration de leur peine, ou jusqu'à ce que la sentence, si c'était une sentence de mort, reçût son exécution. L'étage supérieur, le premier au-dessus du sol, renfermait ceux qui s'étaient rendus coupables de délits moins graves ou qui n'étaient condamnés qu'à un emprisonnement d'une durée ordinaire (custodia communia). La détention y était beaucoup moins sévère : les prisonniers pouvaient prendre l'air et se livrer à des exercices. C'est à un emprisonnement de ce genre qu'Othon condamna Dolabella : nequearcta custodia neque obscura (Tac. Hist. I, 88), c'est-à-dire qu'il le fit enfermer dans le cachot de l'étage supérieur ; il ne le soumit pas à la détention rigoureuse du carcer interior (celui qui est au-dessus dans la gravure), et il ne le jeta pas dans le sombre cachot souterrain. Ces trois divisions étaient visibles dans la prison d'Herculanum, quand on la retrouva en faisant les fouilles ; les deux divisions inférieures subsistent encore entières dans les prisons construites par Ancus et Servius près du Forum romain. Nous en donnons une section qui montre leurs positions relatives et le plan de leur construction. La muraille, avec l'inscription rappelant le nom du magistrat sous lequel on répara le cachot, faisait face au forum et enfermait l'étage supérieur, qui a complètement disparu.

  1. Ecuries dans le cirque, où les chars stationnaient avant le commencement d'une course, et où ils retournaient quand elle était terminée (Ovid. Her. XVIII, 166 ; Auct, ad Heren. IV, 3). C'étaient des voûtes fermées sur le devant par de larges portes de bois, ordinairement au nombre de douze (Cassiodor. Var. Ep. III, 51). De là vient que le mot carcer, pris dans ce sens, est employé le plus souvent au pluriel (Cic. Brut. 47 ; Virg. G. I, 512). Il y en avait une pour chaque char et elles étaient situées à l'extrémité de la surface plane ou arène sous l'oppidum, six de chaque côté de la porta pompae, par laquelle entrait le cortège. On voit leur position relativement à l'arène dans le plan du circus, où elles sont marquées AA. Nous donnons ici une perspective de quatre carceres, avec leurs portes ouvertes (cancelli), d'après un bas-relief du Musée britannique.

Illustration complémentaire

Aurige vainqueur. On aperçoit derrière lui
les portes des carceres, ouvertes depuis le début de la course

Mosaïque de Dougga, fin IV° siècle apr. JC
Musée du Bardo (Tunis, Tunisie), 2001

© Agnès Vinas