DOMUS

  1. Maison particulière, occupée par un seul propriétaire et sa famille, par opposition à l'insula, qui était construite pour recevoir un certain nombre de familles différentes auxquelles on la louait en chambres, en étages ou en appartements.

    Les maisons romaines étaient bâties d'ordinaire sur un plan invariable : les différences ne consistaient que dans la grandeur, le nombre et la distribution des appartements, en proportion de la fortune du possesseur, ou en raison de la nature particulière de l'emplacement. Ces maisons étaient divisées en deux parties principales : l'atrium ou cavaedium, entouré de ses dépendances ; et le peristylium, au delà duquel étaient ses dépendances qui étaient rattachées au reste par une pièce intermédiaire, le tablinum, et aussi par un ou deux corridors, fauces, ou quelquefois par l'un et l'autre. Ces différents appartements constituaient dans le plan le noyau de l'édifice, et on les trouve constamment dans toute maison romaine de quelque importance ; leur situation respective était toujours la même, et ils étaient construits suivant un modèle reçu dont on ne déviait jamais sur aucun point important, comme le prouve la gravure ci-jointe, qui représente le plan de trois petites maisons situées à côté l'une de l'autre dans une des rues de Rome, d'après la carte en marbre de cette ville, conservée maintenant au Capitole, mais exécutée sous Septime-Sévère.
A A A est le prothyrum, ou entrée qui ouvre sur la rue ;
B B B, l'atrium ou cavaedium ;
C C C, le peristylium ;
D D D le tablinum ou pièce de passage qui réunit les deux divisions principales de l'édifice.
Quant aux autres pièces, qui ne sont pas marquées par des lettres de renvoi, celles à côté des portes qui font face à la rue étaient des boutiques ; celles de l'intérieur étaient des salles à manger, des salles pour passer la journée, des chambres à coucher à l'usage de la famille.
La gravure ci-après représente le plan d'une maison de Pompéi, qui était aussi à beaucoup d'égards une insula, car elle était entourée de tous côtés par des rues et par quelques dépendances extérieures, avec des étages supérieurs qui n'avaient pas de communication avec la partie principale de l'édifice. Nous la plaçons ici pour donner une idée du plan général des maisons de la classe supérieure occupées par des particuliers qui se trouvaient dans l'aisance, et de la disposition et du nombre de leurs parties ; car les palais de la haute noblesse, de l'aristocratie de richesse ou de naissance, étaient beaucoup plusconsidérables, et se composaient d'une plus grande variété de pièces, suivant la fortune et le goût de leurs possesseurs. On en trouvera, sous chacun des noms qui les distinguent, une description séparée ; on trouvera pareillement le détail des parties ici mentionnées, et les uns et les autres sont énumérés dans l'index par ordre de matières. La maison dont nous donnons le plan est connue sous le nom de maison de Pansa, et on suppose qu'elle fut occupée par un édile de Pompéi, parce que les mots PANSAM AED. sont peints en lettres rouges près de l'entrée principale.
A. Ostium et prothyrum, le vestibule entre la porte de la rue et l'atrium, avec un pavé en mosaïque, sur lequel on voit le mot habituel de ceux qui saluent, SALVE, formé par une marqueterie de pierres de couleur.
B. L'atrium, du genre appelé toscan, au centre duquel est l'impluvium (a) pour recevoir l'eau qui est amenée des toits, avec un piédestal ou autel (b) des dieux domestiques, dont la place habituelle était près de l'impluvium. L'atrium est une fois et demie aussi long qu'il est large, et c'est ce que veut Vitruve.
C C. Les alae ou ailes de l'atrium, qui sont exactement les deux septièmes de la longueur de l'atrium, ainsi que Vitruve l'exige.
c c c c c. Cinq petits cubicula ou chambres pour la réception des hôtes ou pour l'usage de la famille.
D. Le tablinum, pavé en mosaïque, ouvrant sur le péristyle, de telle sorte qu'une personne qui entrait dans la maison par la porte principale A avait vue sur l'étendue entière de l'édifice, l'atrium et le peristylium, et découvrait au-delà l'oecus et le jardin ; ce devait être une perspective fort belle et fort imposante. On pouvait cependant, quand on en avait besoin, fermer le tablinum avec des rideaux ou des paravents provisoires.
E. Corridor de communication entre l'atrium et le peristylium, à l'usage des domestiques, pour obvier à l'inconvénient de faire du tablinum une chambre de passage. Dans beaucoup de cas il y avait deux corridors de ce genre, un de chaque côté du tablinum : de là vient qu'ils sont désignés par le pluriel fauces.
d. Chambre dont on ignore l'usage, mais qui peut avoir servi ou de salle à manger (triclinium), ou de galerie de peinture (pinacotheca) ou de salle de réception pour les visiteurs. Elle termine la première partie de la maison, qui comprend l'atrium et ses dépendances.
FF. Le peristylium, qui forme la partie principale de la seconde division ou division intérieure de la maison. Il a un toit supporté par des colonnes qui forment quatre corridors, avec un espace ouvert au centre, contenant un bassin d'eau (piscina) semblable à l'impluvium de l'atrium, mais de dimensions plus grandes.
G G. Alae du péristyle.
e e e e. Quatre cubicula ; on se servait des trois qui sont sur la gauche du péristyle comme de chambres de résidence ; l'autre, à côté du passage E, semble avoir été destiné au portier de la maison (ostiarius) ou à l'esclave à qui était remis le soin de l'atrium (atriensis) : en effet elle communiquait directement et immédiatement avec les deux divisions de la maison, et de là on pouvait avoir l'oeil sur l'entrée de la rue latérale m.
H. Le triclinium ou salle à manger : la chambre qui y touche (f) et qui communique avec elle et avec le péristyle, était probablement pour les esclaves et les domestiques qui servaient à table.
I. Oecus, qui est élevé par deux degrés au-dessus du péristyle et qui a une large fenêtre ouvrant sur le jardin situé derrière, aussi bien qu'un passage (g) de côté, comme la faux de l'atrium, pour donner accès dans le jardin sans traverser la grande chambre.
K. Culina, la cuisine, qui ouvre d'un côté sur une autre chambre ou arrière-cuisine (h), munie de murs bas sur lesquels on disposait les jarres à huile, les ustensiles de cuisine, etc., et de l'autre sur une cour (i) touchant à une des rues latérales qui courent le long de l'édifice et sur laquelle elle a une porte de derrière, (o).
L L. Galerie couverte (porticus ou crypta) , élevée le long d'un des côtés du jardin (M), dans un coin duquel est une citerne (k) fournie par un réservoir situé à côté (l). Cela complète la domus ou maison particulière occupée par Pansa. Elle avait quatre entrées distinctes : la principale sur le devant (A), et trois sur les côtés, dont deux pour la famille et les visiteurs (m et n), et une porte de derrière (postica) pour les domestiques et les marchands (o).

Mais l'insula entière contenait en outre plusieurs appartements ou maisons plus petites, quelques unes avec un étage au-dessus, qui étaient louées à différents boutiquiers.
111. Trois boutiques qui font face à la rue principale.
2. Boutique dans la même rue, qui communique aussi avec la domus, et qu'on suppose en conséquence avoir été occupée par Pansa lui-même ; c'est là que son intendant (dispensator) aurait vendu le produit de ses fermes, comme le vin, l'huile, etc., aux habitants de Pompéi, de la même façon que les nobles de Florence détaillent aujourd'hui le produit de leurs vignes dans une petite chambre au rez-de-chaussée de leur palais.
3 3. Deux établissements de boulangers, avec leurs fours (pp), des puits (q), un pétrin et autres dépendances.
4 4. Encore deux boutiques louées pour différents commerces.
5, 6, 7. Trois petites boutiques et maisons occupées par différents locataires.

Le rez-de-chaussée ainsi décrit composait la partie principale d'une domus romaine ordinaire ou maison particulière, et contenait les appartements occupés par le propriétaire et sa famille. En effet, l'étage du dessus était distribué en petites chambres (coenacula) qui servaient de chambres à coucher, et qui étaient assignées principalement aux domestiques de la maison. On ne peut admettre, en effet, que les petites chambres du rez-de-chaussée qui ouvraient sur les portiques de l'atrium et du péristyle, les principaux appartements du maître et de la maîtresse, aient jamais été donnés aux esclaves pour y passer la nuit ; et l'étage supérieur était fréquemment desservi par deux escaliers, l'un partant de l'intérieur de la maison et l'autre du dehors de la rue (Liv. XXXIX, 14). Il y a de beaux étages supérieurs dans plusieurs maisons de Pompéi et dans d'autres édifices anciens ; mais on n'en a jamais découvert qu'un spécimen, qui n'existe plus : c'était dans une maison d'Herculanum, qui avait été entièrement couverte d'un lit de lave par suite de l'éruption qui détruisit cette ville. Quand on fit les fouilles, on trouva la charpente, les poutres et les architraves presque réduites eu charbon par l'action de la chaleur ; les murs avaient été tellement endommagés par le tremblement de terre qui accompagna l'éruption de 79, qu'on fut obligé de jeter à has tout l'étage supérieur ; mais la perspective et le plan des chambres, donnés dans les deux gravures suivantes, furent pris avant la démolition, et par conséquent présentent le seul spécimen authentique qu'on puisse actuellement trouver de cette partie d'une maison romaine. Il n'y a rien de conjectural ni de restauré, excepté les tuiles du toit et les rideaux entre les colonnes.

A. Coupe de l'atrium. Les quatre colonnes qu'on voit sur le devant supportaient le toit B (marqué aussi sur le plan ci-derrière), qui couvrait un des quatre corridors dont la partie centrale et découverte de l'atrium était entourée. Les baguettes de fer et les anneaux pour suspendre les rideaux entre les colonnes, comme la gravure les montre, furent dans la place qu'ils occupaient primitivement quand la fouille fut faite. Ces rideaux étaient destinés à protéger contre les rayons du soleil les corridors latéraux du compluvium ou espace découvert au centre C C. Deux des corridors latéraux dont nous parlons, qui ont des portes à leurs extrémités les plus éloignées, ouvrant sur des appartements séparés, et qui sont fermés au-dessus par le plancher de l'étage supérieur.
D. Coupe du péristyle. Les huit colonnes qu'on voit en avant enferment un des côtés d'une area découverte qui était disposée comme un jardin.
E E. Deux des corridors latéraux qui entourent trois côtés du péristyle, ouvrant sur le jardin du côté qui en est le plus proche par leurs entre-colonnements, et fermés par derrière par mur mitoyen situé entre eux et par les appartements adjacents.
F F. Coupe de l'étage supérieur : le plan et la disposition de ces appartements sont donnés dans la gravure ci-jointe, cotés depuis a jusqu'à m.
Douze petites chambres (coenacula) construites sur les corridors de la cour qui est au-dessous, et recevant leur jour de fenêtres qui ont vue sur l'intérieur (ainsi que le montre notre perspective des six premières) ouvrent sur une terrasse (solarium) G au-dessus du jardin ; et en conséquence on peut conjecturer qu'elles servaient au propriétaire, à sa famille et à ses hôtes.
n r. Autre suite de petites chambres qui ont des fenêtres sur la rue, et qui servaient probablement de chambres à esclaves.
s à v. Chambres probablement destinées aux femmes de l'établissement parce qu'elles forment une suite complète, communiquant entre elles, et sont séparées du reste. Les planchers de ces chambres supérieures, ainsi que ceux des chambres du dessous, sont en mosaïque. L'étage du dessus ne s'étend que sur deux côtés du péristyle, comme le montre notre perspective ; les deux autres n'ont aucune construction élevée au-dessus du toit qui couvrait le corridor du jardin.
  1. (οἶκος) Maison grecque. Les fouilles ne nous ont pas encore fait connaître le plan d'une maison grecque ; par conséquent toute tentative pour en déterminer et distribuer les parties ne peut se fonder que sur des passages épars dans divers auteurs, et doit être regardée comme conjecturale. Il y avait cependant, sans aucun doute, des différences essentielles entre les demeures des Grecs et des Romains, et, pour ce motif, nous avons donné un plan hypothétique sur l'autorité de Becker ; il servira du moins à expliquer les termes que les Grecs employaient pour désigner les différentes parties de leurs maisons, et à faire entendre en général d'après quel plan elles étaient habituellement construites.
a. αὔλειος θύρα. La porte de la maison ou entrée principale sur la rue.
b. θυρωρεῖον, θυρών, διάθυρα. Le vestibule ou passage d'entrée ; les pièces à droite et à gauche servaient en partie d'écuries et contenaient une loge pour le portier et des chambres pour les esclaves.
c. αὐλή. La cour et le péristyle, formant la première division de la maison, qui était destinée aux hommes, et qui, avec les différentes chambres distribuées à l'entour (num. 1-9), constituait l'ἀνδρωνῖτις.
d. μέταυλος ou μέσαυλος θύρα. La porte du passage qui sépare les deux principales divisions de la maison : quand elle est fermée il n'y a plus de communication entre elles.
e. La cour et le péristyle, formant la seconde partie ou partie intérieure de la maison, qui était destinée aux femmes, et qui, avec les différentes dépendances (num.11-18) situées à l'entour, forme le γυναικωνῖτις.
f. προστάς ou παραστάς. Chambre au bout du péristyle, dont la maîtresse de la maison se servait probablement comme de chambre de réception ou pour se retirer.
g g. θάλαμος et ἀμφιθάλαμος. Les principales chambres à coucher.
h h h. ἱστῶνες. Pièces où les femmes travaillaient au métier.
i. κηπαία θύρα. Porte du jardin ou porte de derrière.