[Delphes - La montée au temple d'Apollon]

Monin, 1830

[6] En entrant dans la ville, on trouve quatre temples de suite. Le premier est en ruine ; le second n'a plus aucune statue ; dans le troisième il y a encore quelques statues d'empereurs romains ; le quatrième est dédié à Minerve Pronoea. La statue de Minerve que l'on voit à l'entrée de celui-ci est plus grande que celle qui est dans l'intérieur du temple, et c'est un présent des Massiliens. Ces peuples sont originairement une colonie de ces Phocéens qui se transplantèrent en Ionie ; chassés de la ville de Phocée par le Mède Harpage, ils équipèrent une flotte, battirent les Carthaginois sur mer, et allèrent s'emparer du pays qu'ils occupent encore aujourd'hui, où ils se sont rendus riches et puissants.

[7] La Minerve qu'ils envoyèrent à Delphes est une statue de bronze. On dit que Crésus roi de Lydie avait aussi fait présent à la déesse d'un bouclier d'or, qui fut enlevé par Philomélus. Au temple de Minerve, Pronoea tient une chapelle et toute une enceinte consacrée au héros Phylacus, qui vint dit-on sauver Delphes de l'irruption des Perses.

[8] C'est une ancienne tradition que dans l'endroit du lieu d'exercice qui est découvert, il y avait autrefois une laie, qui, poursuivie par les fils d'Autolycus et par Ulysse, fit à celui-ci une blessure au-dessus du genou ; c'était dans le temps qu'Ulysse était chez Autolycus. Si au sortir du lieu d'exercice vous prenez à gauche, et que vous descendiez environ trois stades, vous trouverez le fleuve Plistus, qui va tomber dans la mer à Cirrha, le port de Delphes.

[9] Mais si au lieu de descendre vous remontez vers le temple de Minerve, vous verrez sur votre droite la fontaine de Castalie, dont l'eau est excellente. Les uns disent que c'est une femme du lieu qui a donné son nom à cette fontaine, et les autres que c'est un homme qui avait nom Castalius. Panyasis fils de Polyarque, dans ses vers sur Hercule, fait la fontaine de Castalie fille de l'Achéloüs. Ce héros, dit-il, après avoir passé les neiges du mont Parnasse, vint sur les bords de la fontaine de Castalie, qui tire son origine du fleuve Achéloüs.

[10] Mais j'ai ouï dire à d'autres que c'est le Céphise qui a fait présent de cette source aux habitants de Delphes, et c'est une fiction du poète Alcée dans le prologue d'un hymne à Apollon. Ce sentiment est confirmé par la pratique des Liléens, qui à certains jours de l'année, pour honorer le fleuve Céphise, jettent une espèce de pâte sacrée dans sa source ; car ils assurent que bientôt après on voit paraître cette pâte dans la fontaine de Castalie.

IX. [1]] La ville de Delphes est sur une hauteur d'où l'on peut descendre de tous côtés par une pente douce. Le temple d'Apollon est situé de même. Il contient un fort grand espace tout au haut de la ville, et plusieurs rues y viennent aboutir. Je vais maintenant faire une courte énumération des plus considérables monuments qui ont été consacrés au Dieu.

[2] Car pour les statues de ces athlètes et de ces musiciens qui n'ont eu que le mérite de leur art, je n'en parlerai point. Les célèbres athlètes n'ont pas été oubliés dans mes mémoires sur l'Elide ; mais je n'y ai pas compris Phayllus de Crotone, parce qu'il n'a jamais été couronné à Olympie. Il mérite d'avoir place ici, s'étant rendu illustre par trois victoires remportées aux jeux pythiques ; deux au pentathle, et une à la course ; mais plus illustre encore par son combat naval contre les Perses. Lui-même avait fait le vaisseau qu'il montait, et il y avait embarqué tous les Crotoniates qui se trouvèrent pour lors en Grèce. C'est donc avec raison qu'on lui a érigé une statue à Delphes.

[3] Quand vous serez dans l'enceinte du temple, vous verrez d'abord un taureau d'airain ; c'est un ouvrage de Théopropre d'Egine, et une offrande faite par les Corcyréens. On dit qu'à Corcyre un taureau s'étant écarté des vaches qui paissaient dans une prairie, alla beugler sur le rivage de la mer. Comme cela lui arrivait tous les jours, le bouvier eut la curiosité de le suivre, et il aperçut au bord de la mer une quantité prodigieuse de thons.

[4] Aussitôt il courut en avertir les Corcyréens, qui vinrent pour les prendre ; mais ils y travaillèrent inutilement. Surpris de ce mauvais succès, ils envoyèrent à Delphes pour consulter l'oracle. La réponse fut qu'ils eussent à sacrifier un taureau à Neptune. Ils le firent, et leur pêche fut si riche et si abondante que de la dixième partie de leur gain ils consacrèrent un taureau d'airain à Apollon de Delphes, et un pareil à Jupiter Olympien.

[5] Vous verrez ensuite le présent des Tégéates fait en mémoire des dépouilles qu'ils remportèrent sur les Lacédémoniens. C'est un Apollon et une Victoire avec les statues des héros originaires de Tégée, comme Callistho fille de Lycaon, Arcas qui donna son nom à tout le pays, les fils d'Arcas, Elatus, Aphidas et Azan, Triphylus qui eut pour mère non Erato, mais Laodamie fille d'Amiclas roi de Lacédémone, et Erasus fils de Triphylus.

[6] L'Apollon et la Callistho sont de Pausanias d'Apollonie ; la Victoire et la statue d'Arcas sont de Dédale le Sicyonien ; Triphylus et Azan sont de Samolas Arcadien ; enfin Elatus, Aphidas et Erasus sont d'Antiphane d'Argos. Telle fut l'offrande que les Tégéates envoyèrent à Delphes, après avoir fait un grand nombre de prisonniers sur les Lacédémoniens qui étaient venus ravager leurs terres.

[7] Vis-à-vis de ces statues vous verrez celles que les Lacédémoniens offrirent en action de grâces de la victoire qu'ils avaient remportée sur les Athéniens. Elles sont au nombre de neuf, Castor et Pollux, Jupiter, Apollon, Diane, Neptune, et Lysander fils d'Aristocrite qui reçoit une couronne de la main de ce Dieu. Ensuite Abas qui servait de devin dans l'armée de Lysander, et Hermon pilote de la capitane que montait ce général.

[8] La statue d'Hermon est un ouvrage de Théocosme de Mégare, car il y eut droit de bourgeoisie. Castor et Pollux sont d'Antiphane d'Argos ; le devin a été fait par Pison de Calaurée, ville appartenant aux Trézéniens. Diane, Neptune et Lysander sont de la façon de Damias ; Apollon et Jupiter sont de celle d'Athénodore : ces deux statuaires étaient Arcadiens, de la ville de Clitor.

[9] Derrière toutes ces statues et au second rang on voit ces braves officiers qui secondèrent si bien Lysander à Aegospotamos, soit Spartiates, soit alliés de Sparte, comme Aracus et Erianthès, le premier de Lacédémone, le second Béotien ; Astycrate, de la même ville, Céphisocle, Hermophante et Hicésius, tous trois de Chio, Timarque et Diagoras Rhodiens, Théodame de Cnide, Cimmérius d'Ephèse, Eanthidas de Milet, tous faits par le statuaire Tisandre.

[10] Ceux qui suivent sont de la main d'Alype Sicyonien ; savoir, Théopompe de Midée, Cléomède de Samos, Aristocle de Carysthium en Eubée, Antonomus d'Erétrie, Aristophante de Corinthe, Apollodore de Trézène, et Dion d'Epidaure sur les confins des Argiens. A leur suite vous voyez Axionique de Pellène en Achaïe, Théarès d'Hermioné, Pyrias Phocéen, Conon de Mégare, Agimène de Sicyone, Pythodote de Corinthe, Télécrate de Leucade, Enantidas d'Ambracie, enfin Epicyridas et Etéonique de Lacédémone. On croit que ce sont autant d'ouvrages de Patroclès et de Canachus.

[11] Il est certain que les Athéniens furent bien battus à Aegospotamos ; mais on convient que ce fut par trahison de leurs chefs qui s'étaient laissés corrompre, et non par la force des armes : car Tydée et Adimante reçurent des sommes considérables de Lysander. Voici même un témoignage ou plutôt une prédiction de la Sibylle que les Athéniens allèguent en leur faveur : C'est alors que le puissant Dieu qui lance le tonnerre fera sentir sa colère aux Athéniens. Leurs vaisseaux battus dans un sanglant combat deviendront la proie de l'ennemi par la malice et la perfidie des commandants. Ils regardent aussi comme un oracle des vers de Musée dont voici le sens : Les Athéniens par la trahison de leurs chefs essuieront une horrible tempête, mais ils auront leur tour, et se vengeront aux dépens d'une ville ennemie.

[12] La même Sibylle avait prédit que si les Lacédémoniens et les Argiens en venaient aux mains par leur prétentions réciproques sur la ville de Thyrée, l'issue du combat serait douteuse. Mais les Argiens crurent avoir remporté l'avantage, et envoyèrent à Delphes un cheval de bronze à l'imitation du cheval de Troie. C'est un ouvrage d'Antiphane d'Argos.

X. [1] Sur le piédestal de ce cheval de bronze il y a une inscription qui porte que les statues dont il est environné proviennent de la dîme du butin que les Athéniens firent sur les Perses au combat de Marathon. Ces statues sont premièrement une Minerve et un Apollon. En second lieu Miltiade comme général de l'armée athénienne ; troisièmement parmi les héros d'Athènes, Erechthée, Cécrops, Pandion, Léos et Antiochus, qu'Hercule eut de Midée fille de Phylas, ensuite Egée et Acamas, l'un des fils de Thésée. Car tous ces héros, autorisés par l'oracle de Delphes, donnèrent leurs noms aux tribus des Athéniens. Mais on y voit aussi Codrus fils de Mélanthus, Thésée et Phyleus, quoiqu'aucune tribu ne porte leur nom.

[2] Toutes ces statues sont de Phidias, et ont été faites en effet de la dixième partie des dépouilles remportées sur les Perses. Dans la suite les Athéniens envoyèrent encore à Delphes la statue d'Antigonus, celle de son fils Démétrius, et celle de Ptolémée, roi d'Egypte ; les deux premières pour faire leur cour à ces rois de Macédoine qu'ils redoutaient, et la dernière par pur amour pour Ptolémée.

[3] Près du même cheval vous verrez d'autres offrandes faites par les Argiens. Ce sont les statues des principaux chefs qui prirent le parti de Polynice et qui marchèrent avec lui contre Thèbes, Adraste fils de Talaüs, Tydée fils d'Oeneüs, les descendants de Proetus, comme Capanée fils d'Hipponoüs, et Etéoclus fils d'Iphis, enfin Polynice lui-même et Hippomédon, né d'une soeur d'Adraste. Là se voit aussi le char d'Amphiaraüs, avec Baton son parent et son écuyer, qui tient les rênes des chevaux. La dernière de ces statues est d'Alitherse.

[4] Ce sont autant d'ouvrages d'Hypatodore et d'Aristogiton. Les Argiens firent ce présent à Apollon après la victoire qu'ils remportèrent conjointement avec les Athéniens sur les Lacédémoniens auprès d'Oenoé, ville de l'état d'Argos. Je crois que ce fut à la même occasion qu'ils donnèrent aussi les statues des Epigones. Car on voit au même rang Sthénélus et Alcméon ; celui-ci a la place d'honneur comme plus ancien ; ensuite Promachus, Thersander, Egialée et Diomède. Euryalus est entre Egialée et Diomède.

[5] Vis-à-vis ce sont d'autres statues que les Argiens offrirent encore, après avoir rétabli les Messéniens de concert avec les Thébains sous la conduite d'Epaminondas. Vous voyez là Danaüs, le plus puissant des rois d'Argos, Hypermnestre l'une de ses filles et la seule qui conserva ses mains pures, auprès d'elle Lyncée, puis tous ces héros qui descendaient d'Hercule et même de Persée, encore plus ancien qu'Hercule.

[6] Suit le présent des Tarentins, qui consiste en des chevaux de bronze et en des statues de captives qu'ils consacrèrent à Apollon, en action de grâces de la victoire qu'ils avaient remportée sur les Messapiens, nation barbare de leur voisinage. Les chevaux et les captives sont de la façon d'Agéladas d'Argos. Les Lacédémoniens envoyèrent anciennement une colonie à Tarente et en firent chef Phalantus de Sparte. L'oracle de Delphes ayant été consulté sur l'événement, répondit que Phalantus se rendrait maître de la ville et de la campagne lorsqu'il verrait pleuvoir par un temps serein, et pour dire un temps serein l'oracle se servit du mot grec aithra.

[7] Phalantus sans trop réfléchir à l'oracle et sans communiquer aux interprètes, fit une descente en Italie. Il poussa les Barbares et les défit, mais sans pouvoir s'emparer d'aucune ville ni d'aucun canton. Alors il se souvint de l'oracle, et crut que les dieux condamnaient son entreprise parce qu'il ne se pouvait pas faire qu'il plût par un temps serein. Sa femme, car il l'avait menée avec lui, le consolait du mieux qu'elle pouvait. Un jour qu'assis devant elle il avait la tête dans son giron et qu'elle lui accommodait les cheveux, elle fut si touchée de l'affliction de son mari qu'elle versa un torrent de larmes, en sorte que Phalantus en eut la tête toute trempée.

[8] Comme cette femme se nommait Ethra, Phalantus comprit aussitôt le sens de l'oracle et le crut accompli. En effet dès la nuit suivante, il prit sur les ennemis Tarente, ville maritime, fort grande et fort riche. On dit que Taras était un héros fils de Neptune et d'une nymphe du pays, lequel donna son nom à la ville et au fleuve qui y passe ; en effet ce fleuve s'appelle aussi Taras.

XI. [1] Le présent des Tarentins est suivi du trésor des Sicyoniens. C'est le lieu où l'on gardait les deniers consacrés au dieu. Mais aujourd'hui il n'y a d'argent ni dans ce lieu, ni dans aucun autre endroit du temple de Delphes. Près de ce trésor vous voyez l'offrande des Cnidiens ; c'est une statue équestre de Triopas leur fondateur, une Latone, un Apollon et une Diane : ces deux divinités décochent leurs flèches sur Tityus qui paraît en avoir déjà le corps criblé.

[2] Les Siphniens ont aussi là leur trésor; j'en vais dire la raison. Ils avaient des mines d'or dans leur île ; Apollon leur demanda la dîme du produit de ces mines. Ils firent donc bâtir un temple de Delphes, et y déposèrent la dîme que le Dieu exigeait. Mais dans la suite, par un esprit d'avarice ils cessèrent de payer ce tribut et ils en furent punis ; car la mer inonda leurs mines et les fit disparaître.

[3] Les Liparéens ayant vaincu les Tyrrhéniens dans un combat naval, voulurent aussi décorer de statues le temple de Delphes. Ces peuples sont une colonie de Cnidiens, qui eut pour chef un homme de Cnide nommé Pentathlus à ce que dit Antiochus de Syracuse fils de Xénophane, dans son histoire de Sicile. Cet écrivain ajoute que chassés par les Elymes et les Phéniciens d'une ville qu'ils avaient bâtie auprès du promontoire de Pachynum en Sicile, ils allèrent occuper des îles qu'ils trouvèrent désertes, ou dont ils chassèrent les habitants. Ces îles du temps d'Homère s'appelaient les îles d'Eole, comme on le voit par ses poésies et elles s'appellent encore aujourd'hui de même.

[4] Ils fortifièrent celle de Lipara et s'y établirent. Les trois autres, savoir Hière, Strongyle et Didyme, ils les réservèrent pour fournir à leur subsistance, et en effet ils y passent sur des vaisseaux pour en labourer les terres. Dans l'île Strongyle il sort du feu de dessous la terre. Dans celle d'Hyère il y a un promontoire qui jette aussi des tourbillons de flammes. Près de la mer vous avez des bains d'eau chaude qui sont fort salutaires. On en peut user parce que l'eau en est fort tempérée ; mais aux autres endroits elle est si chaude que l'on ne peut s'y baigner.

[5] Revenons au temple de Delphes. Les Athéniens y ont bâti une espèce de chapelle particulière, sous le nom de trésor, les Thébains de même ; les uns et les autres en action de grâces de divers avantages remportés à la guerre. A l'égard des Cnidiens, je ne sais si c'est pour accomplir un voeu ou seulement pour faire montre de leurs richesses qu'ils ont voulu avoir un trésor dans le temple. Mais pour les Thébains et les Athéniens, on sait qu'ils ont voulu par là laisser un monument, les uns de leur combat de Leuctres, et les autres de leur combat de Marathon. Les Cléonéens ayant été affligés de la peste aussi bien que les Athéniens, avertis par l'oracle de Delphes, sacrifièrent un bouc au soleil levant ; ils furent délivrés du mal contagieux, et pour marquer leur reconnaissance ils consacrèrent à Apollon un bouc de métal. Les Potidéens, peuples de Thrace, et les Syracusains ont aussi honoré le Dieu par un trésor qui leur est affecté, les premiers par pure dévotion envers le Dieu, les seconds pour avoir défait les Athéniens qui avaient porté la guerre dans leur île.

[6] Mais les Athéniens eux-mêmes ont bâti encore un portique des richesses gagnées sur les peuples du Péloponnèse et leurs alliés. On y voit des éperons de navires et des boucliers d'airain suspendus à la voûte. Une inscription nomme toutes les villes sur lesquelles les Athéniens remportèrent des dépouilles, dont ils envoyèrent les prémices à Delphes : Elis, Lacédémone, Sicyone, Mégare, Pellène en Achaïe, Ambracie, Leucade, Corinthe même. Il y est dit aussi que des dépouilles remportées dans un combat naval, ils firent de somptueux sacrifices à Thésée et à Neptune sur le promontoire de Rhion. Enfin la même inscription fait, ce me semble, un grand éloge de Phormion fils d'Asopichus.

XII. [1] Au-dessus de ce portique il y a une grosse roche, où l'on lit qu'Hérophile avait accoutumé de s'asseoir pour rendre ses oracles. Cette Hérophile fut surnommée la Sibylle aussi bien qu'une plus ancienne dont j'ai connaissance, et que les Grecs font fille de Jupiter et de Lamia, laquelle Lamia était fille de Neptune. On croit que l'ancienne a été la première femme qui ait eu le don de prophétie, et l'on dit qu'elle fut nommée Sibylle par les Africains.

[2] L'Hérophile dont je parle est postérieure à l'autre, quoiqu'elle ait vécu avant la guerre de Troie. Car elle annonça qu'Hélène était élevée dans Sparte pour le malheur de l'Europe et de l'Asie, et qu'un jour elle serait cause que les Grecs conjureraient la ruine de Troie. Les habitants de Délos ont des hymnes en l'honneur d'Apollon, qu'ils attribuent à cette femme. Dans ses vers elle se donne non seulement pour Hérophile, mais aussi pour Diane : elle se fait tantôt soeur, et tantôt fille d'Apollon ; mais alors elle parle comme inspirée et comme hors d'elle-même.

[3] Car en d'autres endroits elle se dit née d'une immortelle, d'une des nymphes d'Ida, et d'un père mortel. Fille d'une nymphe immortelle, mais d'un père mortel, je suis, dit-elle, originaire de l'Ida, ce pays dont la terre est si aride et si légère, car la ville de Marpesse et le fleuve Aïdonée ont donné à ma mère la naissance.

[4] En effet, vers le mont Ida en Phrygie, on voit encore aujourd'hui les ruines de la ville de Marpesse, où il est même resté une soixantaine d'habitants. La terre des environs est toujours sèche et rougeâtre. Le fleuve Aïdonée qui l'arrose disparaît tout à coup, puis reparaît jusqu'à ce qu'il se perde entièrement ; ce que l'on peut attribuer à la nature du terrain qui est fort léger, fort poreux, et plein de crevasses. Marpesse est à deux cent quarante stades d'Alexandrie, ville de la Troade.

[5] Les habitants d'Alexandrie disent qu'Hérophile était sacristine du temple d'Apollon Sminthéus, et qu'elle expliqua le songe d'Hécube, comme l'événement a montré qu'il devait s'entendre. Cette Sibylle passa une bonne partie de sa vie à Samos ; ensuite elle vint à Claros, ville dépendante de Colophon, puis à Délos et de là à Delphes, où elle rendait ses oracles sur la roche dont j'ai parlé.

[6] Elle finit ses jours dans la Troade ; son tombeau subsiste encore dans le bois sacré d'Apollon Sminthéus avec une épitaphe en vers élégiaques gravés sur une colonne, et dont voici le sens : Je suis cette fameuse Sibylle qu'Apollon voulut avoir pour interprète de ses oracles, autrefois vierge éloquente, maintenant muette sous ce marbre et condamnée à un silence éternel. Cependant par la faveur du Dieu, toute morte que je suis, je jouis encore de la douce société de Mercure et des nymphes mes compagnes. En effet, près de sa sépulture on voit un Mercure dont la forme est quadrangulaire ; et sur la gauche une source d'eau tombe dans un bassin où il y a des statues de nymphes. Les Erythréens sont de tous les Grecs ceux qui revendiquent cette Sibylle avec le plus de chaleur. Ils vantent leur mont Corycus, et dans cette montagne un antre où ils prétendent qu'Hérophile prit naissance. Selon eux un berger de la contrée, nommé Théodore, fut son père, et une nymphe fut sa mère. Cette nymphe était surnommée Idéa, parce qu'alors tout lieu où il y avait beaucoup d'arbres était appelé Ida. Les Erythréens retranchèrent des poésies d'Hérophile ces vers où elle parle de la ville de Marpesse et du fleuve Aïdonée comme de son pays natal.

[8] Hypérochus de Cumes a écrit qu'après cette Sibylle il y en a eu une autre à Cumes ville d'Opique. Il la nomme Démo ; mais on ne saurait avoir connaissance même à Cumes d'aucun de ses oracles ; on montre seulement dans le temple d'Apollon une petite urne de marbre où l'on dit que les cendres de cette Sibylle sont renfermées.

[9] Après Démo, les Hébreux qui habitent au-dessus de la Palestine ont mis au nombre des prophétesses une certaine Sabba, qu'ils font fille de Bérose et d'Erymanthe. C'est elle-même que les uns appellent la Sibylle de Babylone, et les autres la Sibylle d'Egypte.

[10] Phaennis fille du roi de Chaonie, et les Péléades chez les Dodonéens ont aussi été douées du don de prophétie, mais elles n'ont jamais porté le nom de Sibylle. Quant à Phaennis, il est aisé de recueillir ses oracles. On sait aussi qu'elle vivait dans des temps qu'Antiochus fit Démétrius prisonnier, et qu'il s'empara du trône de Macédoine. Pour les Péléades, on les tient plus anciennes que Phémonoé, et l'on croit qu'elles sont les premières qui ont chanté en vers ces paroles : Jupiter a été, est, et sera. O grand Jupiter ! c'est par ton secours que la terre nous donne ses fruits. Nous la disons notre mère à juste titre.

[11] Parmi les hommes, on a regardé comme prophètes Euclus de Chypre, Musée Athénien fils d'Antiphème, Lycus fils de Pandion, et Bacis de Béotie, qui fut, dit-on, inspiré par les nymphes. J'ai lu toutes leurs prédictions, excepté celles de Lycus. Voilà tout ce qu'il y a eu jusqu'ici de femmes et d'hommes réputés prophètes. On peut croire que dans les siècles à venir il y en aura d'autres. Je reviens à mon sujet.

XIII. [1] Vous verrez encore à Delphes une tête en bronze ; c'est la tête d'un buffle ou d'un taureau de Péonie, qui a été donnée par Dropion de Léon, roi des Péoniens. Cette espèce de taureau est de toutes les bêtes féroces la plus difficile à prendre en vie ; car il n'y a ni toiles ni filets qui puissent résister à ses efforts. Voici comme on chasse cet animal. On choisit un côteau qui par une pente aisée descend dans le vallon, et l'on entoure ce côteau de bons palis. Ensuite, depuis la pente du côteau jusqu'au bas du vallon, l'on étend des peaux de boeuf toute fraîches, ou si l'on n'en a point de fraîches, on étend de vieux cuirs et on les graisse d'huile, afin de les rendre plus glissants.

[2] Alors des chasseurs bien montés poussent le buffle de ce côté-là. L'animal n'a pas plus tôt mis le pied sur ces cuirs, que venant à glisser il se précipite en bas. Là on le laisse pâtir quatre ou cinq jours ; après quoi, demi-mort de faim et de lassitude, il se laisse prendre aisément.

[3] On peut même profiter de sa faiblesse et l'apprivoiser, en lui jetant des pignons de pommes de pin tout épluchés, dont ces animaux sont fort friands. Ils viennent manger ce fruit, et quand ils sont ainsi apprivoisés, on leur lie les pieds et on les emmène.

[4] Vis-à-vis de cette tête de bronze est la statue d'un homme en cuirasse, avec une cotte d'armes par-dessus. Cette statue est un présent des habitants d'Andros, et l'on dit qu'elle représente Andréus leur fondateur. L'Apollon, la Minerve et la Diane qui suivent sont une offrande faite par les Phocéens, après une victoire remportée sur les Thessaliens, leurs ennemis irréconciliables et leurs voisins, si ce n'est du côté que la Phocide confine avec les Locriens Hypocnémidiens.

[5] Vous verrez au même rang Jupiter Ammon sur un char ; c'est un don des Cyrénéens, peuple de Libye, mais grec d'origine ; une statue équestre d'Achille, présent fait par ces Thessaliens qui habitent aux environs de Pharsale, enfin un Apollon qui tient une biche ; ce monument vient de ces Macédoniens qui habitent la ville de Dion sous le mont Piérie. Les Corinthiens, je dis ceux qui étaient Doriens d'extraction, ont aussi bâti là un trésor, et il y avaient mis une grande quantité d'or qu'ils avaient reçu des Lydiens.

[6] La statue d'Hercule que l'on voit ensuite a été donnée par les Thébains pour quelques avantages remportés sur les Phocéens durant la guerre sacrée. Les Phocéens, de leur côté, ayant battu pour la seconde fois la cavalerie thessalienne, consacrèrent à Apollon plusieurs statues de bronze qui se voient encore à Delphes. Les Phliasiens ont donné le Jupiter de bronze qui est auprès, et auprès de Jupiter une statue qui représente l'île d'Egine. Près du trésor des Corinthiens on voit un Apollon de bronze, qui a été renvoyé par les Arcadiens du Mantinée.

[7] Un peu plus loin c'est un Apollon et un Hercule qui se disputent un trépied ; chacun veut l'avoir, ils sont prêts à se battre, mais Latone et Diane retiennent Apollon, et Minerve apaise Hercule. Les Phocéens firent ce présent dans le temps qu'ils marchaient contre les Thessaliens sous la conduite de Tellias d'Elis. La Minerve et la Diane sont de Chionis, les autres statues qui composent ce monument ont été faites par Diyllus et par Amyclé. On dit que ces trois statuaires étaient de Corinthe.

[8] C'est une tradition à Delphes, qu'Hercule fils d'Amphitryon étant venu pour consulter l'oracle. Xénoclée qui était pour lors la prêtresse du Dieu, ne lui voulut rendre aucune réponse, parce qu'il était encore tout souillé du sang d'Iphitus. On dit qu'Hercule, fâché de ce refus, emporta du temple un trépied et que la prêtresse s'écria : C'est Hercule de Tyrinthe, et non pas celui de Canope ; car auparavant, Hercule l'égyptien était venu aussi à Delphes. Mais enfin le fils d'Amphitryon ayant rendu le trépied, il obtint de la prêtresse tout ce qu'il voulut ; c'est de là que les poètes ont pris occasion de feindre qu'Hercule avait combattu contre Apollon pour un trépied.

[9] Après la fameuse victoire que les Grecs remportèrent à Platée, toute la nation crut devoir faire un présent à Apollon, et ce présent fut un trépied d'or, soutenu par un dragon de bronze. Le dragon est encore aujourd'hui dans son entier ; mais pour le trépied qui était d'or, il a été enlevé par les généraux de l'armée des Phocéens.

[10] Les Tarentins, victorieux des Peucétiens, autres peuples barbares de leur voisinage, consacrèrent à Apollon la dîme des dépouilles remportées sur l'ennemi. Ils firent faire par Onatas d'Egine et par Calynthus plusieurs statues tant équestres qu'en pied, et les envoyèrent à Delphes. Vous voyez donc Opis roi des Iapiges, qui était venu au secours des Peucétiens ; il est blessé et mourant. On voit autour de lui le héros Taras, Phalante de Lacédémone, et un peu plus loin un dauphin, pour marquer l'aventure arrivée à Phalante. Car on dit qu'avant d'aborder en Italie, il fit naufrage dans la mer Crissée, et qu'un dauphin le porta jusqu'au rivage.

XIV. [1] La hache que l'on voit ensuite est un présent de Périclyte fils d'Euthymaque de la ville de Ténédos. Voici ce que l'on raconte de cette hache. On dit que Cycnus était fils de Neptune et qu'il régna à Colones, ville de Troade, près de l'île Leucophrys.

[2] Il épousa Proclée fille de Clytius et soeur de ce Calétor qui au rapport d'Homère dans l'Iliade fut tué par Ajax, justement dans le temps qu'il voulait brûler le vaisseau de Protésilas. Cycnus eut de Proclée une fille et un fils. Sa fille se nommait Hémithée, et son fils Ténès. Sa femme étant morte, il épousa en secondes noces Philonomé fille de Craugasus. Celle-ci prit de l'amour pour Ténès son beau-fils. Mais n'ayant pu s'en faire aimer, pour se venger, elle résolut de le perdre dans l'esprit de son mari, et l'accusa d'avoir voulu la violer. Cycnus, trompé par cette imposture, fait enfermer le frère et la soeur dans un coffre, et les jeta dans la mer.

[3] Sauvés par leur bonne fortune ils arrivent à Leucophrys, qui du nom de Ténès s'est depuis appelée Ténédos. Quelque temps après, Cycnus découvre l'artifice et la méchanceté de sa femme. Il s'embarque et va chercher son fils pour lui confesser son imprudence et lui en demander pardon. Mais au moment qu'il touche le rivage et qu'il attache le câble de son vaisseau à quelque arbre ou à quelque rocher, Ténès prend une hache et coupe le câble, le vaisseau s'éloigne et vogue au gré des vents.

[4] La hache de Ténès a depuis fondé le proverbe que l'on applique à ceux qui sont inflexibles dans leur colère. C'est cette hache que l'on voit dans le temple de Delphes. Quant à Ténès, on croit qu'il fut tué depuis par Achille, en défendant son île contre les Grecs. Dans la suite, les Ténédiens considérant leur faiblesse, jugèrent à propos de ne faire plus qu'un peuple avec les habitants de la ville d'Alexandrie, qui est dans cette partie du continent que l'on nomme la Troade. Mais reprenons notre sujet.

[5] Les Grecs qui combattirent contre le roi de Perse, ayant remporté deux victoires sur mer, l'une auprès d'Artemisium, l'autre à Salamine, en actions de grâces pour un si grand bienfait, envoyèrent un Jupiter de bronze à Olympie, et un Apollon à Delphes. On dit aussi que Thémistocle vint à Delphes pour offrir au Dieu les dépouilles des Mèdes, et qu'ayant demandé à la Pythie s'il les mettrait dans le temple, elle rejeta cette proposition avec dureté : Garde-toi, lui dit-elle, d'étaler ces riches dépouilles dans le temple d'Apollon, mais bien plutôt remporte-les chez toi.

[6] On peut s'étonner avec raison que Thémistocle fût le seul dont Apollon ne voulût pas recevoir des richesses prises sur les Perses. A cela les uns répondent que le Dieu eût rejeté de même toutes dépouilles des Perses, si avant que de les lui offrir on lui eût demandé son agrément ; les autres disent que le Dieu prévoyant qu'un jour Thémistocle irait chez les Perses en qualité de suppliant, il ne voulut pas recevoir son présent, parce que ce grand homme, après avoir marqué par un monument public et religieux la haine qu'il avait pour cette nation, il aurait eu mauvaise grâce à attendre d'elle son salut. Au reste, vous trouverez que l'irruption des Perses en Grèce a été prédite par les oracles de Bacis, et avant lui par le poète Euclus.

[7] Près du grand autel vous verrez un loup de bronze. C'est une offrande faite par les habitants de Delphes eux-mêmes. On dit qu'un scélérat, après avoir dérobé l'argent du temple, alla se cacher dans l'endroit le plus fourré du mont Parnasse. Là s'étant endormi, un loup se jeta sur lui et le mit en pièces. Ce même loup entrait toutes les nuits dans la ville et la remplissait de hurlements. On crut qu'il y avait à cela quelque chose de surnaturel ; on suivit le loup et l'on retrouva l'argent sacré que l'on reporta dans le temple. En mémoire de cet événement, on fit faire un loup de bronze, et on le consacra au Dieu.

XV. [1] Ce monument est suivi de la statue dorée de Phryné, faite de la main de Praxitèle qui était amoureux de cette courtisane. Ce fut Phryné elle-même qui en fit présent à Apollon. On voit tout de suite et au même rang deux Apollons, donnés l'un par les Epidauriens, après une victoire remportée sur les Perses dans le pays d'Argos, l'autre par les Mégaréens, pour avoir défait les Athéniens auprès de Nissée. Suit une génisse en bronze dédiée par les Platéens, lorsque dans leur propre pays, avec le secours des autres Grecs, ils taillèrent en pièces l'armée de Mardonius fils de Gobryas. Des deux Apollons que l'on voit après, l'un est un présent des Héracléotes qui habitent aux environs du Pont Euxin, l'autre vient d'une amende à laquelle les Phocéens furent condamnés par les Amphictyons, pour avoir labouré un champ consacré au Dieu.

[2] Cette dernière statue est haute de trente-cinq coudées, on la nomme à Delphes l'Apollon Sitalcas. Là même vous voyez plusieurs généraux d'armée en bronze, une Diane, une Minerve et deux Apollons encore, toutes statues données par les Etoliens en reconnaissance de la victoire qu'ils remportèrent sur les Gaulois. Vingt-cinq ou trente ans avant que les Gaulois passassent d'Europe en Asie pour le malheur du genre humain, Phaennis avait prédit ce déluge de barbares. Nous avons encore sa prophétie en vers hexamètres, dont voici le sens :

[3] Une multitude innombrable de Gaulois couvrira l'Hellespont et viendra ravager l'Asie. Malheur surtout à ceux qui se trouveront sur leur passage, et qui habitent le long des côtes. Mais bientôt Jupiter prendra soin de les venger. Je vois sortir du mont Taurus un généreux prince qui exterminera ces barbares. Phaennis voulait désigner Attalus roi de Pergame, qu'elle appelle un nourrisson de Taurus ; et Apollon lui-même faisant allusion au mot taurus, qui signifie un taureau, le qualifia de prince, qui avait les cornes et la force d'un taureau.

[4] Vous verrez ensuite les statues équestres des chefs sous la conduite de qui les Phéréens mirent en fuite la cavalerie athénienne. Du même côté est un palmier de bronze avec une Minerve dorée, monument de deux combats dont les Athéniens sortirent victorieux en un même jour, l'un sur terre près du fleuve Eurymédon, l'autre sur le fleuve même. Cette Minerve est à présent dédorée et gâtée en plusieurs endroits, ce que j'attribuais à l'avarice et à l'impiété des hommes.

[5] Mais depuis j'ai lu dans Clitodème, le plus ancien historien qui ait traité de l'Attique, que dans le temps que les Athéniens équipaient une flotte pour aller faire une descente en Sicile, on vit paraître à Delphes une nuée de corbeaux qui assiégèrent cette statue, et avec leur bec la mirent dans l'état où elle est : l'historien ajoute que ces oiseaux brisèrent non seulement la pique et les chouettes qui sont les symboles de la déesse, mais aussi les branches du palmier, et les fruits dont il était chargé comme un véritable palmier.

[6] Clitodème rapporte plusieurs autres prodiges qui arrivèrent alors, et qui auraient dû détourner les Athéniens de cette malheureuse expédition. Au même endroit on voit Battus sur un char. C'est un don des Cyrénéens, qui sous les auspices de Battus quittèrent l'île de Théra pour aller s'établir en Afrique. Cyrène conduit le char elle-même et la nymphe Libye couronne Battus. Ce monument est un ouvrage d'Amphion de Gnosse fils d'Acestor.

[7] On dit que Battus après avoir conduit sa colonie à Cyrène, recouvra la parole d'une manière fort extraordinaire. Etant allé faire une course avec les Cyrénéens dans les déserts de l'Afrique, il aperçut un lion et la peur qu'il en eut lui fit jeter un grand cri bien articulé. Près de sa statue, il y a un Apollon qui a été fait par ordre des Amphictyons, et de l'amende imposée aux Phocéens pour l'attentat qu'ils avaient commis contre le Dieu.

XVI. [1]De tous les présents faits par les rois de Lydie, il ne reste plus que la soucoupe d'un gobelet donné par Alyatte ; cette soucoupe est de fer, et c'est un ouvrage de Glaucus de Chio, qui le premier a trouvé l'art de souder le fer. Les différentes pièces qui le composent ne sont jointes ensemble ni par des clous, ni même par des pointes, mais uniquement par de la soudure.

[2] Sa figure est celle d'une tour ; large par en bas elle s'étrécit par en haut, chaque côté n'est pas d'une seule pièce. Ce sont plusieurs bandes de fer mises les unes sur les autres en manière d'échelons, et les dernières, je veux dire celles d'en haut, sont un peu renversées en dehors. Voilà comment cette soucoupe est faite.


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Traduction par l'abbé Gédoyn (1731, édition de 1794)
NB : Orthographe modernisée et chapitrage complété.