XXXVIII - Les Gracques

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I - PREMIERE REVOLTE DES ESCLAVES

Le dernier siècle de la république romaine ne vit que trois grandes guerres : contre les Cimbres, contre Mithridate et contre les Gaulois. Cependant aucune période de l'histoire ne fut plus sanglante : car, durant tout ce siècle, les Romains ne cessèrent presque pas un jour de tourner leur frère contre eux-mêmes. Les vainqueurs du monde s'égorgèrent entre eux pour savoir à qui profiterait leur conquête.

Ces guerres civiles se compliquèrent encore d'incidents inattendus : les sujets se mêlèrent aux querelles de leurs maîtres. Chaque opprimé, même l'esclave, eut son jour de liberté et de vengeance : étranges et sauvages saturnales qui achevèrent d'effacer les privilèges, de mêler les peuples, de niveler les conditions, de confondre les idées, jusqu'à ce qu'un nouvel esprit, un nouveau inonde, sortissent du chaos des anciennes idées et des vieilles institutions.

Au désintéressement, à l'héroïsme des jeunes années a succédé la turbulente ambition de l'âge mûr. Au lieu de grands partis, il n'y aura plus que de grands hommes, qui, à leur insu et souvent malgré leurs crimes, serviront la cause de l'humanité. De plus en plus, Rome et son esprit et son peuple s'effaceront ; et ce mouvement, qui sans cesse amène à son Forum et à sa curie d'autres hommes et d'autres idées, refluant sur le monde, entraînera loin d'elle, jusqu'aux plaines de Thessalie, de Macédoine et d'Afrique, ceux de ses chefs qui n'ont plus honte maintenant d'en appeler aux armes pour régler ses destinées. Les Gracques, révolutionnaires pacifiques, à l'exemple des anciens tribuns, combattront et mourront sur le Capitole et l'Aventin. Mais, pour champ de bataille, Marius et Sylla prendront l'Italie ; César et Pompée, tout l'univers romain.

Trois grands noms, les Gracques, Marius et César, marquent ainsi trois grandes divisions dans l'histoire du dernier siècle de la république. Tous trois sont vaincus : Marius par ses incertitudes, les Gracques et César par l'assassinat, et les nobles triomphent. Mais, à chaque adversaire qui tombe, ils voient se lever des ennemis plus nombreux et qui portent plus haut le débat. Dans les anciennes luttes, ils n'avaient en face d'eux que les plébéiens : maintenant ce sont tous les opprimés, pauvres de Rome, Italiens, esclaves, provinciaux. Deux fois, à trente ans d'intervalle, ils se soulevèrent : aux Gracques répondent Saturninus et Cinna ; à l'insurrection de Frégelles, la guerre Sociale ; à Eunus, Athénion, et aux plaintes des provinces, la révolte de l'Orient sous Mithridate, de l'Occident sous Sertorius. Tous, il est vrai, retombèrent brisés sous la main de Sylla et de ses lieutenants ; mais, s'ils ne gagnèrent pas isolément leur cause, ils combattirent pour n'avoir au moins qu'un seul maître, et la révolution qui remplaça par la monarchie la domination des nobles fut en partie leur ouvrage.

Les temps qui suivirent la seconde guerre Punique avaient préparé la chute de la liberté républicaine ; le siècle qui précéda la bataille d'Actium en consomma la ruine et enfanta au milieu d'inexprimables douleurs la royauté, mais aussi la paix publique, qui fut durant deux siècles et demi la rançon de l'empire.

De ces opprimés, les premiers qui prirent les armes furent ceux qui souffraient le plus : la révolte des esclaves siciliens commença cette ère sanglante.

Le monde ancien méprisait l'industrie autant que le monde moderne l'honore. Aujourd'hui que cette lutte contre la nature a pris des proportions grandioses, qu'elle exige les plus nobles efforts de l'intelligence, l'industrie s'est pour ainsi dire spiritualisée, et, en se donnant pour but, non d'accroître le luxe et les désordres de quelques-uns, mais le bien-être de tous, elle a légitimé sa puissance et heureusement ennobli le travail. Les anciens ne connaissaient d'autre art que l'éloquence et la guerre, d'autre théâtre à leur activité que le forum pour gagner le peuple, que le champ de bataille pour asservir l'ennemi : en un mot, agir sur l'homme par la parole ou par les armes, mais non sur la nature physique qu'ils dédaignaient à force de frugalité ou à laquelle ils ne voulaient demander que des voluptés grossières. Les deux oracles de la sagesse antique, Cicéron et Aristote, disaient : Aux esclaves revient tout ce qui exige l'emploi des forces corporelles, aux citoyens ce qui demande l'exercice de l'intelligence, excepté la guerre pour défendre la cité, et l'agriculture pour la nourrir. Il y a de la grandeur dans cette théorie. Malheureusement elle avilissait le travail en le séparant de l'intelligence et de la liberté ; elle jetait dans la paresse et dans les révolutions le pauvre de condition libre, et, en faisant de l'esclave un instrument, une machine à face d'homme, elle créait tous les dangers de la servitude.

Le mépris que dans l'intérieur de chaque cité le citoyen eut pour l'esclave, les peuples guerriers l'eurent au dehors pour les peuples travailleurs, et le monde ancien, sans droit des gens ni politique générale, apparaît comme une arène sanglante où les vaincus furent toutes les nations industrieuses. Athènes tomba sous les coups de Sparte, Milet et Phocée périrent par la main des Perses ; Tyr, par Alexandre ; Tarente, Syracuse, et la plus grande de toutes, Carthage, par les Romains. La raison en est simple : ces villes ayant changé leurs citoyens en riches voluptueux ou en artisans timides, durent confier leur fortune à des soldats mercenaires, qui ne pouvaient résister aux troupes nationales des peuples guerriers. Comme ceux-ci voyaient partout l'industrie compagne de la faiblesse, ils tinrent en suprême dédain l'exercice des arts utiles, et, parmi eux, le plus pauvre se résigna difficilement à y chercher un secours contre la misère : les esclaves seuls et les affranchis eurent longtemps les peines, mais aussi les profits du travail.

Au temps des moeurs simples et frugales, Rome compta peu d'esclaves. Les besoins croissant avec le luxe, il fallut pour les satisfaire des bras plus nombreux. La guerre approvisionnait abondamment tous les marchés, le captif étant esclave de droit, ex jure gentium. On a vu ce que Paul-Emile, Sempronius Gracchus et Emilien avaient vendu d'esclaves. Plus tard, Marius livra aux enchères cent quarante mille Cimbres et Ambrons. Dans une seule ville, Cicéron retira en trois jours de la vente des prisonniers 2.500.000 francs. Pompée et César se vantaient l'un et l'autre d'avoir vendu ou tué deux millions d'hommes. En temps de paix, on faisait la traite, non seulement les pirates qui couvraient les mers, mais les légions et les consuls. Popilius Laenas enleva en une fois dix mille Statielles, et Cassius des milliers de montagnards. Dans les temps modernes, grâce au moins à l'aristocratie de la peau, le nègre seul avait à craindre l'esclavage. Autrefois la possession équivalait au titre ; la violence assurait le droit. Des femmes, des enfants, des hommes, étaient volés dans les villes et sur les grands chemins ; car l'homme était alors le principal moyen d'échange, la denrée qui rapportait le plus, parce que le débit en était assuré et l'acquisition facile. Que d'illustres personnages ainsi tombés en servitude, pour ne parler que de Platon, de Diogène et de Térence ! La loi de la cité ne reconnaissait plus le citoyen à qui la violence avait ravi la liberté ; il restait, à ses yeux, même après l'affranchissement, marqué d'une tache indélébile, et, s'il voulait recouvrer ses droits, il devait rentrer sans être vu par la porte secrète de l'impluvium, pour permettre à la loi d'accepter l'excuse de l'absence. Encore, si sa femme s'était remariée, cette seconde union était-elle valable.

Gladiateur thrace

A défaut de la guerre et de la piraterie, le commerce régulier fournissait les marchés d'esclaves. Entouré d'une ceinture de peuples barbares, le monde romain trouvait, comme les négriers sur les côtes d'Afrique, une foule de petits chefs qui vendaient leurs prisonniers, au besoin leurs sujets. Des extrémités de la Gaule, de la Germanie et du pays des Scythes, descendaient incessamment vers les bords de la Méditerranée de longues files de barbares enchaînés, que conduisaient les marchands de Marseille, de Panticapée, de Phanagorie et de Dioscurias. Il venait jusqu'à des Bretons. Une preuve de l'étendue et de l'activité de ce commerce, c'est que les Germains, dont les légions n'avaient pas encore touché les frontières, furent assez nombreux dans l'armée des gladiateurs pour former une division à part. Un peu d'argent, quelques étoffes, des armes, ou les denrées dont on manquait : en Thrace et en Afrique, du sel ; en Gaule, du vin, étaient les objets d'échange. Chez les Gaulois, dit Diodore, pour la coupe on a l'échanson. Utique et l'Egypte fournissaient des noirs ; Alexandrie, des grammairiens ; les marchés de Sidon et de Chypre, des Asiatiques intelligents et dociles, mais corrompus et gardés pour la maison du maître ; la Grèce, ses beaux enfants et ses jeunes filles ; l'Epire et l'Illyrie, de bons pâtres ; la Germanie, la Gaule et la Thrace, des gladiateurs ; la Cappadoce, de vigoureux mais stupides travailleurs. Les Espagnols avaient mauvaise réputation ; on les disait enclins au meurtre et au suicide. Tout le monde barbare, tous les peuples vaincus, étaient ainsi représentés dans les ergastula de l'Italie ; et Spartacus put diviser ses compagnons en nations gauloises, thrace, germanique, etc. En Sicile, les Asiatiques et les Syriens dominaient. Ceux-là étaient surtout des débiteurs insolvables, des gens ruinés ou vendus par leurs pères et leurs princes pour acquitter l'impôt, souvent des hommes qui s'étaient livrés eux-mêmes pour sauver leurs familles. Qu'on se rappelle que l'intérêt dans les provinces monta jusqu'à 48%, que les publicains chargés du recouvrement des impôts commettaient d'effroyables exactions, et l'on comprendra que des populations entières fussent vendues pour libérer les villes, les provinces ou les rois. Quand Marius demanda des secours au roi de Bithynie, Nicomède répondit : « Vos publicains ne m'ont laissé que des enfants et des vieillards ».

Aussi en entassait-on, dans les maisons et dans les villas, d'incroyables multitudes : Caton d'Utique, renommé pour sa simplicité, n'avait pas moins de quinze esclaves pour le servir en campagne ; Damophile, un obscur propriétaire de Sicile, en possédait quatre cents, et les marchands romains établis à Utique, Crassus, un affranchi de Pompée, Démétrius, en avaient assez pour en faire des armées. Pompée leva trois cents cavaliers parmi ses pâtres, et la familia de César était si nombreuse, qu'elle fit plus d'une fois trembler le sénat. Claudius Isidorus se plaignait que les guerres civiles ne lui en eussent laissé que quatre mille cent seize. Scaurus, qui bâtit pour quatre-vingt mille spectateurs un théâtre soutenu par trois cent soixante colonnes et orné de trois mille statues, en avait, dit-on, huit mille. Athénée en donne jusqu'à vingt mille à certains particuliers.

Un état contre nature ne se maintient que par des lois contre nature. Pour refouler dans la servitude, c'est-à-dire dans la douleur, souvent dans l'infamie, l'esclave jadis libre, guerrier, même chef, que la guerre avait enchaîné, il fallait une pression d'autant plus morale, que la résistance morale était plus énergique. De là cette dureté pour l'esclave et ces lois de sang qui formaient le code noir de l'antiquité : « Point de repos pour l'esclave », disait Aristote ; « Qu'il dorme ou travaille », ajoutait Caton. Il ne fallait pas qu'il pût penser. D'autres, pour les tenir par la faim, les nourrissaient à peine. « Ne prends pas, disaient encore les habiles, des esclaves appartenant à une nation libre, ils sont trop à craindre ; aies-en peu du même peuple, pour qu'ils ne puissent s'entendre, car autant d'esclaves, autant d'ennemis ; parle-leur par monosyllabes, pour les tenir dans le respect ; traite-les comme des bêtes féroces, et rends leur âme vingt fois plus esclave à force de coups d'étrivières ». On les appelait la race ferrée, ferratile genus.

Un lorarius fouette un esclave

Le maître a sur lui droit de vie et de mort, vitae necisque potestatem. Pour un délit léger, pour un caprice du maître, l'esclave expirait sous les verges, sur une croix, écrasé entre deux meules, ou abandonné sur la terre nue, les pieds, les mains, le nez et les lèvres coupés, ou suspendu en l'air par quatre crochets de fer pour être dévoré vivant par les oiseaux de proie. Si, pour venger de longs tourments, un esclave tuait son maître, en fit-il l'aveu, tous ses compagnons de servitude périssaient dans les tortures. S'ils n'étaient pas de fait ses complices, ils l'étaient d'intention, et, après tout, ils étaient toujours coupables de n'avoir pas défendu leur maître. Pollion, le favori d'Auguste, faisait jeter vivants ses esclaves aux murènes. Auguste lui-même fît mettre en croix un de ses intendants qui avait tué et mangé une caille de combat.

Si, pour échapper à ces tortures, aux prisons souterraines, au fouet toujours levé du commandeur (lorarius), l'esclave se faisait marron, s'il fuyait dans les montagnes, bientôt il y était traqué comme une bête fauve et vite reconnu à sa tête rasée, à son dos couvert de cicatrices, à ses pieds déchirés par les entraves, et aux marques tracées au fer rouge sur son front, soit le nom de celui à qui il appartenait, ou ces mots : Je suis un fugitif, un voleur, ou bien quelque belle sentence aimée du maître : alors il expirait sous le bâton, à moins que l'avarice ne le sauvât pour l'envoyer aux mines et au moulin, d'où l'on ne sortait guère. « Là, dit Diodore, il n'y a ni répit ni miséricorde ; hommes malades ou mutilés, femmes, vieillards, tous, à force de coups, travaillent jusqu'à ce qu'ils tombent d'épuisement ». - « Grand Dieu ! s'écrie Apulée entrant dans un moulin, quelle population rachitique, à la peau livide et marquetée de coups de fouet ! Tous ils ont une lettre au front, un anneau au pied, les cheveux rasés d'un côté, sans vêtements. Rien de plus hideux à voir que ces spectres aux paupières rongées par la vapeur brûlante et la fumée ». Aussi le suicide et la fuite étaient si communs, qu'à Rome on accordait l'action rédhibitoire à l'acquéreur qui n'avait pas été averti que l'esclave acheté avait déjà fui ou voulu se tuer.

L'esclave n'avait rien, pas même un nom. Son pécule, gagné sur son repos et sa nourriture, pouvait être pris par le maître ; il n'avait ni femme ni enfants, car il s'accouplait au hasard, et ses petits, comme disait Aristote, appartenaient au maître. Quand il devenait malade, vieux, infirme, on le portait autour du temple d'Esculape ; qu'il y guérit ou mourût, cela regardait le dieu.

Voilà le premier acte de ce drame douloureux que forme l'histoire du travail. Le moyen âge verra le second, avec les serfs de la glèbe ; les temps modernes, le troisième, avec le prolétariat. Mais, malgré les affranchissements successifs, la guerre entre le travail et le capital n'est malheureusement pas finie. Vienne vite la solution qui établira enfin la paix dans ce monde encore si troublé.

Comme les villes bâties sur un volcan, les sociétés qui reposent sur l'esclavage sentent toujours le sol trembler sous elles. Six fois le sénat eut à réprimer des révoltes partielles d'esclaves, avant d'avoir à combattre la formidable insurrection d'Eunus. Ce Syrien, esclave en Sicile, avait prédit qu'il serait roi et assuré sa prophétie d'un miracle : en parlant il lançait des flammes ; une noix remplie de soufre allumé et cachée dans sa bouche accomplissait le prodige. Par ses impostures il s'était acquis une grande autorité sur ses compagnons d'infortune, quand la cruauté d'un maître, le riche Damophile, de la ville d'Enna, amena un soulèvement. Ses quatre cents esclaves, ayant brisé leurs chaînes, se jetèrent dans la campagne et rentrèrent bientôt en force dans la ville ; tous les habitants furent massacrés ; Damophile servit longtemps de jouet à leur vengeance ; ils n'épargnèrent que sa fille, qui leur avait montré quelque pitié. Un mouvement pareil éclata à Agrigente, et cinq mille hommes vinrent se réunir aux esclaves d'Enna, qui avaient pris pour chef le prophète syrien, sous le nom du roi Antiochus. Dès qu'il y eut un camp, un lieu de refuge, les esclaves accoururent de tous les points de l'île. En quelques mois, Eunus réunit une armée de soixante-dix mille hommes. C'était le temps des honteux désastres essuyés par les légions devant Numance ; ils se renouvelèrent en Sicile. Quatre préteurs et un consul furent successivement battus. Maîtres d'Enna, au centre de l'île, deux cent mille esclaves répandaient la terreur de Messine à Lilybée ; tandis que de Tauromenium, sur la côte, ils montraient à leurs frères d'Italie leurs chaînes brisées. D'un bout à l'autre de l'empire, les esclaves tressaillirent, et quelques explosions trahirent l'incendie qui sourdement gagnait de proche en proche. A Délos, dans l'Attique, dans la Campanie, dans le Latium même, il y eut des tentatives de soulèvement. Heureusement pour Rome, ces grands foyers d'esclaves étaient séparés par des mers ou par des pays mal peuplés. Alors, comme plus tard, l'insurrection ne put franchir le détroit, parce que les provocations qui venaient de la Sicile retombaient sans écho sur les solitudes du Bruttium et de la Lucanie.

Les guerres serviles ont toujours un caractère sauvage. Dans cette révolte contre une société qui leur infligeait de si intolérables douleurs, les esclaves ne cherchèrent que le plaisir de se venger et d'assouvir leurs brutales passions. Plus cruels, plus débauchés que leurs maîtres, ils n'entendaient rien changer à l'ordre établi, et ces hommes qui portaient encore la trace des fers ne protestaient pas même contre la servitude. Eunus faisait esclaves les ouvriers de condition libre dont il avait besoin. Il en coûte de le dire, la victoire des esclaves eût été un affreux malheur. Nos Jacques valaient mieux ; qu'ont-ils fait cependant dans leurs succès ? On ne peut devancer les temps. L'esclavage, c'est-à-dire le travail forcé, loi universelle du monde ancien, ne devait tomber que le jour où le travail libre serait réhabilité et organisé.

En 133, Calpurnius Pison, ayant rétabli la discipline dans les légions, fit lever aux esclaves le siége de Messine ; Rupilius, son successeur, leur prit Tauromenium, après les avoir réduits par la famine à manger leurs femmes et leurs enfants ; Enna lui fut livrée par trahison. Dés lors l'armée se dispersa ; il n'en resta que des bandes que l'on traqua dans les montagnes. Tous ceux qu'on fit prisonniers périrent dans les supplices. Le roi Antiochus, qui n'avait pas eu le courage de se tuer, fait pris dans une caverne avec son cuisinier, son boulanger, son baigneur et son bouffon. On le laissa mourir dans un cachot. Rupilius essaya de prévenir une nouvelle révolte par de sages règlements, que l'avidité des maîtres mit bientôt en oubli.

La révolte des esclaves était apaisée, mais la guerre civile commençait.