4. Disons, puisque nous avons commencé à parler de sa sévérité, qu'elle tenait plus de la cruauté que de la rigueur. Il fut le premier qui fit mettre en croix les soldats sur les lieux même où ils avaient commis quelques violences envers les habitants des provinces. Il inventa aussi un genre de supplice qui consistait à attacher, depuis le haut jusqu'en bas, à un pieu fiché en terre et haut de quatre-vingts ou de cent pieds, ceux qu'il avait condamnés ; on allumait ensuite un grand feu à la base de ce pieu, et ces malheureux périssaient les uns par les flammes, les autres par la fumée, et le reste d'épouvante. Quelquefois il faisait jeter dans un fleuve ou dans la mer dix condamnés, que l'on avait enchaînés ensemble. Il faisait couper aux déserteurs les mains, les cuisses ou les jarrets, disant que l'existence misérable d'un criminel était d'un plus utile exemple que sa mort.

Pendant une des marches de l'armée, un corps d'auxiliaires, entraîné par les centurions, courut se jeter, sans sa permission, sur trois mille Sarmates qui occupaient négligemment les bords du Danube, et les mit en pièces. Les centurions, revenant ensuite avec un grand butin, s'attendaient à une récompense pour avoir détruit tant d'ennemis avec une poignée d'hommes, dans une entreprise soufferte ou plutôt ignorée par les tribuns. Cassius ordonna que ces centurions fussent mis en croix et livrés au supplice des esclaves ; ce qui était sans exemple : il disait que les ennemis auraient pu avoir tendu un piège, où eût péri la majesté du peuple romain. Une violente sédition ayant éclaté dans l'armée, il sortit nu de sa tente et en simple tunique : «Frappez-moi, dit-il, si vous l'osez, et ajoutez ce crime au renversement de la discipline.» Tout rentra dans l'ordre à ces mots, et il mérita d'être craint parce qu'il ne craignit rien. Sa sévérité raffermit la discipline romaine ; et cet exemple d'un général punissant ses soldats pour avoir vaincu sans ses ordres inspira tant de terreur aux barbares, qu'ils firent demander à Antonin absent à conclure la paix pour cent ans.

 

 

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Les Empereurs et Césars du IIe siècle dans l'Histoire Auguste

Hadrien (117-138), biographie d'Aelius Spartianus

Aelius Verus (adopté par Hadrien en 136, mort en 138), biographie d'Aelius Spartianus

Antonin le Pieux (138-161), biographie de Julius Capitolinus

Marc-Aurèle (161-180), biographie de Julius Capitolinus

Lucius Verus (161-169), biographie de Julius Capitolinus

Avidius Cassius (empereur autoproclamé en 175), biographie de Vulcatius Gallicanus

Commode (180-192), biographie d'Aelius Lampridius