LECTUS (λέκτρον)

  1. Lit pour dormir (cubicularis, Cic. Div. II, 65). Les anciens lits étaient d'une hauteur considérable ; on avait besoin pour y monter d'un tabouret (scamnum), ou d'un petit escalier de quelques marches (gradus). Ils étaient faits comme ceux de nos canapés qui ont les plus grandes dimensions, avec un montant derrière la tête (anaclinterium), quelquefois un autre aux pieds, et un dossier élevé (pluteus) sur l'un des côtés du lit, tandis que celui par où y pénétraient ceux qui devaient l'occuper était complètement ouvert (sponda). Des sangles (fasciae, restes, institae), passées dans le bois de la couchette, supportaient un épais sommier (torus, culcita), sur lequel étaient placés un traversin et un oreiller (cubital, cervical). Toutes ces différentes parties du lectus cubicularis sont représentées par le modèle ci-contre, tiré d'un bas-relief conservé au musée Britannique.
  1. Lectus genialis (εὐνή). Le lit nuptial, auquel la femme était conduite le soir de son mariage par la pronuba, au moment où elle se retirait de la fête des noces. C'était un grand lit, richement décoré, et élevé à une assez grande hauteur au-dessus du sol, comme l'indique le petit escalier qui mène jusqu'au pied du lit. Ce modèle représente le lectus genialis de Didon, dans le Virgile du Vatican (Cic. Cluent. 5. Cf Lucan. II, 356).
  1. Lectus adversus. Sorte de lit nuptial symbolique ; ainsi nommé (adversus) parce qu'il était placé dans l'atrium, en face même de l'entrée de la maison. Peut-être était-ce le lectus genialis lui-même, qui, après la consommation du mariage, était tiré de la chambre nuptiale et placé dans l'atrium. Sur ce lectus adversus, la maîtresse de maison avait coutume d'être assise comme sur un trône, pendant qu'elle surveillait les travaux des esclaves et des servantes occupées à leurs métiers dans cet appartement (Laberius ap. Gell. XVI, 9, 1 ; Prop. IV, 2, 85).
  1. Lectus triclinaris. Couche disposée pour recevoir trois personnes étendues pendant le repas (Cic. Verr. II, 2, 74). A l'une de ses extrémités, celle qui se trouvait à la gauche d'une personne placée sur le lit la face tournée vers la table, la balustrade qui entourait de toutes parts le lit s'élevait légèrement, de manière que le convive qui occupait cette place pût y appuyer son bras gauche ; les deux autres places étaient séparées l'une de l'autre par des oreillers.
    On peut constater tous ces détails dans la gravure ci-dessus, tirée d'un bas-relief qui représente la visite de Bacchus à Icare. La place vide, auprès de la balustrade que l'on voit à main droite, est celle que le dieu va occuper, après que le faune au premier plan lui aura ôté ses chaussures, ainsi qu'on avait coutume de le faire avant de se coucher devant les tables ; Icare repose son bras droit sur l'oreiller qui sépare sa place de celle de son hôte. Quand la compagnie était composée de plus de trois personnes, l'usage était de disposer trois de ces couches autour d'une table, de manière que le tout formât trois têtes d'un carré, tandis que le quatrième manquait, et que cette ouverture permettait aux serviteurs d'approcher de la table pour faire leur service.
    Les lits, disposés comme le montre le plan ci-joint, recevaient les désignations respectives de lectus medius, summus et imus ; celui du milieu était considéré comme le plus honorable, tandis que l'imus lectus l'était le moins. Les différentes places sur chaque lit répondaient aussi à certains degrés de préséance, et avaient chacune leur nom. Sur les deux couches latérales, les places les plus estimées étaient celle près de la balustrade (I), puis celle du centre (II), et la dernière enfin, à l'autre extrémité (III) ; mais sur la couche du milieu, la place d'honneur était à l'extrémité opposée à la balustrade : aussi la réservait-on toujours au plus grand personnage, et elle portait le nom de consularis. Le maître de la maison occupait la place la plus élevée de la couche la plus basse (imus), afin d'être près du principal de ses hôtes. Enfin, voici les noms respectifs par lesquels étaient distinguées les différentes places sur chacune des couches :

    Couche du milieu 1. Summus in medio
    2. Inferior in medio
    3. Imus in medio
    Couche supérieure 1. Summus in summo
    2. Medius in summo
    3. Imus in summo
    Couche inférieure 1. Summus in imo
    2. Medius in imo
    3. Imus in imo


    Ces renseignements rendent des expressions telles que superius ou inferius accumbere faciles à comprendre (Sallust. ap. Serv. Aen. I, 698 ; Hor. Sat. II, 8 ; Plut. Quaest. 3 ; Symp. 1).
  1. Lectus lucubratorius (Senec. Ep. 72). Synonyme de lectulus, petit lit.
  1. Lectus funebris (Petr. Sat. 114 ; Pers. III, 103). Brancard sur lequel les cadavres étaient portés au bûcher ou à la tombe, comme le montre le dessin ci-joint, tiré d'un bas-relief funéraire.