CIRCUS (κίρκος)

Cirque romain, qui, dans l'origine, n'était rien qu'un espace plat et découvert autour duquel on élevait des échafauds de bois provisoires pour recevoir les spectateurs. Même avant l'expulsion des rois, un édifice permanent fut construit pour cet usage sur un plan régulier, et toujours conservé dans la suite, jusqu'à la dissolution définitive de l'empire. L'édifice entier, avec l'arène et ses dépendances, était compris sous le nom général de cirque (Liv. I, 35 ; Varro, L. L. V, 135 ; Dionys. III, 68).



On donna au plan une forme oblongue, finissant à une des extrémités en un demi-cercle et fermé à l'extrémité opposée par des bâtiments appelés la ville (oppidum), sous lesquels étaient placées les écuries (carceres) pour les chevaux et les chars, marquées AA dans la gravure qui représente le plan d'un cirque subsistant encore et bien conservé sur la voie Appienne près de Rome : il est connu vulgairement sous le nom de Cirque de Caracalla. Un mur bas et étendu (spina, B sur le plan) était élevé en long dans l'arène, de manière à la diviser, comme une barrièrre, en deux portions distinctes ; et à chacune de ses extrémités était placée une borne (meta), autour de laquelle tournaient les chars ; la plus proche des écuries (C) s'appelait meta prima ; la plus éloignée (D) meta secunda. On remarquera que dans notre plan les deux côtés du cirque ne sont pas tout à fait parallèles, et que la spina n'en est pas également distante.Peut-être est-ce une exception qui n'avait lieu que dans les constructions d'une étendue restreinte comme celle-ci, pour donner plus de place aux chars au commencement de la course, quand tous partaient de front ; mais quand ils avaient tourné la borne du bout (D), ils étaient plutôt en colonne qu'en ligne, et en conséquence il suffisait d'un espace moins large dans cette partie de la course. C'est pour une raison analogue que la corne droite du cirque est plus longue que la gauche, et que les écuries (AA) sont disposées sur un segment de cercle dont le centre tombe exactement au point E, également éloigné de la première meta et du côté de l'édifice où la course commençait. On voulait que tous les chars, au moment où ils sortaient de leurs écuries, eussent à franchir la même distance avant d'atteindre l'endroit d'où l'on partait, situé à l'entrée de l'arène : là une corde blanchie à la craie (alba linea, E) était fixée en travers à deux petits piliers de marbre (hermulae) et détachée d'un côté ; aussitôt que tous les chevaux se trouvaient de front et qu'on avait donné le signal du départ. L'édifice construit en dehors (au point F) est la tribune de l'empereur (pulvinar), et celui qu'on voit du côté opposé (G) est, on le présume, destiné au magistrat (editor spectaculorum) qui faisait les frais des jeux. Au centre de l'extrémité occupée par les écuries était une belle entrée appelée porta pompae (H), par laquelle passait le cortège du cirque avant le commencement des courses ; une autre était élevée à l'extrémité circulaire (I) et appelée porta triumphalis, par laquelle les vainqueurs sortaient du cirque comme en triomphe ; une troisième ouvrait sur le côté droit (K), appelée porta libitinensis, par laquelle on emportait les conducteurs tués ou blessés, et il y en avait deux autres (LL) tout près des carceres par lesquelles on amenait les chars.

Quant à ce qui regarde l'intérieur et l'extérieur de l'édifice, un cirque était construit sur un plan analogue à celui qu'on adoptait pour les théâtres et les amphithéâtres : à l'extérieur, il se composait d'un ou plusieurs étages d'arcades, suivant l'étendue de la grandeur de l'édifice, par lesquelles les spectateurs arrivaient aux escaliers qui conduisaient dans l'intérieur du bâtiment. L'intérieur était disposé en gradins partagés en rangées et séparés par des escaliers et des paliers, de la manière que nous avons dite au mot amphitheatrum ; on peut en prendre une juste idée par la gravure ci-jointe, qui représente l'ancien cirque de Constantinople, tel qu'on le trouve sur une vieille carte, faite avant la prise de cette ville par les Turcs. Quoique ce ne soit qu'une ruine, on voit distinctement les arcades et la carcasse extérieure de l'édifice ; quelques débris des gradins destinés aux spectateurs ; la spina avec ses obélisques et ses colonnes presque intactes ; la meta prima à main droite ; l'oppidum et les carceres disposés sur une ligne courbe comme dans le premier spécimen ; et une des portes par lesquelles les chars entraient dans le cirque, pareille à celles marquées LL, sur le plan ; de plus, c'est le seul spécimen connu où nous voyons les constructions d'un cirque.


Illustration complémentaire

Circus Maximus
Sur sa spina étaient érigés deux obélisques,
l'un amené d'Egypte à Rome par Auguste et l'autre par Constantin.
Maquette de Gismondi
Musée de la Civilisation romaine, Rome, 1984

© Agnès Vinas