Avant de publier en 1909, dans son Répertoire de reliefs grecs
et romains, une précieuse
série des dessins de la colonne Trajane, Salomon
Reinach avait fait paraître en 1886 une petite
monographie intitulée La Colonne Trajane au
musée de Saint-Germain, éditée
chez Ernest Leroux à Paris en 1886. |
I
S'il fallait mesurer l'importance d'une oeuvre de sculpture au nombre des personnages qu'elle représente, à l'abondance des renseignements dont elle enrichit l'archéologie et l'histoire, la colonne Trajane, avec ses bas-reliefs peuplés de 2.500 figures, devrait occuper le premier rang parmi les restes de la statuaire antique. On a dit avec raison qu'elle était pour la vie militaire des Romains ce que Pompéi rendue à 1a lumière est pour leur vie civile (1). Encore, si l'on voulait pousser la comparaison, tournerait-elle à l'avantage de la Colonne. Car Pompéi, c'est, après tout, une ville de province, une ville plus qu'à moitié grecque par l'art et les moeurs, tandis que les bas-reliefs qui enlacent la colonne Trajane sont des oeuvres purement romaines d'inspiration, et les légions de pierre qui se déroulent sur sa spirale sont la grande armée de l'empire, l'armée de Trajan. Les informations que nous pouvons dériver de leur étude sont d'autant plus précieuses que l'époque de Trajan n'a pas trouvé d'historien ; du moins n'avons-nous conservé sur ce grand règne que des abrégés écrits sans talent et d'une désespérante sécheresse (2). La colonne parle là où les chroniques se taisent, et ce tombeau impérial vérifie la parole du poète italien :
Parlan le tombe ove la storia e muta.
La colonne Trajane, en effet, est à la fois un
monument de victoires et un tombeau : sa base est une chambre
sépulcrale où les restes du grand empereur ont
reposé. Mais, chose singulière, l'inscription
gravée sur le piédestal, et qui se lit encore,
ne mentionne pas cette double destination : elle rappelle un
travail tout pacifique dont la colonne devait rester le
témoin. Voici la traduction de ce texte, qui n'a rien
de commun, assurément, avec la fière
dédicace que Napoléon Ier a fait graver sur la
colonne de la place Vendôme, cette imitation en bronze
de la colonne en marbre de Trajan : «Le Sénat et
le peuple romain à l'empereur César, fils du
divin Nerva, NERVA TRAJAN, Auguste, Germanique, Dacique,
souverain pontife, revêtu de la puissance tribunice
pour la dix-septième fois, imperator pour la
sixième, consul pour la sixième, père de
la patrie ; afin de marquer la hauteur de la montagne
qu'on a déblayée pour construire de si
magnifiques monuments» (3).
Sauf les surnoms de
Germanique et de Dacique (4), rien, dans cette
dédicace, ne rappelle les victoires de Trajan. Si les
bas-reliefs avaient péri et que l'inscription seule
eût subsisté, nous nous ferions une idée
singulière de la colonne Trajane. L'historien Dion
Cassius (5) se
contente de dire que l'empereur fit élever dans le
forum une très grande colonne, à la fois pour
lui servir de tombeau et pour marquer l'importance des
travaux auxquels le nivellement de la place avait
donné lieu. Quelle leçon à l'adresse des
archéologues qui ont l'audace de vouloir restituer
d'après les textes des monuments qui ont disparu
à tout jamais ! Ces travaux du forum de Trajan avaient
été, en vérité, un prodige, et
l'empereur Constance eut raison de dire, deux siècles
plus tard, lorsqu'il fit son entrée triomphale dans
Rome, que les hommes ne feraient plus rien de semblable
(6). L'ensemble se
composait d'un arc de triomphe qui donnait accès
à une place immense entourée d'une colonnade et
dont le milieu était occupé par une statue
équestre de Trajan. Plus loin s'élevait la
basilique Ulpienne, avec son pavé de marbre phrygien
et ses cinq nefs ; au delà, la colonne Trajane,
fièrement dressée entre deux
bibliothèques consacrées l'une à la
littérature grecque et l'autre à la
littérature latine. Pour obtenir l'emplacement
nécessaire à ces édifices, l'architecte
impérial, Apollodore de Damas (7), avait dû faire
disparaître toute une colline qui s'étendait
entre le Quirinal et le mont Capitolin (8), et cette butte, suivant
la dédicace que nous avons citée, avait, comme
la colonne, plus de quarante mètres de hauteur ! Il
faut remonter aux temps de l'ancienne Egypte et de l'Assyrie
pour trouver les modèles d'aussi gigantesques travaux
; la dédicace de la colonne, dans son apparente
modestie, respire la fierté de la nature
vaincue.
De toutes ces magnificences,
la colonne seule est restée debout. Les invasions et
le moyen âge l'ont respectée. Parmi les barbares
qui saccagèrent Rome et les factieux qui
l'ensanglantèrent, il ne se trouva point de
déboulonneur. Si le tombeau de l'empereur fut
violé (9), si
sa statue en bronze doré, qui surmontait la colonne,
fut jetée à terre et fondue (10), on ne songea point
à abattre le pilier où respiraient de si
glorieux souvenirs. Le christianisme même semble
l'avoir pris sous sa protection. On raconte que le pape saint
Grégoire, au sixième siècle, obtint de
Dieu la grâce de Trajan à la condition qu'il ne
demanderait plus pareille faveur pour aucun païen.
«Pardonne-lui, dit le rituel grec, comme tu as
pardonné à Trajan par l'intercession de
Grégoire». Une légende pieuse,
formée de bonne heure, entourait son nom d'une
auréole de bonté. Il avait rendu justice
à une pauvre veuve qui l'implorait, au moment
où il sortait de Rome à la tête de son
armée (11).
Et Dante, se faisant l'écho de cette tradition
populaire, accorde une place à l'empereur romain dans
le sixième ciel de son paradis (12).
Au dixième
siècle, l'emplacement du forum était
occupé par un vaste couvent dont la colonne Trajane
était le clocher. Propriété de
l'église Saint-Nicolas ad Columpnam, elle fut
donnée en 1162 à l'abbaye de Saint-Cyriac
(13) et le
Sénat romain défendit, sous peine de mort,
d'endommager un des plus beaux ornements légués
par la Rome impériale à la ville sainte
(14). Cette
défense fut certainement respectée, car la
violation du tombeau et la destruction de la statue, dues
à la cupidité et non pas au fanatisme,
remontent à une époque bien antérieure.
Raphaël, Jules Romain, Polydore de Caravage,
copièrent les bas-reliefs de la colonne et s'en
inspirèrent dans leurs tableaux (15). Un peu plus tard, en
1536, le pape Paul III Farnèse débarrassa la
base des décombres qui s'étaient
amoncelés à l'entour (16). Restait à
faire disparaître les maisons modernes avoisinantes,
pour rendre au chef-d'oeuvre mal entouré la
majesté de l'isolement. Ce fut le mérite du
pape Sixte-Quint, en 1587, servi par un habile architecte,
Domenico Fontana. Nous possédons encore les comptes
des travaux qui furent exécutés à cette
occasion (17) et
dont le plus utile, après le déblaiement des
abords, fut la construction d'un mur de pourtour
destiné à protéger l'édifice.
Sixte-Quint fit ouvrir le piédestal et constata que le
tombeau était vide : l'intérieur fut
muré pour augmenter la résistance du support.
Sur le faîte de la colonne, à la place de la
statue de Trajan, on plaça une statue en bronze
doré de saint Pierre et l'on frappa une
médaille commémorative portant cette belle
légende : Exaltavit humiles «Il a
élevé les humbles». Avec cette
médaille se termine l'histoire de la colonne. Elle est
restée telle que Sixte-Quint l'a laissée, si ce
n'est que Napoléon, de 1812 à 1814 (18), a fait de nouveau
éloigner les terres qui menaçaient d'envahir le
piédestal.
Quinze ans auparavant,
elle avait couru un grand danger. Après le
traité de Tolentino, qui mit les richesses de Rome
à notre merci, le général Pommereul
conçut l'idée singulière de transporter
à Paris la colonne Trajane, en lui faisant descendre
le Tibre, remonter le Rhône et la Saône, puis
descendre la Seine, afin que le monument des victoires
romaines devînt le piédestal d'une statue de la
Liberté (19). Heureusement,
Napoléon ne fut pas séduit par ce projet :
c'est à l'étranger qu'il demanda la
matière de la colonne Vendôme, mais il laissa la
colonne de Trajan sur le forum. Le dernier Napoléon
fut mieux inspiré encore. Sans enlever une pierre
à l'original, il en fit don aux riverains de la Seine,
sous la forme de moulages qui permettent aujourd'hui de
l'étudier à Saint-Germain bien mieux qu'on ne
peut le faire à Rome même.
Le pont de Trajan sur le Danube |
II
Ce n'est pas, en effet, au pied d'un pilier de quarante
mètres que l'artiste ni l'archéologue sont
à même d'en apprécier les détails
(20). Raphaël
et ses contemporains avaient la ressource de monter sur les
toits des maisons voisines ; mais, ces maisons disparues, on
ne pouvait plus voir que l'ensemble et les trophées
sculptés sur le piédestal. Aussi reconnut-on de
bonne heure la nécessité de rendre les
bas-reliefs accessibles, soit par des moulages, soit par des
gravures. L'initiative appartient encore à la France.
Le roi François Ier était un admirateur de
Trajan : il obtint même, dit-on, du sultan Soliman II
qu'on arrachât une des piles du pont de Trajan sur le
Danube afin d'en faire étudier la structure (21). En 1541, il envoya le
Primatice en Italie, avec la mission d'acheter des objets
d'art et de mouler les plus belles sculptures, y compris le
sépulcre de Trajan. L'architecte Vignole se chargea de
ce dernier travail; mais, effrayé bientôt par la
dépense, il se contenta de faire reproduire quelques
parties de la colonne qu'il expédia à
Fontaibleau où elles ont péri (22).
Le projet fut repris en
1665 par Louis XIV, ou plutôt par Colbert. Le premier
directeur de l'Ecole française de Rome, Charles
Errard, fit surveiller et mena à bonne fin le moulage
du monument tout entier. La colonne Trajane devint un des
sujets d'entretien de la cour, comme on le voit par le
journal de voyage du cavalier Bernin, qui vint en France en
1665 (23).
Chantelou, l'historiographe du cavalier architecte, qui
s'était occupé lui-même de faire mouler
quelques morceaux de la colonne (24), rapporte à ce
propos une anecdote plaisante. Le Bernin parlait d'une
proposition bizarre qu'il avait soumise au pape, consistant
à transporter la colonne Trajane sur la place
où est la colonne Antonine et à construire de
part et d'autre des fontaines monumentales. Le nonce Roberti
demanda si cette colonne était un bel ouvrage. Bernin
répondit que c'était l'oeuvre d'un des plus
grands hommes qui aient été. Sur quoi M. le
nonce demanda si on l'appelait Trajane à cause de
Troie, ce qui, ajoute Chantelou, fit rire la compagnie
(25). Bernin causa
plusieurs fois de la colonne avec Colbert et redit au
surintendant l'admiration qu'elle inspirait à
Michel-Ange, qui lui attribuait la supériorité
de l'école romaine dans l'exactitude du dessin
(26).
Les moulages, achevés en 1670, ne furent pas tous
expédiés en France. Quelques-uns se sont
perdus, d'autres existent à la Villa Médicis,
à l'Ecole des beaux-arts de Paris et au musée
de Leyde (27). Par
suite de circonstances que nous ignorons, ce travail
coûteux ne donna pas les fruits qu'on en attendait
(28).
Mais entre temps, les
dessinateurs et les graveurs s'étaient mis à
l'oeuvre : c'est à eux que l'on doit les
premières reproductions qui ont fait connaître
la colonne Trajane. En 1576, parurent cent trente planches
gravées par Villamena et
précédées d'une nofice de l'Espagnol
Alphonse Chacon (29) : les dessins avaient
été exécutés par
Jérôme Muziano, surintendant des travaux du
Vatican et fondateur de l'Académie de Saint-Luc. Cette
publication, dédiée à Philippe II,
«compatriote de Trajan», ne sembla pas suffisante
à Pietro Santi Bartoli, élève du Poussin
et antiquaire pontifical. Pendant que l'on moulait la colonne
pour Louis XIV, il profita des échafaudages
élevés tout autour pour retoucher les dessins
de Muziano. Des planches gravées par lui, avec plus
d'habileté que d'exactitude, furent réunies en
un volume somptueux dédié à Louis XIV :
«il Traiano della Francia», qui porte la date de
1672 (30). Le
commentaire, dû à Bellori, n'est guère
qu'un abrégé de celui de Chacon, excellent pour
son époque et qui servit également de base au
savant traité de Raphaël Fabretti, publié
en 1683 (31).
Montfaucon inséra les planches de Bartoli avec des
extraits du livre de Fabretti dans son Antiquité
expliquée.
Après Bartoli,
l'étude directe des bas-reliefs subit un temps
d'arrêt prolongé ; ni les dessins à trop
petite échelle de Morell, publiés en 1752
(32), ni les belles
planches de Piranesi, qui donnent seulement la vue d'ensemble
et le piédestal (1770) ne marquent un progrès
sur les entreprises antérieures (33). Une nouvelle
ère pour la colonne Trajane ne commence qu'en 1861,
lorsque Napoléon III, occupé de son Histoire
de César, donna ordre de la mouler tout
entière. Il était question alors de dresser sur
une des places de Paris la première réplique
complète du monument de Trajan. Comme le plâtre
ne supporte pas les intempéries, on fit reproduire les
moulages par la galvanoplastie à l'usine d'Oudry, et
on les exposa au Louvre dans l'été de 1864 ;
malheureusement, les épreuves venues de Rome ont
été détruites par ce travail, à
l'exception de 94 morceaux qui sont conservés à
l'Ecole des beaux-arts et à Saint-Germain.
L'idée de reconstituer la colonne à Paris avait
été abandonnée, car elle serait devenue
un simple objet de curiosité, inaccessible aux
études des archéologues. Les épreuves
galvanoplastiques, qui subsistaient seules, étaient un
encombrement pour le Louvre : on les transporta, en 1870,
dans les caves du pavillon Daru, puis dans les magasins du
musée gallo-romain de Saint-Germain, qui n'en exposa
qu'un petit nombre de spécimens. En 1876, des
surmoulages de ces épreuves furent pris par M. A.
Maître pour le musée de Kensington, où la
colonne Trajane a été exposée dans son
ensemble (34),
alors que les savants français ne pouvaient encore en
connaitre que des morceaux.
Ce qui manquait chez nous,
c'était un emplacement favorable, à la fois,
spacieux, bien éclairé et protégé
contre les mauvais plaisants. Cet emplacement a
été trouvé et l'on ne saurait en
imaginer de meilleur. Depuis l'achèvement des
façades nord et est du château de Saint-Germain,
les fossés de Charles V, transformés en
jardins, sont devenus disponibles. C'est là que la
colonne Trajane va être reconstituée en huit
tronçons, dont aucun ne dépassera la hauteur du
mur qui sépare le fossé du parterre, en sorte
que l'on pourra, sans même pénétrer dans
les fossés, étudier de près tous les
détails des bas-reliefs. Comme les fossés ne
sont pas ouverts pendant la nuit et que la surveillance y est
toujours facile, nos précieux moulages n'auront rien
à craindre des hommes ; une mince plaque de zinc,
placée au-dessus de chaque tronçon, les
préservera contre la pluie sans les masquer à
la vue. Les travaux d'installation, commencés au mois
de mai, seront fort avancés dans les premières
semaines de l'automne ; déjà les reliefs du
piédestal sont installés contre le mur du
fossé, où l'on peut lire, entre les Victoires
qui l'encadrent, la dédicace du Sénat et du
peuple romain (35).
Les moulages de la Colonne, photographiés en 1864, ont
été reproduits par la phototypie dans quatre
énormes in-folio, publiés de 1872 à 1874
par MM. Froehner et Arosa (36). C'est un ouvrage de
grand luxe, fort coûteux, difficile à manier et
où la phototypie en couleur a donné de
médiocres résultats. Heureusement pour le
public studieux, qui n'achète guère les
in-folio, M. Froehner avait publié, dès 1865,
une notice substantielle dans le format in-8°, contenant
la meilleure étude d'ensemble que l'on possède
sur notre monument (37). Ce volume est
accompagné de gravures qui ne donnent que les
scènes principales de la Colonne et dont
l'exécution est très peu satisfaisante. Il
resterait donc, après avoir exposé les
bas-reliefs, à les faire connaître par de bonnes
héliogravures, dans l'intérêt des
archéologues et des artistes. En attendant que ce
travail nécessaire trouve un éditeur, la
direction du musée de Saint-Germain a fait monter dans
un meuble à volets, placé sur le palier du
premier étage, d'admirables épreuves
photographiques d'après les moulages en plâtre
(38).
Désormais, ceux qui ne connaitront pas la colonne
Trajane ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes
: elle vaut une heure de déplacement et une
promenade.
III
Statue de Trajan
cuirassé |
La conquête de la Dacie par Trajan a produit des résultats durables. La Roumanie lui doit son nom, la langue et la civilisation roumaines leur caractère. Ce fut une guerre sans merci, mais qui fut suivie d'une paix féconde où des colonies romaines, transplantées sur les bords du Danube, se mêlèrent à ce qui restait des vaincus et les assimilèrent (39). Comme Carthage, comme l'Asie, comme la Gaule, la Dacie, à la veille de perdre son indépendance, trouva un défenseur intrépide pour lutter et succomber avec elle. Mais nous connaissons Annibal, Mithridate, Vercingétorix, et nous ne savons presque rien de ce Décébale (40) qui, après avoir vaincu deux généraux romains et fait payer tribut à Domitien, soutint une guerre de cinq ans contre Trajan et finit par se donner la mort pour ne pas se rendre au vainqueur. La Colonne est une chronique lapidaire de cette lutte si obscure pour nous, si claire pour les contemporains qui pouvaient lire les mémoires de Trajan (41), mais qui, avec toutes ses insuffisances et toutes ses lacunes, nous offre du moins une image vive et saisissante de l'histoire d'une conquête en cent vingt-quatre tableaux. |
A l'époque
impériale, les palais des empereurs, les villas des
grands et des riches, se peuplaient de statues
enlevées à la Grèce, ou de copies plus
ou moins libres d'oeuvres célèbres dues au
ciseau des artistes gréco-romains. Ces sculptures, qui
remplissent aujourd'hui les musées de l'Europe, ne
sont romaines que par la date où le marbre a
été extrait de la carrière :
l'originalité, le caractère national leur font
défaut. Il en est autrement des bas-reliefs
historiques qui décorent les arcs de triomphe et la
colonne Trajane (42). Ceux-ci peuvent bien
avoir été sculptés par des Grecs
(43), mais c'est le
sentiment romain qui les a inspirés. De là leur
intérêt pour l'histoire de l'art, dont ils
marquent un développement nouveau et une phase
originale. Sans doute, ces récits de guerre avaient
leur prototype dans les sculptures de certains monuments de
l'époque macédonienne, destinés à
célébrer les triomphes des successeurs
d'Alexandre ; mais il suffit de comparer les bas-reliefs de
la colonne Trajane à ceux que l'on a découverts
à Pergame pour apercevoir toute la différence
qui les sépare. Eumène, vainqueur des Galates,
élève un autel où est
représentée la lutte des dieux contre les
géants : Trajan, vainqueur des Daces, fait sculpter
sur sa colonne triomphale l'exacte représentation des
luttes qu'il a soutenues. Légionnaires et barbares,
auxiliaires numides ou cataphractaires sarmates (44), tous paraissent sous
le costume qui leur est propre, sans aucun mélange
d'idéalisme ni d'allégorie. Si les dieux
interviennent, c'est à titre de personnifications
locales, on dirait presque de légendes explicatives :
tel le Danube aux traits de Neptune (45), la Nuit voilée
qui préside à une rencontre (46) ou Jupiter
tonitrualis qui déchaîne un orage (47). La seule
divinité proprement dite est la Victoire, qui inscrit
le triomphe de Rome sur un bouclier (48).
A l'exception de cette
scène unique, les hommes sont partout au premier plan.
C'est le même réalisme qui inspirait les
artistes de l'Egypte et de l'Assyrie lorsqu'ils
retraçaient, sur les parois des palais et des temples,
les expéditions militaires de leurs rois (49) : l'art romain, dans
ce qu'il a de personnel, semble presque un retour vers les
anciennes traditions de l'Orient. Heureusement, les
leçons de la Grèce ne sont jamais
oubliées, et le style de la colonne Trajane n'a rien
de commum avec la sécheresse monotone des annales
sculptées de Khorsabad ou de Thèbes. C'est la
distance de la chronique à l'histoire, du récit
qui énumère les faits à celui qui les
rend sensibles et vivants. Les motifs figurés sur la
colonne Trajane sont d'une variété infinie :
passages de rivières, marches, navigations, conseils
de guerre, combats, assauts, incendies, interrogatoires de
prisonniers, sacrifices, négociations, revues, tous
les épisodes s'y succèdent sans fatiguer
l'attention. Ils sont l'image de la vie militaire dans toute
sa complexité, sous tous ses aspects majestueux ou
terribles. Les scènes douces et touchantes ne font pas
non plus défaut. Voici des blessés auxquels on
prodigue des soins, les Daces pleurant sur leur jeunesse
moissonnée, Trajan prenant sous sa protection,
après une victoire, les princesses captives et leurs
enfants.
L'empereur est partout : il est représenté plus
de cinquante fois sur la colonne, et bien que son image ait
disparu du faite qu'elle couronnait, il est encore vrai de
dire avec le poète :
Trajan domine encor les champs que de
Tibère
Couvrent les temples abattus. (50)
Chef de l'armée et grand pontife, soldat et prêtre, tantôt il combat et tantôt il sacrifie. Sa taille est d'ordinaire plus grande que celle des soldats qui l'entourent ; mais il vit avec eux et partage toutes leurs épreuves, le plus souvent à pied, maniant lui-même le timon de son navire, inspectant les travaux de fortification, marchant en tête de ses légionnaires, auxquels il montre le chemin de son bras tendu (51). Le peu que nous ont dit les auteurs est d'accord avec le témoignage des sculptures : Trajan n'était pas seulement le chef, mais le premier des soldats de son armée.
L'artiste de la colonne n'a pas été
injuste pour les vaincus : il montre leur
résistance héroïque, leur
mépris de la mort, leur ardeur au suicide
lorsqu'ils sont menacés de la servitude.
Décébale, pressé par les cavaliers
romains, tombé blessé au pied d'un arbre,
se frappe de son glaive recourbé. Sa mort marque
la fin de la guerre, et l'indépendance des Daces
périt avec lui. |
Statue représentant un prince dace
captif |
DESCRIPTION DES BAS-RELIEFS
Dans le meuble à volets placé sur le
palier du premier étage, les photographies
d'après les moulages de la colonne sont
réparties entre quarante-une feuilles ; quatre
planches à échelle plus réduite,
exécutées directement d'après l'original
à Rome, représentent les faces du
piédestal (D, E, F, G). On a fixé de part et
d'autre contre le tour l'assemblage des photographies
à grande échelle faites d'après le
moulage de la base, et que leurs dimensions ne permettaient
pas d'introduire dans les volets du meuble.
Les planches A, B, C, qui ouvrent la série,
reproduisent :
A) Une vue d'ensemble de la colonne, d'après la
publication de Bartoli (voyez plus haut) ;
B) Une vue
de l'état actuel de la colonne, surmontée de la
statue de Saint-Pierre par Torrigiani ; au fond, à
gauche, l'église S. Maria di Loreto, construite en
1507 ; à droite, l'église S. Nome di Maria,
élevée en 1683. Au-dessus, sur la même
planche A, on a placé la photographie d'un buste de
Trajan, dont l'original est au musée du Vatican. Cet
excellent portrait aidera à reconnaître
l'empereur dans les scènes un peu confuses des
bas-reliefs.
C) Les photographies de deux bustes trouvés à
Rome et actuellement au musée du Vatican. Ce sont des
prisonniers daces, remarquables par leurs traits
accusés, leur type énergique, presque farouche,
que l'on retrouve encore aujourd'hui chez leurs descendants,
les paysans roumains.
La colonne Trajane,
construite en marbre de Paros, a cent pieds romains de
hauteur (52) sans
compter le piédestal et le dôme (en partie
moderne) qui couronne le chapiteau. Cent pieds romains
équivalent à 29m,626. La hauteur totale de la
colonne dans son état actuel est de 38 m,221.
Il est à remarquer que la spirale qui porte les
sculptures va en s'élargissant vers la partie
supérieure. Un escalier de cent quatre-vingt-cinq
marches est taillé à l'intérieur de la
colonne et reçoit la lumière par quarante-trois
petites ouvertures.
Des études poursuivies en 1833, sous la direction de
M. Semper, ont fait penser que les bas-reliefs portaient des
traces de peinture et de dorure. La dorure était
appliquée sur les figures, probablement sur les armes
et sur les cuirasses ; les fonds et les détails des
paysages étaient revêtus de couleurs sombres,
où paraît avoir dominé le bleu. Mais ces
résultats sont loin d'être établis avec
certitude : à vrai dire, ils sont même
absolument contestés (53).
La description des scènes commence naturellement par
le bas de chaque feuille, sur la gauche du spectateur. Il a
quelquefois paru nécessaire, dans notre texte, de
réunir à une planche le commencement ou la fin
de la planche suivante, pour ne pas scinder en deux parties
la description d'une même scène. Nous indiquons
entre parenthèses les numéros des planches
correspondantes dans le grand ouvrage de M. Froehner (54).
Les différents épisodes sont souvent
séparés par des troncs d'arbres : ailleurs, ils
se suivent sans délimitation apparente. L'indication
des armes fait parfois défaut, le mouvement
général des figures suffisant à
préciser leur action.
D. Face sud du
piédestal (F. pl.3-8). Au-dessus de la porte, deux
Victoires ailées soutiennent un cadre où est
gravée l'inscription traduite plus haut. De part et
d'autre, trophées d'armes prises sur les Daces et
leurs alliés (55).
E. Face ouest du piédestal (F. pl.9-13).
Boucliers, cuirasses et armes diverses.
F. Face nord du piédestal (F. pl.19-23).
Boucliers, cuirasses et armes diverses.
G. Face est du piédestal (F. pl.14-18).
Boucliers, cuirasses et armes diverses.
Aux quatre angles du piédestal, aigles
légionnaires tenant des guirlandes de laurier.
© Agnès Vinas |
I (F. 26-31) Sentinelles romaines, gardant des tourelles fortifiées sur le bord du Danube. Deux soldats aident à décharger des barques contenant des approvisionnements, du blé, du fourrage, du bois, des tonneaux. On voit les remparts de Viminacium (Kostolatz en Serbie), quartier général de la VIIe légion Claudienne. A droite, le Danube personnifié, qui se montre favorable aux Romains (56) en soutenant de la main droite un des bateaux du pont jeté sur le fleuve (pl. II, à gauche). - Printemps de 101 ; Trajan avait quitté Rome le 25 mars.
© Agnès Vinas |
II (F. 31-34) L'empereur et son armée traversent le Danube sur un pont de bateaux, coupé par l'île d'Ostrova. Trajan marche en avant de ses officiers, suivi des porte-étendards; il est précédé de son cheval de guerre, que l'on conduit à la main. - A peine débarqué sur le rivage de la Dacie, Trajan tient un conseil de guerre ; il est assis sur un suggestus formant tribune. [La tête de l'empereur a été brisée.]
© Agnès Vinas |
III (F. 35-37) Trajan offre le premier sacrifice, consistant en un taureau, un mouton et un porc (suovetaurilia). La toge ramenée sur la tête, il a le costume et l'attitude du grand pontife. - L'empereur, debout sur une plate-forme avec deux lieutenants, donne l'ordre de lever le camp. Au milieu du bruit, un esclave, portant un égouttoir ou un crible, a été renversé par sa mule, qui baisse les oreilles avec malice (57). - L'empereur harangue ses troupes. - Il fait construire un camp retranché par les légionnaires et vient lui-même surveiller les travaux (pl. IV).
© Agnès Vinas |
IV (F.
38-41) Un pont relie cette première forteresse
à une seconde, qui est en cours de construction. Plus
loin, un retranchement circulaire. Trois éclaireurs
paraissent sur un autre pont jeté sur une petite
rivière, où un soldat puise de l'eau. - Les
légionnaires sont occupés à abattre des
chênes, pour se procurer des poutres. - Nouvelle
forteresse, près d'une rivière, dont Trajan
surveille la construction : un soldat, une poutre à la
main, est agenouillé devant lui. Au fond, une mule,
portant une selle espagnole.
V (F. 42-45) On amène devant l'empereur un prisonnier
ou un espion dace. - Les Romains jettent un pont sur un
affluent du Danube. - Construction d'un poste
fortifié, derrière lequel on voit cinq chevaux
tenus à la main par leurs cavaliers. - L'empereur
envoie en reconnaissance des éclaireurs à
cheval.
© Agnès Vinas |
VI (F. 46-49) L'armée romaine s'avance à travers un pays boisé, en abattant les arbres. - La première bataille s'engage (bataille de Tapae) ; Trajan et ses lieutenants dirigent les opérations. Les Romains ont de l'infanterie et de la cavalerie ; les Daces, de la cavalerie seulement. On reconnaît un auxiliaire germain à son costume, qui laisse le torse à découvert jusqu'à la ceinture. Un soldat romain tient entre ses dents les cheveux de la tête d'un ennemi, trophée qui lui vaudra une récompense. Le combat a lieu pendant un orage, indiqué par la présence de Jupiter-Fulminant dans un nuage, qui lance la foudre contre les Daces.
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VII (F. 49-53) Les Daces recueillent et soignent leurs blessés. - L'empereur, monté sur une colline, fait mettre le feu aux huttes et aux retranchements des Daces, où l'on aperçoit une rangée de têtes décharnées plantées sur des pieux et un étendard à l'emblème du serpent (58). - L'armée dace bat en retraite : les Romains la poursuivent et passent une rivière à gué. - Une ambassade dace arrive au camp et l'empereur lui donne audience (59).
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VIII (F. 53-57) [La scène commence à droite de la pl. VII] Le reste de l'armée est en fuite, poursuivie par les Romains qui mettent le feu aux maisons. On voit un vieillard s'efforçant d'échapper avec un enfant qu'il conduit (60). Plus loin est une caverne pleine de bestiaux égorgés. - Des femmes daces avec leurs enfants, appartenant peut-être à la famille royale, sont prisonnières des Romains : Trajan leur promet sa protection. - Les cavaliers daces profitent de l'absence de l'empereur, revenu à Rome, pour attaquer un poste romain en traversant la glace d'une rivière ; mais la croûte se rompt sous leur poids et ils sont engloutis. - Un autre poste romain se défend contre une attaque de l'infanterie dace, que secondent trois cavaliers Sarmates couverts de cuirasses en écaille (61). Trois Daces essaient de pratiquer une brèche dans le mur à l'aide d'une grosse poutre de bois, munie à l'extrémité d'une masse de fer en forme de tête de bélier.
ICI SE TERMINE LA PREMIERE CAMPAGNE
L'armée romaine, dans un port bien fortifié, peut-être sur le Danube, se prépare, vers le printemps de 102, à une nouvelle campagne. Des bateaux de charge embarquent des convois de provisions.
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IX (F.
57-61) Suite des préparatifs de départ.
L'empereur harangue ses troupes. Un navire à deux
rangs de rameurs précède un transport
chargé de chevaux. Trajan s'embarque dans une
birème qu'il gouverne lui-même, adossé
à une sorte de pavillon. - Il harangue de nouveau
l'armée sur le rivage et s'avance dans
l'intérieur du pays. - Il charge au galop, à la
tête de ses troupes. Deux cavaliers romains, sans doute
des éclaireurs, viennent à sa rencontre.
X (F. 61-64) La
mêlée s'engage. Les Romains ont pour adversaires
des cataphractaires (cuirassiers) sarmates, alliés de
Décébale (62). Le combat dure
jusqu'au milieu des ténèbres, comme l'indique
un gracieux buste de la Nuit, qui paraît au-dessus des
rochers (63). Un
chef dace, reconnaissable à son bonnet de feutre, se
donne la mort pour échapper à l'esclavage. -
Les Romains reçoivent la soumission de vieillards, de
femmes et d'enfants daces ; ils s'occupent, sous les yeux de
l'empereur, à élever un retranchement. On
garrotte les prisonniers daces.
XI (F. 64-68) Soins donnés aux blessés par les
Romains. Trajan, au dire de Dion Cassius, déchira ses
propres habits parce que l'on manquait de linge pour panser
les blessés. - L'armée se remet en marche. Une
bataille générale s'engage, sous les yeux de
l'empereur, auquel on amène un prisonnier dace. Les
Romains lancent des flèches à l'aide de leurs
catapultes transportées sur des chariots (64). Les Daces sont mis en
fuite, laissant le sol couvert de morts et de
blessés.
XII (F. 68-72) L'empereur harangue ses troupes (les chevaux
de l'empereur occupent la droite de la pl. XI), et leur
distribue des récompenses. Un soldat, heureux
d'être décoré, tombe plein de joie dans
les bras d'un camarade. Un autre vient baiser les mains de
Trajan, assis sur un escabeau. On aperçoit des
prisonniers daces gardés à vue dans un
retranchement. Plus loin, à l'intérieur d'une
bourgade dace, trois prisonniers romains sont torturés
par des femmes, qui les brûlent avec des brandons. -
Trajan, sur le bord d'une rivière, reçoit la
soumission ou accepte l'alliance de deux chefs
barbares.
XIII (F. 72-76) [Rattacher à cette planche la
dernière scène de la pl. XII.) Trajan,
à la tête de ses troupes, passe une
rivière sur un pont de bateaux. Il occupe un fort
abandonné par les Daces. - L'empereur donne des
instructions à ses troupes. - Devant une place
puissamment fortifiée, il reçoit des
ambassadeurs daces qui viennent demander la paix. - On abat
des arbres pour construire un retranchement.
XIV (F. 76-79) Trajan offre un sacrifice solennel
(suovetaurilia) et harangue ses troupes. -
L'armée s'avance à travers un pays boisé
en abattant des arbres. On voit les têtes de deux
ennemis, sans doute des espions, plantés sur des
lances en avant d'un retranchement.
XV (F. 79-84) Trajan à cheval traverse une
rivière sur un pont et fait mettre le feu à une
bourgade ennemie. Les Daces battent en retraite. - Les
Romains construisent un camp fortifié. - Un chef dace
vient faire sa soumission. - L'armée avance, suivie
d'une file de chariots.
XVI (F. 84-88) Vue d'un
camp fortifié romain. - Sous les yeux de l'empereur,
la cavalerie auxiliaire numide, conduite par Lusius Quietus
(65), se
précipite contre l'ennemi. Les cavaliers numides,
suivant l'habitude de leur pays, montent sans selle ni bride.
Les Daces sont mis en fuite et gagnent la forêt.
XVII (F. 88-91) Construction d'un retranchement romain. Au
premier plan, on voit une catapulte sur un chariot
traîné par des mulets. - Trajan reçoit
deux princes daces, envoyés de Décébale.
- Les négociations ont échoué et une
nouvelle bataille s'engage dans la forêt, en avant de
grandes piles de bois coupé.
XVIII (F. 92-96) Les Daces abattent des arbres pour
construire un retranchement sur une colline. - Les Romains
avancent et construisent un retranchement ; l'empereur
reçoit et interroge un prisonnier. - Les Daces sont
attaqués de nouveau et refoulés dans leurs
retranchements.
XIX (F. 97-100) Les Romains emportent les retranchements
d'assaut en formant la tortue, c'est-à-dire en se
protégeant contre les traits à l'aide de leurs
boucliers. - L'empereur est debout sur un rocher ; on lui
apporte les têtes de deux Daces. - L'armée
romaine s'avance vers la capitale des Daces, Sarmizegetusa
(Varhély, en Transylvanie) et engage une nouvelle
bataille. Les Daces sont vaincus. - Trajan surveille la
construction de retranchements.
XX (F. 101-105) Construction d'une nouvelle forteresse
auprès d'une source. - Trajan, assis sur une tribune
élevée, reçoit la soumission de
Décébale, qui vient demander la paix à
genoux, en compagnie de princes daces qui joignent leurs
prières aux siennes, après avoir
déposé leurs armes. - Les Daces
détruisent les fortifications de Sarmizegetusa. - Une
longue suite de femmes, de vieillards et d'enfants, avec
leurs troupeaux, retournent dans le pays d'où ils ont
été chassés par la guerre. (Cette
scène comprend l'extrême gauche de la pl.
XXI.)
XXI (F. 106-107) Trajan harangue ses troupes victorieuses. -
La Victoire, entourée de trophées, inscrit sur
un bouclier le nouveau triomphe de Rome (66).
FIN DE LA PREMIERE GUERRE DACIQUE (1O2)
XXII (F. 108-113)
[Rattacher à cette planche la partie
supérieure de droite de la planche XXI). La guerre
recommence au printemps de 105. Embarquement et départ
des troupes romaines, peut-être à Ancône
sur l'Adriatique. La présence de dauphins indique ici
la mer et non le Danube (67). - Trajan aborde dans
une ville bien fortifiée, où l'on vient
d'offrir un sacrifice en son honneur. - Il est reçu
avec des démonstrations de fidélité, et
une multitude d'hommes, de femmes et d'enfants lui fait
escorte.
XXIII (F. 114-117) Nouvelle scène de sacrifice. Trajan
offre lui-même un troisième sacrifice dans un
autre port où il vient de prendre terre et où
l'on aperçoit un théâtre en demi-cercle.
- Les Romains débarquent, peut-être sur la
côte d'Istrie.
XXIV (F. 118-121) [Ajouter à cette planche les
quatre figures à gauche de la suivante.]
L'armée se met en marche,
précédée de la cavalerie que conduit
l'empereur à cheval. - Des paysans viennent à
sa rencontre et implorent sa protection. - Trajan offre un
sacrifice, au milieu d'un grand concours de peuple.
XXV (F. 122-124) On abat des arbres pour construire des
retranchements. Les Daces se fortifient de leur
côté derrière une triple enceinte.
XXVI (F. 125-127) Une forteresse romaine est attaquée
par les Daces, qui sont défaits, et se
réfugient dans leurs retranchements (pl. XXV). - Une
seconde attaque n'est repoussée que grâce
à l'arrivée de Trajan, qui accourt à la
tête de la cavalerie romaine pour tourner
l'ennemi.
XXVII (F. 127-131)
[Rattacher à cette planche la scène de
droite de la planche XXVI.] Trajan offre un sacrifice. -
Les Romains ont construit un pont colossal avec des piles en
maçonnerie sur le Danube, entre Turnu-Severin et
Kladova (Feth-Islam) (68). - Auprès d'une
ville romaine, où l'on remarque un
théâtre, Trajan reçoit la soumission de
tribus indigènes. - L'armée traverse une
rivière. Trajan marche à la tête de ses
troupes.
XXVIII (F. 132-136) [Rattacher à cette planche
l'extrémité gauche de la pl. XXIX.]
L'empereur à cheval atteint une ville
fortifiée, où l'on offre un sacrifice en son
honneur. - Il officie lui-même dans un sacrifice
solennel (suovetaurilia) - L'empereur harangue ses
troupes.
XXIX (F. 136-139) Trajan préside un conseil de guerre
et donne l'ordre de se mettre en marche. - Il
précède l'armée qui traverse un ravin.
On voit des chariots portant les boucliers des soldats et les
vivres, traînés par des chevaux et des
mulets.
XXX (F. 140-143) Les Romains s'avancent sur deux colonnes
à travers un terrain escarpé. Les auxiliaires
gaulois sont reconnaissables à leurs saies, les
archers orientaux à leurs casques pointus et à
leurs tuniques pendantes. - On fait halte à un poste
fortifié construit sur un rocher ; les soldats du
train vont récolter la moisson et surveillent les
mulets. - Sur le sommet d'un rocher s'élève une
forteresse dace, où l'on aperçoit cinq princes,
coiffés de bonnets en feutre, qui semblent tenir
conseil et se livrer à une discussion violente.
XXXI (F. 144-146) Une
mêlée s'engage. Les Romains, vainqueurs
après une lutte acharnée, fortifient leur camp.
- Ils attaquent la principale forteresse du roi dace (69), construite sur le
sommet d'un rocher, et essayent de l'escalader avec des
échelles, sous une pluie de pierres et de
traits.
XXXII (F. 147-151) [Joindre à cette planche la fin
de la planche XXXI et le commencement de la pl. XXXIII]
L'empereur tient conseil. Le rocher occupé par les
Daces est couvert de machines de guerre à trois roues
et paraît impraticable. L'attaque se porte sur un autre
point ; elle s'appuie sur un retranchement ou agger que les
Romains construisent en abattant des arbres.
XXXIII [moins le premier tiers à gauche.] (F.
152-155) Trajan reçoit une ambassade qui vient
demander la paix. - Les Daces mettent le feu à une
grande ville pour ne pas la livrer aux Romains. Un vieillard
quitte sa maison en pleurant, un jeune homme tombe expirant
entre les bras de ses amis.
XXXIV (F. 155-159) [Joindre à cette planche la
première section de la pl. XXXV.] Réunis
autour d'un chaudron qui contient un breuvage
empoisonné, les chefs daces en remplissent leurs
coupes et se donnent la mort. Une foule de Daces s'enfuient
épouvantés. - Trajan arrive et reçoit la
soumission d'un groupe de barbares.
XXXV (F. 160-163) [Joindre à cette planche la
première partie de la suivante.] L'empereur
distribue des provisions de blé aux
légionnaires, qui les emportent dans des sacs. - Il
harangue les troupes qui l'acclament. - Les Romains
élèvent de nouveaux retranchements.
XXXVI (F. 164-167) [Joindre à cette planche le
commencement de la suivante.] Trois chefs daces viennent
implorer la clémence de Trajan. - Les troupes romaines
traversent une rivière sur un pont. - Les Daces
abandonnent une forteresse devant laquelle sont
accumulées des quantités de bois et attaquent
un poste romain sur un rocher. Une lutte opiniâtre
s'engage.
XXXVII (F. 168-170.) Les Daces battent en retraite et
paraissent découragés. - Trajan, debout sur une
tribune, harangue les légionnaires ; trois soldats du
train conduisent des mulets chargés de vases d'argent.
Ce sont les trésors de Décébale,
ensevelis par ses ordres dans le lit de la rivière
Sargetia et découverts grâce au
témoignage d'un prisonnier romain.
XXXVIII (F. 171-175) [Ajouter à cette planche le
commencement de la suivante.] Décébale et
les princes daces sont poursuivis par les Romains. Le roi
(?), tombé blessé au pied d'un arbre, se donne
la mort ; un autre chef immole un compagnon pour le
soustraire à la servitude. - Trajan reçoit la
soumission d'un prince dace, d'autres se présentent
dans l'attitude de suppliants. - La cavalerie romaine
continue la poursuite à travers les montagnes : le sol
est jonché de morts (pl. XXXIX).
XXXIX (F. 176-178) Un prince dace, renversé au pied
d'un arbre, se défend contre des cavaliers romains. -
Des fantassins garrottent les prisonniers daces et
emmènent des enfants en captivité. - La
tête de Décébale est apportée au
camp romain.
XL (F. 179-183) [Joindre à cette planche le
début de la suivante]. L'infanterie romaine
continue à faire des prisonniers. Au fond, on voit des
animaux divers, un boeuf sauvage (?), un cerf, un sanglier,
qui symbolisent la nature farouche de la contrée. - La
dernière forteresse dace est prise. Le buste de la
Nuit paraît au-dessus de l'horizon.
XLI (F. 183-186) Les Romains mettent le feu à une
ville. Les Daces abandonnent avec leurs troupeaux les
forteresses occupées par les Romains : vieillards,
femmes et enfants prennent tristement la route de l'exil (1O7
après J.-C.).
La Dacie province romaine |
(1) Duruy, Histoire des
Romains, t. IV, 1882, p.759.
(2) Le
Panégyrique de Trajan, par Pline le
Jeune, est antérieur aux guerres de Dacie (septembre
100) ; ce n'est d'ailleurs qu'une amplification de
rhéteur. L'historien Gibbon a eu raison
d'écrire : It is sincerely, to be lamented that
whilst we are fatigued with the disgustful relation of Nero's
crimes and follies, we are reduced to collect the actions of
Trajan from the glimmerings of an abridgement, or the
doubtful light of a panegyric.
(3) Corpus inscriptionum
latinarum, t. VI, n° 960. L'inscription est de l'an
113 après J.-C.
(4) Trajan porte le titre
de Germanique depuis l'an 97 (Eckhel, Doctrina
nummorum, t. VI, p. 412). Il prit celui de Dacicus
en 102, après la première campagne contre les
Daces (Dion, LXVIII, 10, 2).
(5) Dion Cassius, LXVIII,
16.
(6) Voy. Ammien Marcellin,
XVI, 10.
(7) Ce même
Apollodore est l'auteur du pont de pierre jeté sur le
Danube, qui est représenté sur la colonne
Trajane (pl. XXVII). Le forum de Trajan fut achevé en
113. Voy. sur l'état actuel des ruines, Middleton,
Ancient Rome in 1885, Londres, 1886.
(8) C'est la portion du
mont Capitolin qui est actuellement occupée par
l'église d'Aracaeli.
(9) Les cendres de Trajan
avaient été déposées à
l'intérieur du soubassement dans une urne d'or.
(Eutrope, VIII, 2).
(10) On dit que la
tête en bronze, trouvée aux pieds de la colonne,
faisait partie, au XVIe siècle, de la collection du
cardinal Della Valle. Elle avait plus de deux pieds de
hauteur. Depuis Chacon, cette tête paraît avoir
disparu et l'on n'en trouve plus aucune mention.
(Winckelmann, Storia delle arti, éd. Fea, t.
III, p. 372). - La colonne, surmontée de la statue,
est représentée sur plusieurs monnaies de
Trajan. (Froehner, La colonne Trajane, in-fol., t. I,
p. 17.)
(11) On trouve
déjà cette légende dans la vie de
Grégoire le Grand par Paul le Diacre. L'esprit de la
tradition est ici d'accord avec les témoignages
historiques : aucun empereur n'a été plus
humain que Trajan, aucun n'a plus fait que lui pour
l'entretien et l'éducation des enfants pauvres. Voy.
E. Desjardins, Les Antonins d'après
l'épigraphie, dans la Revue des Deux Mondes
du 1er décembre 1874. Trajan est le premier empereur
qui ait reçu le surnom d'Optimus
«très bon».
(12) Dante,
Purgatorio, X, v. 73, et Paradiso, XXI, V.
13.
(13) Plus tard Santa Maria
in Via Lata.
(14) Voy. Gregorovius,
Geschichte der Stadt Rom im Mittelalter, t. I, page
470 et t. III, page 572 ; Winckelmann, Storia delle
arti, éd. Fea, t. III, p. 355. Le décret du
Sénat est daté du 27 mars 1162. On y lit les
phrases suivantes : Ut est ad honorem ipsius ecclesiae et
totius populi romani integra et incorrupta permaneat dum
mundus durat, sic ejus stante figura. Qui vero eam minuere
temptaverit, persona ejus ultimum patiatur supplicium.
u
(15) Témoignage de
Chacon, confirmé par le Bernin. On trouve des figures
imitées de celles de la Colonne dans les Batailles de
Constantin, l'Attila et les Loges de Raphaël. Dès
1506, Raphaël Maffei de Volterra parle des dessins
faits, d'après la colonne Trajane, par le peintre
Jacopo de Bologne, qui avait imaginé une machine
permettant d'étudier de près tous les
bas-reliefs. (Müntz, Raphaël, 2°
éd., 1886, p. 606.)
(16) Winckelmann,
Storia delle arti, éd. Fea, t. III, p. 378.
Vers 1540, la colonne Trajane avait un gardien
spécial, qui touchait 4 ducats par mois. (Müntz,
Raphaël, p. 616). Une vue de la Colonne,
après les travaux de Paul III et antérieurement
à la restauration de Sixte-Quint, est gravée
dans le recueil de Duperac, I vestigi dell'
antichità di Roma, éd. de Rome, 1653
(p1.33). On y voit la Colonne au milieu d'une tranchée
quadrangulaire creusée autour de sa base ; la face sud
du piédestal est gravement mutilée à
gauche. Le socle de la statue, au sommet, n'est pas
entouré d'une balustrade ; c'est là qu'aboutit,
par une porte basse, l'escalier intérieur.
(17) Fea, dans sa
traduction de Winckelmann, Storia delle arti, t. III,
p. 381.
(18) A cette époque
fut déblayé le forum de Trajan, sous la
direction de l'architecte Valadier, le comte de Tournon
étant préfet du département du
Tibre.
(19) Froehner, op.
laud., t. I, p. 19.
(20) Dans
l'antiquité, comme le fait observer M. Pollen (A
Description of tbe Trajan column, p. 91), on pouvait
étudier les bas-reliefs de la colonne en se
plaçant à l'étage supérieur de la
Basilique, peut-être même en se tenant aux
fenêtres des deux bibliothèques.
(21) Engel, Commentatio
de expeditionibus Trajani ad Danubium, Vienne, 1794,
cité par Froehner, La colonne Trajane, in-8, p.
vi. Voir, sur les restes du pont de Trajan, Duruy,
Histoire des Romains, t. IV, 1882, p. 753 ; Froehner,
La colonne Trajan, in-8, p. 132, et plus bas, note
à la pl. XXVII.
(22) Barbet de Jouy,
les Fontes du Primatice, p. 12 ; Froehner, La
colonne Trajane, in-8, p. VI, et in-fol. t. I, p. XIX.
Les creux que François 1er avait fait venir de Rome
servirent après sa mort à la construction d'une
écurie à Fontainebleau.
(23) Cf. Ludovic Lalanne,
Journal du Voyage du Cavalier Bernin en France, par M. de
Chantelou, publié d'après le manuscrit de
l'Institut. Paris, 1885.
(24) Journal du
Voyage, p. 140 et 249.
(25) Journal du
Voyage, p. 40.
(26) Ibid., page 249 :
«Le Cavalier a dit que ç'avait été
la source d'où tous les grands hommes avaient
tiré la force et la grandeur de leur dessin. Il a
répété ce qu'avait dit Michel-Ange,
quand il vit la Danaé du Titien, que si ces
hommes-là (parlant des Vénitiens) eussent su
dessiner, l'on ne regarderait pas leurs ouvrages à
eux, mais aussi qu'il n'y avait qu'à Rome où il
y eût une colonne Trajane».
(27) Froehner, op.
laud., in-8, p. v1.
(28) Les creux
envoyés à Paris par Errard servirent à
l'exécution de moulages qui furent exposés au
Louvre dans les premières années du XVIIIe
siècle. M. Froehner (op. laud., in-fol., t. I,
p. XIX), mentionne une tradition d'après laquelle ces
creux auraient servi, sous le premier Empire, à
combler la cour carrée du Louvre.
(29) D'autres
éditions de ces planches ont été
données en 1585 et 1616.
(30) Une autre
édition, avec préface de Carlo Fea, parut
à Rome en 1813.
(31) Raphaelis Fabretti,
de Columna Trajani syntagma, Roma, 1683.
(32) Dans l'ouvrage
intitulé : Thesauri Morelliani numismata,
Amsterdam.
(33) On a publié en
1877 (Paris, Didot, 1 vol. in-4°) une restauration de la
colonne Trajane faite à Rome en 1788 par l'architecte
Percier. Les planches, gravées avec beaucoup de soin,
comprennent une vue d'ensemble du monument, les
détails du chapiteau et ceux du piédestal. La
notice imprimée en tête n'a aucune valeur.
(34) Le moulage de la
colonne, en deux tronçons, est placé dans la
cour du sud-est au musée de South-Kensington. Voyez
John Hungerford Pollen, A Description of the Trajan
column, London, 1894.
(35) Ecrit au mois de juin
1886.
(36) Froehner, La
colonne Trajane, d'après le moulage
exécuté à Rome en 1861-1862,
reproduite en phototypographie par Gustave Arosa. Paris,
1892-1894. 220 planches imprimées en couleur et
nombreuses vignettes. L'ouvrage a été
tiré à 200 exemplaires.
(37) Froehner, La
colonne Trajane, Paris, 1865, in-S. Voir aussi la
critique judicieuse que De La Berge a faite de ce livre dans
la Revue Critique de 1866, p. 51 et 117 (27 janvier et
20 février).
(38) Les clichés,
dont on trouvera les numéros sur le meuble à
volets, sont la propriété de l'administration
des beaux-arts, à laquelle les musées et les
Sociétés savantes peuvent s'adresser pour
obtenir des épreuves.
(39) Voy. Duruy,
Histoire des Romains, t. IV, 1882, p. 755-759. La
Dacie devint une Italie nouvelle, Tsarea Roumanesca.
Il y a 1200 mots simples, dans la langue roumaine actuelle,
qui appartiennent au vieux fond latin.
(40) Il faut
peut-être dire le Décébale et non
Décébale, ce nom étant, suivant
plusieurs érudits, un appellatif comme Pharaon ou
Brennus.
(41) Ces mémoires
sont perdus et il n'en reste qu'une phrase conservée
par le grammairien Priscien : Inde Berzobim, deinde Aizi
processimus. latin.
(42) Sur le style de ces
bas-reliefs, voyez Philippi, Ueber Roemiscbe
Triumphalreliefe, dans les Mémoires de
l'Académie de Saxe, t. VI, p. 278 sqq. (1872), et
une excellente page de Wolters, Gypsabgüsse antiker
Bildwerke, p. 765.
(43) On attribue parfois
nos bas-reliefs à l'architecte du forum de Trajan,
Apollodore ; c'est une hypothèse qu'aucun texte ne
justifie. Ils sont probablement l'oeuvre de plusieurs
artistes inégalement doués travaillant sous la
direction d'un sculpteur qui avait donné l'esquisse de
l'ensemble.
(44) Planches VI, VIII et
XVI.
(45) Planche I.
(46) Planche X et
XL.
(47) Planche VI.
(48) Planche XXI.
(49) L'empereur Auguste
avait déjà imité les souveverains
orientaux en faisant graver la longue inscription, connue
sous le nom de Testament d'Auguste, où il
raconte l'histoire de sa vie.
(50) Victor Hugo, Ode
à la statue d'Henri IV. - Les sculpteurs des
bas-reliefs ont retracé de préférence
les épisodes où l'empereur intervient
personnellement : de là, quelques scènes
plusieurs fois répétées, telles que les
sacrifices et autres cérémonies officielles ;
de là, aussi, l'omission de faits de guerre importants
dus aux lieutenants de l'empereur. Voyez De la Berge,
Essai sur le règne de Trajan, p. 39.
(51) Voir les planches II,
III et Ix, qui confirment sur ces points les éloges de
Pline, Panégyrique, X, XIV, LXXXI.
(52) De là son nom
de Columna centenaria. La colonne Trajane était
donc une sorte d'étalon métrique, et l'on en a
tiré parti pour déterminer la valeur exacte du
pied romain. Voyez Canina, Ricerche sul valore delle
antiche misure, etc., Rome, 1853 ; Aurès, Etude
des dimensions de la colonne Trajane, Nîmes, 1863 ;
Hultsch, Griechische und römische Metrologie, 2e
édit., 1882, p. 93.
(53) Voyez à ce
sujet Francke, Geschichte Trajans, p. 188 ;
Bulettino dell' Instituto, t. V, p. 92 ; T. VIII, p.
39 ; Froehner, La colonne Trajane, in-8, p. 55.
(54) Le commentaire de la
publication in-folio marque un progrès notable sur
celui de l'édition in-8. Toutefois, il nous a
été impossible d'accepter toutes les
explications proposées par le dernier éditeur
de la Colonne. Nous avons aussi fait usage du commentaire de
M. Hungerford Pollen, A description of the Trajan
column, London, 1874.
(55) Quelques armes,
notamment les cuirasses, ressemblent aux objets analogues en
usage dans l'armée romaine. M. Pollen pense que les
armes daces et romaines sont mêlées dans les
bas-reliefs du piédestal.
(56) M. Wolters fait
erreur en considérant le Danube comme irrité de
l'audace des Romains (Gypsabgüsse antiker
Bildwerke, p. 763). Le dieu paraît surpris, mais
son attitude est bienveillante.
(57) Nous adoptons
l'interprétation de M. Pollen (The Trajan
column, p. 114), de préférence à
celle de M. Froehner (in-8, p. 79), fondée sur un
passage de Dion, qui voit dans cet esclave «un messager
des Bures apportant une missive écrite sur un grand
champignon poreux». Pour l'attitude de la mule, cf.
Horace (Sat. I, 9, zo) : Demitto auriculas, ut
iniquae mentis asellus. Il y a peut-être dans cet
épisode une allusion à quelque incident presque
comique qui n'avait pas semblé sans importance aux
contemporains, mais dont les textes que nous avons
conservés ne parlent pas.
(58) Les huttes des Daces,
comme l'a observé M. Froehner, ressemblent aux
constructions des villages lacustres de la Suisse.
(Musée de Saint-Germain, salle IV.)
(59) Il y a
peut-être deux ambassades successives.
(60) Ce groupe
présente une analogie frappante avec une
réplique partielle du groupe des Niobides (le fils de
Niobé et son pédagogue), découvert
à Soissons et aujourd'hui au musée du
Louvre.
(61) Voir la note à
la pl. X.
(62) M. de La Berge a
prouvé, contre l'opinion de M. Froehner (éd.
in-8, p. 102), que les cavaliers cuirassés ne sont pas
des Parthes, mais des Sarmates. M. Froehner a tacitement
accepté cette correction dans l'édition
in-fol., p.10 et 12.
(63)
Séléné est souvent
représentée ainsi sur les sarcophages
gréco-romains.
(64) Voir les
modèles de catapultes dans la salle R du musée
de Saint-Germain, à l'entresol. Ce sont de grandes
arbalètes.
(65) Sur ce personnage,
voir Borghesi, Oeuvres, I, p. 501.
«C'était un seigneur, Maure de nation, des pays
qui n'étaient point sujets aux Romains. S'étant
néanmoins mis dans la cavalerie romaine, il avait
été cassé avec ignominie pour quelque
méchante action. Cependant Trajan, ayant besoin de
Maures contre les Daces, reçut ce prince qui se vint
offrir de lui-même avec ceux de sa dépendance.
Il fit des merveilles dans cette guerre et encore plus dans
la seconde expédition de Trajan contre les
Daces». (Tillemont, Histoire des Empereurs, t.
II, p. 173.)
(66) L'attitude de cette
figure est la même que celle de la Victoire en bronze
découverte à Brescia, dont le musée du
Louvre possède un moulage (Labus, Museo
Bresciano, t. I, pl. 38-40). Elle rappelle aussi notre
Vénus de Milo.
(67) Observation
judicieuse de M. Froehner, que les critiques de M. Dierauer
(Beitraege zu einer kritischen Geschichte Trajans,
1868, p. 86) n'ont pas affaiblie.
(68) Sur les restes de ce
grand travail, voyez Aschbach, Mittheilungen der K. K.
Centrakommission, Vienne, 1858, et le rapport de M. L.
Lalanne en 1819, cité par M. Duruy, Histoire des
Romains, t. IV, p. 754.
(69) Il est probable que
cette ville est Sarmizegetusa (Varbély), connue dans
la campagne précédente (pl. XIX.)